Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
« forces vives de la Nation 2 ».
    Foyer: «2) Ce texte est trop compliqué. On pourra ensuite prévoir le détail par ordonnance ou par loi. Il faudrait s'en tenir à un texte bref et simple, qui édicte simplement les principes généraux sur lesquels porte le référendum.
    «3) Cependant, je croirais plus raisonnable d'autoriser tout le monde au second tour, y compris des nouveaux. La décantation se fera d'elle-même, le peuple s'y retrouvera.
    «4) Les dispositions pour l'intérim visent bien le président du Sénat. Doit-on être tellement scrupuleux à cet égard? Il ne s'agit pas, pour l'actuel, d'un droit acquis, mais d'une simple expectative 3 , nulle en ce qui concerne les successions futures, comme je l'enseignais à mes étudiants (rires).»

    Presque tous nos avis sont marqués par une certaine méfiance à l'égard du suffrage universel, ou par des considérations tactiques liées au paysage électoral du moment. De Gaulle, quant à lui, ne voit de sauvegarde que dans le peuple. Il veut créer une situation qui puisse durer par-delà les circonstances présentes. Il se projette au-dessus de l'horizon de notre imagination.
    1 Giscard reprend ainsi, en mineur, la proposition de Pisani, qui, lui, confiait carrément le premier tour et donc la sélection des deux « finalistes » au «collège présidentiel » de la Constitution de 1958. La question soulevée ici rebondira, trois décennies plus tard, devant la dispersion des candidats du premier tour, qui réussissent, non à se faire élire, mais à faire battre leur concurrent au profit de leur adversaire commun.
    2 Cette réforme du Sénat (et des régions) fera l'objet, six ans et demi plus tard, du référendum fatal du 27 avril 1969.
    3 « Expectative » : en droit canon, « droit éventuel sur un bénéfice encore occupé, pour le temps où il deviendra vacant ».

Chapitre 25
    « PRENDRE LE TAUREAU PAR LES CORNES »
    Conseil du 2 octobre 1962.
    Ce texte lourd de conséquences — même si le Général tente de les minimiser, chacun de nous les ressent bien — revient une troisième et dernière fois devant nous.
    GdG: « Quelqu'un a-t-il des observations ultimes à présenter à propos du projet de loi référendaire qui doit être publié demain matin au Journal officiel ?
    Broglie. — Ne pourrait-on saisir cette occasion pour introduire en France une réforme indispensable, étant donné notre fâcheuse tendance à l'abstention: le vote obligatoire?
    GdG. — Voilà un sujet grave. Il ne faut pas du tout exclure cette réforme. Rien n'empêche qu'à l'avenir, lorsqu'on mettra au point une loi électorale, on prévoie le vote obligatoire, tout aussi bien pour l'élection du Président de la République, que pour l'élection des parlementaires, ou pour un référendum. Mais je ne crois pas qu'il y ait lieu de poser une nouvelle question dans un projet de loi qui est déjà très volumineux.
    Giscard. — Pourquoi mettre en préambule au texte du projet de loi: "Le peuple français, usant de son pouvoir constituant" ? Si l'on veut faire référence à l'article 11, qu'on le fasse. Mais à quoi sert d'édicter un principe général sur le pouvoir constituant que détiendrait le peuple? N'est-ce pas donner des verges pour nous faire fouetter?
    GdG (se tournant vers Giscard). — Je suis d'accord avec vous. Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt. Je ne vois pas pourquoi le recours que nous faisons à l'article 11 n'oserait pas dire son nom. Il faut prendre le taureau par les cornes, comme toujours dans les grandes occasions. C'est bien l'article 11 qu'on utilise.
    Pompidou (qui a fait la grimace pendant que Giscard parlait). — J'avais mis la formule "usant de son pouvoir constituant", de manière à éviter qu'on ne discute s'il s'agissait de l'article 11 ou d'autre chose. Mais je reconnais que cette affirmation de principe avait quelque chose de provocant. »
    Le Général s'est rallié à la suggestion de Giscard parce qu'il veut être provocant; et Pompidou, parce qu'il veut éviter de l'être.

    « 100 parrains sont bien suffisants »
    GdG (s'adressant à Pompidou) : « Pourquoi êtes-vous passé de 100 à 200 parrains? C'est trop! 100 sont bien suffisants! Ou bien les élus accordent une véritable investiture, et alors il faut y aller carrément, comme le souhaitait le ministre de l'Agriculture 1 , en procédant à une véritable élection préalable par un collège restreint. Ou bien on renonce à ce système, on adopte le

Weitere Kostenlose Bücher