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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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le monde occidental un esprit aussi léger et aussi dogmatique. Si notre force en cours de constitution était aussi inoffensive que des arbalètes, pourquoi Alsop l'attaquerait-il avec cette vigueur ?
    AP. — Il dit que les SAM III des Soviétiques empêcheront nos Mirage de passer.
    GdG. — Ces SAM III n'existent qu'à l'état de prototypes. Il en faudrait des centaines de milliers pour que toutes les frontières de l'URSS en soient bardées. Même pour protéger les grandes villes, il en faudrait des milliers et des milliers. D'autant que nos bombardiers porteront des leurres destinés à protéger les projectiles véritables. Nous avons la certitude qu'entre les deux tiers et les trois quarts des vrais projectiles atteindraient leur cible. Les Mirage IV peuvent voler à mach 2,2, c' est-à-dire 2 400 km à l'heure. Vous voyez ça ? Ils se mettent en basse altitude dans la zone de danger. Ils sont au-dessous de l'horizon. Un radar ne peut les repérer qu'à la dernière seconde, quand il est trop tard pour réagir.
    AP. — Alsop ridiculise le ravitaillement en vol au-dessus de la Pologne.
    GdG. — Nous ne sommes pas assez benêts pour survoler les pays satellites avant d'arriver sur la Russie. Nous passerons par la Baltique, l'Océan glacial arctique ou la mer Noire. Le ravitaillement en vol se fera au-dessus de la mer. C'est devenu un procédé banal. Les bombardiers sont ravitaillés tout en continuant à voler, comme les libellules s'accouplent en l'air.
    AP. — Le malheureux pilote n'aura plus assez de carburant pour retourner à sa base ?
    GdG. — Il ne reviendra pas sur sa base. Elle aura été atomisée, par hypothèse. Il ira se poser en Suède ou en Turquie.

    « La dissuasion est proportionnelle à l'enjeu »
    « Comprenez bien, ce qu'Alsop et tous vos journalistes ne veulent pas voir, c'est que la dissuasion est proportionnelle à l'enjeu. Nous ne sommes pas candidats à l'hégémonie mondiale. Donc, nous représentons un enjeu beaucoup moins élevé que la Russie pour l'Amérique, et vice-versa. Et puis, l'assaillant a besoin de beaucoup plus de moyens pour attaquer la capacité derétorsion de celui qu'il attaque, les terrains d'aviation, les bases de fusées, que le défenseur pour atteindre les villes. Nous n'avons pas, nous, l'ambition d'attaquer, comme les deux super-grands, mais seulement celle de nous défendre ; ça coûte beaucoup moins. »

    « Les Anglais se sont laissé vassaliser »
    Tel un inlassable pédagogue, il revient sur l'offre faite à Nassau, comme si j'avais tout oublié :
    « Techniquement, cette offre ne pouvait pas nous intéresser.
    Mais la véritable raison de mon refus est politique. Nous ne pouvons pas abandonner aux Américains le soin de décider de notre avenir. Un point c'est tout. Nous voulons avoir une force à nous.

    « Les Anglais ont refusé de garder leur avenir en main. Ils ont accepté de mettre toute leur force atomique, présente et future, dans cette force multilatérale sous commandement américain. Tous les bombardiers anglais actuels y seront placés. Les Américains veulent bien nous donner quelque chose, à condition que nous le leur redonnions, en leur donnant en plus tout le reste : à la fois ce qu'ils ont donné eux-mêmes, et ce qu'ils n'avaient pas donné ! C'est une excellente opération pour eux. (Gros rire.)
    « C'est destiné à permettre à Macmillan de sauver la face. Mais c'est cousu de fil blanc. Quant à la clause sur les "intérêts suprêmes" de l'Angleterre, qui permettrait aux Anglais de retirer leurs billes, je vous l'ai dit, c'est de la blague. Ils sont entrés dans une souricière. Impossible d'en sortir. Leurs fusées elles-mêmes ne pourraient pas se guider, n'ayant pas l'appui du système logistique, radars, etc., indispensable pour qu'elles aboutissent. Ils se sont laissé vassaliser.

    « Le meilleur allié est celui qui sait dire non »
    AP. — Vous pensez que nous pouvons nous désengager ainsi de l'OTAN sans que les Américains nous fusillent ?
    GdG. — Évidemment, nous le pouvons ! C'est ce que nous sommes en train de faire pas à pas. Nous nous détachons des Américains tout en restant bons amis. L'amitié demeure, comme le montre le voyage de Malraux. Les Américains savent bien, ou en tout cas devraient savoir, qu'on ne s'appuie pas sur ce qui est mou. On ne s'appuie que sur ce qui est ferme.
    AP. — Le savent-ils vraiment ?
    GdG. — Ils devraient. Mais, en fait, ils ont toujours la tentation de s'appuyer

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