C'était De Gaulle - Tome I
la France au Conseil de l'OTAN.
2 De l'OTAN, c'est-à-dire de l'organisation militaire intégrée, mais non de l'Alliance atlantique, que de Gaulle n'a jamais mise en cause. En 1969, à la veille de sa démission, il a renouvelé l'appartenance française à l'Alliance, alors que le traité lui donnait la faculté, au bout de vingt ans, de la quitter après un préavis d'un an.
3 Reginald Maudling avait conduit en 1958 les négociations sur la « grande zone de libre-échange », qui auraient abouti à l'abandon du traité de Rome, non encore entré en application.
4 Tage Erlander, Premier ministre de Suède, était en visite officielle à Paris le 15 janvier.
5 Charles Bohlen, ambassadeur des États-Unis à Paris.
6 George Ball, sous-secrétaire d'État américain chargé des Affaires économiques.
7 Ce pronostic, dont j'ai fait alors la confidence à quelques journalistes (notamment André Fontaine, du Monde), devait se révéler exact quant au scénario de l'évolution britannique : Macmillan a démissionné le 10 octobre 1963 ; les travaillistes, vainqueurs en 1964, ont été battus par les conservateurs en 1970 ; le Premier ministre Heath, en accord avec le président Pompidou, a fait alors entrer son pays dans la Communauté européenne. Mais entre-temps, l'Europe des Six ne s'était pas renforcée ; elle n'avait pas su créer l'union politique que préconisait de Gaulle. Du coup, elle est entrée dans l'ambiguïté.
Chapitre 12
«NOUS NOUS DÉTACHERONS DES AMÉRICAINS TOUT EN RESTANT BONS AMIS »
Au Conseil du 9 janvier 1963, de Gaulle avait commencé, comme d'habitude, par excuser les absents : « M. André Malraux ne sera pas des nôtres aujourd'hui. Il a une bonne raison, il tient compagnie à Mona Lisa. Quant à M. Boulin, sa tâche est moins agréable, il défend le budget. » Quand il détend l'atmosphère par un bon mot, jamais il n'insiste.
« Pour Dieu, qu'on ne mette pas l'ONU dans le coup ! »
Au Conseil du 16 janvier, nous avons droit à la communication de Malraux sur le voyage de la Joconde : « C'est un sujet assez romanesque pour que la presse ait battu tous les records d'erreurs.» Il dénonce et redresse des inexactitudes sur l'origine de l'idée qu'il a eue d'envoyer la Joconde au président Kennedy. Un avion de touristes d'Atlanta, qui venaient visiter le Louvre, s'est écrasé au Bourget ; aucun survivant ; il fallait faire un geste ; nous avons prêté un tableau du Louvre à Atlanta ; le gouvernement américain, emporté par l'élan, a demandé si on pouvait lui faire un autre prêt. C'est un événement historique : parce que jamais Président des États-Unis n'avait reçu le prêt d'une œuvre d'art, et parce qu'il porte sur le plus célèbre tableau du monde. (Malraux n'a qu'à s'en prendre à lui-même si la presse n'a pas compris. Il lui aurait suffi de réunir les journalistes avant d'aller « tenir compagnie à Mona Lisa ».)
« Le Président des États-Unis voulait absolument montrer la Joconde à toutes les forces politiques et économiques du pays. Tout le Congrès, la Cour suprême, les gouverneurs des États, plus un nombre indéterminé de milliardaires qui formaient un extraordinaire parterre de rois de ceci ou de cela, avaient été réunis pour la cérémonie. C'était à Washington le plus étrange phénomène de snobisme qu'on ait jamais vu. Des hommes et des femmes auraient donné une fortune pour être là. Pour Kennedy, l'important était de montrer qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait su en faire autant.
«L'accueil fut étonnamment chaleureux. Je me suis rendu physiquement compte que notre refus de l'offre américaine des Polaris n'était pas du tout ressenti comme le dit la presse. Legouvernement de Washington savait parfaitement que ses propositions de Nassau ne pouvaient avoir aucun succès en France. Cela ne déterminait pas, de la part des autorités américaines, une réaction d'hostilité, mais des plaisanteries que Kennedy me faisait sans arrêt, dans le genre de celle-ci : "Il n'est pas toujours facile de s'arranger avec ses alliés ; si vous connaissiez les Démocrates, vous sauriez qu'il n'est pas facile de s'arranger non plus avec ses propres ministres."
« La presse française a présenté cette cérémonie d'une manière absurde.
« J'avais terminé mon discours en disant que l'arrivée des soldats américains en France avait permis de sauver la Joconde (ce qui était exact, puisque les Allemands voulaient s'en emparer). Les
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