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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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me paraît excellent. Il répond à toutes les questions qu'on peut se poser. Je suis d'accord d'un bout à l'autre et je ne vois vraiment pas ce qu'on pourrait y changer.
    Broglie. — En vieux jacobin que je suis de par mes traditions familiales (rires), je m'inquiète du ferment girondin contenu dans ce projet. Si nous laissons à 100 élus le soin de présenter une candidature, nous encourageons un autonomisme local. 100 maires bretons, alsaciens ou corses auront vite fait de présenterleur candidat. C'est, en germe, l'éclatement de la France! Je réclame que ces 100, si l'on doit s'en tenir à ce chiffre, soient en tout cas recrutés dans un nombre minimum de départements, mettons 10. (Cette suggestion est vivement approuvée par les ministres UNR, qui étaient convenus deux jours plus tôt de la présenter tous, et sont vexés de voir qu'ils ont été brûlés.)
    AP. — 1) Le Président intérimaire présidera au climat électoral. Or, je n'ai confiance ni dans la formule actuelle, ni dans celle de 1875, qui confie l'intérim au gouvernement dans son ensemble. Chaque fois qu'en France, on a voulu établir un gouvernement collégial, sous la Régence, sous le Directoire, cela a mal tourné. L'intérim du Président devrait être assuré non pas par un collège, mais par le Premier ministre.
    GdG. — Je ne suis pas loin de penser comme vous. Mais il ne serait pas nécessaire de mettre ces dispositions dans la Constitution elle-même. Il suffirait que ce soit un texte intérieur au gouvernement. »
    Foyer intervient hors de son tour, pour une précision: «Ce texte existe déjà. Une ordonnance de 1959 prévoit qu'en cas d'empêchement, les responsabilités de chef des armées passent du Président au Premier ministre, puis aux ministres qui le suivent selon l'ordre du tableau.

    « ... et puis les agrégés de l'Université »
    AP. — 2) Ce n'est pas d'un Ferdinand Lop que j'ai peur, c'est plutôt d'un général Boulanger, d'un Pierre Poujade ou d'un Thorez: un tribun populaire, capable de soulever les masses, mais non de diriger un pays. Dans la Rome du temps de la République, un cursus honorum était imposé. Pour être consul, il fallait avoir été questeur, tribun, censeur, préteur, édile. Ne pourrait-on transposer, en ne laissant se présenter que des hommes ayant fait leurs preuves pour avoir tenu un rôle de premier plan au service de l'État ? Par exemple, les anciens présidents du Conseil ou Premiers ministres, les anciens présidents des Assemblées ou du Conseil constitutionnel. Cela ferait déjà un vaste choix.
    GdG (goguenard). — Mais il faudra ajouter aussi les ministres, et les parlementaires, et les ambassadeurs, et les conseillers d'État, et puis les agrégés de l'Université. (Comme la semaine dernière, il fait rire le Conseil à mes dépens; accès de franche gaieté.)
    Marcellin. — 100 maires, cela suffit bien. Et on ne trouverait pas 100 maires bretons autonomistes. Ce n'est pas si facile que cela d'avoir 100 maires avec soi. Mais à condition qu'ils s'engagent personnellement et qu'ils prennent publiquement la responsabilité de la candidature qu'ils présentent. Il ne faut pas que ce soient des parrains honteux. »
    La plupart des autres ministres, issus de l'UNR, donnent leur accord à la réforme, à condition que les parrains soient pris au moins dans dix départements; ils préfèrent que l'intérim soit confié au gouvernement.
    Prey: « Pour l'intérim, comme je suis personnellement attaché aux traditions républicaines, je souhaite qu'on en revienne à la formule de 1875. (Cette profession de foi républicaine de Frey est accueillie par un éclat de rire de Pompidou.)
    « Si l'on trouve que cette modification serait désobligeante à l'égard de M. Monnerville, il faut observer que les dispositions actuelles ne sont pas moins désobligeantes à l'égard de M. Chaban-Delmas. (Les barons se serrent les coudes.)
    Jacquinot. — Si on changeait les dispositions concernant Monnerville, on aurait l'air d'avoir peur de lui.»
    Cette lapalissade ne paraissait pas devoir être relevée; mais quand Malraux intervient, c'est toujours en réaction à ce qui vient d'être dit immédiatement avant lui. Il a l'esprit tellement fulgurant que, si c'est son tour de parler, il est incapable de retenir longtemps une réplique à l'intervention d'un collègue. Quelques minutes après, il aurait déjà oublié sa réaction, pour réagir sur de nouvelles données.
    Malraux: «Monnerville

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