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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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frappe: autant d'occasions 2 de lancer une déferlante.
    Et chaque fois, la consultation qui a suivi a montré la distance entre la « classe politique », qui déteste de Gaulle, et le peuple, qui le suit.
    « Il faut quand même bien faire un effort vers les éléments les plus raisonnables de la presse pour arriver à plus de consensus sur les projets de réforme », m'a dit Pompidou, en m'encourageant dans ma méthode des briefings. Il a ajouté: «Jamais le régime ne s'implantera s'il est rejeté par la classe dirigeante. »
    La classe dirigeante : c'est justement un concept que de Gaulle n'accepte pas. Mais pourra-t-il la faire disparaître? Et ses successeurs n'en redeviendront-ils pas les otages? C'est pour en finir avec elle qu'il veut confier au peuple le rôle suprême de choisir le Président. Elle le sent bien — et fera tout pour l'empêcher.
    1 Faut-il partager l'Algérie ? Paris, Pion, 1961, ch. 6, Dunkerque ? « De la fière formule De Dunkerque à Tamanrasset, il ne resterait plus que le premier terme.»
    2 Trente ans après, on a pu entendre un universitaire, dans le colloque de l'Institut Charles de Gaulle des 19, 20 et 21 novembre 1992 sur « De Gaulle et les médias », prétendre que l'examen des journaux de l'époque ne faisait ressortir aucune hostilité de la presse à l'encontre de De Gaulle. Il avait dû oublier de regarder les journaux parus dans ces occasions-là, qui prenaient l'allure de véritables crises de régime.

Chapitre 23
    «IL FAUT TOUJOURS MARCHER DROIT VERS LA VÉRITÉ»
    Voici venu l'historique Conseil des ministres du 19 septembre 1962 1 . Le Général résume «les deux questions sur lesquelles chacun doit se prononcer:
    « 1) L'élection du Président de la République au suffrage universel est-elle nécessaire et suffisante pour que la clé de voûte des institutions puisse se maintenir?
    «2) Si nous faisons cette réforme, faut-il la faire par référendum direct du peuple (c'est-à-dire l'article 11 de la Constitution), en écartant la procédure parlementaire (celle qui est prévue à l'article 89)?
    « Je donne la parole à chacun de vous dans le sens des aiguilles d'une montre à partir de la gauche du Premier ministre, lequel pourra ainsi terminer la série.» (Il a dit la série : il n'en fait pas lui-même partie, à la différence de Pompidou.)
    Chaque ministre, à tour de rôle, fait une intervention de trois à dix minutes. Elles se répètent souvent, mais les variantes, voire les réserves, sont significatives. Ce sont elles surtout que je retrace.

    « Un référendum n'est pas un Gallup! »
    Palewski ouvre le feu: «L'hostilité des partis à votre projet prouve que vous touchez juste. S'ils s'étaient résignés, cela aurait prouvé qu'ils comptaient bien reprendre le dessus malgré cette réforme. L'opposition battait l'estrade depuis le retrait du MRP, et maintenant elle se sent acculée. Vous avez repris l'initiative. Si l'attentat du Petit-Clamart avait atteint son objectif, nous serions revenus à la IV e en moins de six mois, ou de six semaines. Il faut maintenant que le régime devienne carrément présidentiel. »
    Foyer opine en second. Il exprime son accord pour le fond. « Mais pour la forme, à savoir le référendum direct, par appel à l'article 11, j'ai des doutes sur la conformité à la Constitution, puisque la procédure de l'article 89, c'est-à-dire la voie parlementaire, est précédée du titre "De la révision".
    GdG. — Dans les textes législatifs, les titres et sous-titres ne font pas foi.
    Foyer. — Je sais bien. Mais ce titre-là me gêne. Je suggère donc de proposer au référendum, selon l'article 11, un projet de loi invitant le gouvernement à soumettre au Parlement une modification de la Constitution selon la procédure de l'article 89. Autrement dit, en définitive, par le Congrès: celui-ci serait bien embarrassé, après cette consultation solennelle, de prendre une position contraire à celle du peuple.
    GdG. — Mais un référendum n'est pas un Gallup! Ce ne serait pas constitutionnel! L'article 11 dit: "Le Président peut soumettre tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics." C'est le cas!

    « Le garde des Sceaux a des scrupules, mais il les surmonte »
    Foyer (se gardant de riposter). — D'autre part, je préconise de confier l'intérim non plus au président du Sénat, mais, comme dans la Constitution de 1875, au Conseil des ministres dans son ensemble.
    Pisani. — L'acte

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