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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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des élections comme un diplomate qui regarde avec calme les tempêtes depuis le rivage tranquille où il est lui-même installé. »
    Le Général réagit pour défendre Couve, aussi vivement que si on l'avait lui-même attaqué :
    « Les rivages où se tient le ministre des Affaires étrangères ne sont pas toujours aussi tranquilles que vous dites.»
    Puis, comme s'il voulait se remettre en position arbitrale en donnant partiellement raison à Triboulet:
    « Il est vrai que, dans le cas particulier, il est affranchi de l'épreuve de l'élection!
    Triboulet. — Le ministre des Affaires étrangères ne se rend pas compte que l'élite nous est farouchement hostile.
    GdG. — L'élite? Vous voulez dire: ce qui se donne pour l'élite.
    Pisani. — 1) Tout en étant favorable à l'élection au suffrage universel, je ne suis pas d'accord avec l'interprétation qui en est donnée (c'est-à-dire: que vous venez de nous donner). Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une simple confirmation de la Constitution, mais bel et bien d'une réforme fondamentale.
    «2) L'hypothèque communiste est un grave danger. Il est possible que le communiste soit le premier au premier tour. En tout cas, c'est le candidat le mieux placé au point de vue de l'anticommunisme qui sera en tête soit après lui, soit peut-être avant lui; il aura été désigné non pas en fonction de sa capacité à diriger le pays, mais en fonction de son anticommunisme. Voilà un clivage bien fâcheux: communistes d'un côté, anticommunistes de l'autre !
    « Ces dispositions ne permettent pas l'organisation politique de la France autour des deux tendances qui seraient les plus nécessaires pour l'avenir du pays: le centre droit et le centre gauche.
    «3) Il me paraît redoutable de jeter l'opprobre sur les élus ou les élites. Nous n'avons pas le droit de déjuger nos élus: ce serait une façon de remettre en cause le suffrage universel ! Et les élites, les relais d'opinion, je ne vois pas comment une société pourrait s'en passer.
    «4) Rien n'est plus facile que de se faire pousser en avant par 100 maires ruraux.
    (Au bout de la table, Maziol, à voix basse: "Si c'était aussi facile, Pisani ne se serait pas fait battre aux cantonales ! ")
    « Il faudrait aller au moins jusqu'à 1000, pour éviter l'éparpillement qui mettrait le candidat communiste en situation privilégiée. A cet égard, ce texte n'apaise pas mes scrupules. Pas plus qu'à d'autres égards.»

    Giscard : « Oui, le Président doit recevoir la consécration du suffrage universel »
    Giscard, bien droit sur sa chaise, les yeux dans les yeux du Général, parle avec son autorité et son bonheur d'expression habituels: « N'ayant pas assisté au débat de la semaine dernière, je ne me contenterai pas de répondre aux trois questionsd'aujourd'hui, mais, si vous le voulez bien, je vais présenter ma position d'ensemble.
    « Le Président de la République doit-il recevoir la consécration du suffrage universel? Oui, sans aucun doute.
    «Mais quel est le risque de cette opération? C'est que le suffrage universel porte sur un choix malheureux, auquel cas ce serait l'échec. Que d'exemples d'un effondrement national à la suite d'un choix malheureux: le Brésil, l'Argentine et d'autres!
    « Le phénomène fondamental de la politique française de 1936 à 1958 a été l'instabilité, les fluctuations incessantes. Ce phénomène est masqué par la personne de l'actuel Président de la République. Il n'en reste pas moins que, depuis 1936, aucune personnalité n'a eu une autorité suffisante en face du suffrage universel pour apparaître comme une personnalité dominante.
    « Nous risquons d'avoir au premier tour six à huit candidats sérieux; au second tour, il n'est pas exclu que, parmi les deux candidats arrivés en tête, nous ayons le communiste, se détachant nettement, et un candidat national, diminué par l'éparpillement des voix sur tous les candidats nationaux. L'élection se présenterait alors dans de bien mauvaises conditions.
    « Je crois donc capitale la notion de pré-sélection.
    « J'ajoute que les délais ne permettront pas de faire vraiment campagne. Aux États-Unis, la campagne dure en réalité un an et, pendant trois mois, elle se déchaîne au point que personne ne pense à autre chose. Il me paraît indispensable de laisser au moins quinze jours entre le premier et le second tour, ne serait-ce que pour permettre matériellement aux candidats de faire leur Tour de France. Je

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