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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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reste, ce n'est pas digne de présenter le jeu avec des cartes biseautées.»

    « La Constitution pourra évoluer, il ne faut pas la momifier »
    La sortie de Gorse contre le Sénat, dont on pouvait imaginer qu'elle plairait au Général, le pousse au contraire à intervenir pour rappeler le caractère délibérément restreint de son projet:
    GdG: « J'appelle votre attention à tous sur le fait qu'il ne s'agit pas de faire une vaste réforme constitutionnelle, mais simplement une retouche destinée à permettre à la Constitution de rester elle-même; sans quoi elle ne résistera pas.
    « Il est possible qu'à l'avenir, des modifications importantes de la Constitution paraissent souhaitables. Tout cela reste ouvert. Nous y procéderons ensuite, si nous en avons le temps. La III e et la IV e n'ont pas pu ou su amender leur Constitution; la V e pourra le faire. Mais ce n'est pas aujourd'hui la question. La Constitution évoluera, à l'avenir, d'autant mieux que nous aurons, cette fois, montré la voie d'un amendement par référendum pour un objectif précis et limité. Nous aurons montré qu'elle n'était pas immuable. Une Constitution, comme disait Solon, est bonne pour un peuple et pour un temps. Il ne faut pas la momifier.
    Dumas. — Je suis inquiet devant la disposition qui prévoit que seuls les deux premiers du premier tour pourront se présenter au second. Nous risquons d'avoir un candidat de gauche et un de droite. Celui de gauche, c'est la porte ouverte au Front populaire ; celui de droite, le bloc des droites contre le danger communiste. Entre les deux, nous risquons de ne pas avoir le candidat du centre qui, pourtant, serait le mieux placé pour exercer à l'avenir l'arbitrage et un pouvoir raisonnable.
    Triboulet. — Je crains que nous ne soyons submergés par une quantité de candidatures locales ou fantaisistes, qui discréditeraient l'élection présidentielle. N'importe qui peut recruter 100 parrains.
    GdG. — Mais enfin, pourquoi toutes ces personnalités locales ne pourraient-elles pas se présenter? Pourquoi voulez-vous absolument les en empêcher ? Pourquoi avez-vous peur du folklore ? Est-ce que la démocratie, ce n'est pas, précisément, que tout le monde puisse se présenter à une élection? Le peuple fera le tri !Il le fait bien pour une élection législative. Il le fera à plus forte raison à l'échelle de la nation!
    Triboulet. — Les deux candidats présents au second tour risquent d'être les deux extrêmes. Il me paraît indispensable, dans cette affaire, de ne pas nous éloigner du MRP, qui jouera un rôle important de charnière. Or, il est hanté par la crainte que l'on divise le pays en deux.

    « Le pays, dans sa masse, guidé par une sorte d'instinct »
    GdG. — Croyez-vous qu'il préfère que l'on divise le pays en trois?» Après un silence, il reprend: « Pourquoi ne voulez-vous pas faire confiance au peuple? Je suis persuadé qu'automatiquement, dès le début de la campagne, il se produira une concentration instinctive! Je n'arrive pas à croire que le pays, dans sa masse, ne soit pas guidé, le moment venu, par une sorte d'instinct. Il élira quelqu'un qui ne soit pas un extrémiste.
    (Impressionnante, cette confiance du Général dans la sagesse du peuple réuni.)
    Triboulet (qui ne se laisse jamais démonter par le Général). — Mais je répète que le MRP sera contre.
    GdG. — À moins qu'il espère en profiter
    Foyer (à nouveau hors de son tour, pour une plaisanterie). — Je ne vois pas pourquoi le MRP serait hostile à cette disposition. Elle est reprise du droit canon pour l'élection des supérieurs de congrégations. Comment mieux plaire au MRP qu'en recopiant des dispositions canoniques?
    (Rire général.)
    Triboulet. — Pour le second tour, je préférerais qu'on prévoie que seuls pourront se présenter ceux qui auront au moins 10 % des voix. Deux millions de voix, c'est déjà de quoi écarter une bonne quantité de gêneurs.
    GdG. — Cette disposition ne peut pas être retenue. Le but de l'élection du Président de la République au suffrage universel, c'est que l'on place à la tête de l'État quelqu'un qui soit élu par la majorité des citoyens. Sinon, le caractère de la fonction présidentielle ne serait pas respecté. Le Président serait un minoritaire. Il ne pourrait pas exercer ses fonctions.
    Triboulet — Je ne saurais rejoindre M. Couve de Murville dans ses conclusions. Le ministre des Affaires étrangères considère le problème

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