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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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responsabilité du gouvernement, qui est le seul à pouvoir prendre des décisions conformes à l'intérêt général et à pouvoir les maintenir. Il ne faut pas se laisser faire !
    « Les syndicats, particulièrement ceux du secteur public, accélèrent la spirale inflationniste ! Le rôle de l'État est de la freiner. Il est là pour ça. Sa mission première est de résister aux féodalités. »

    « Les féodalités repointent le nez »
    Au cours du Conseil du 6 mars 1963, le Général a parlé « des féodalités qui repointent le nez ».
    Au Salon doré, après le Conseil, je lui demande : « Quelles sont ces féodalités auxquelles vous avez fait allusion ?
    GdG. — Elles sont innombrables. L'argent. Les autonomistes. Les associations de pêcheurs à la ligne. Comprenez-vous ? Tous ceux qui essaient d'étouffer l'intérêt général au nom de leur intérêt particulier. Il faut les réduire.
    AP. — Est-ce qu'il ne faut pas essayer de les séduire, plus que de les réduire ?
    GdG. — Quand on veut amadouer ses adversaires, on perd toujours. Ça peut temporairement devenir nécessaire, par tactique, parce qu'on n'a pas les moyens d'avoir tous ses adversaires sur le dos au même instant. Mais il ne faut jamais perdre de vue le but essentiel : restaurer l'autorité de l'État. C'est le seul garant de l'intérêt général.»

    « Les féodalités veulent arracher le pouvoir »
    Salon doré, 23 mars 1963.
    En pleine grève des mineurs, le Général me déclare : « Qu'il s'agisse des organisations agricoles, ou des services publics, ou des entreprises nationales, qu'il s'agisse de la FEN, du SNI, ou de l'UNEF, qu'il s'agisse des syndicats de la RTF, qu'il s'agisse de la CGT ou de Force ouvrière, ce sont toujours des gens qui ignorent en réalité la loi de 1884 2 . Ils essaient de prendre le pouvoir. Ils savent ce qu'ils veulent : arracher le pouvoir. Ils veulent que l'État, sous leur pression, se soumette à leur volonté. Comprenez-vous ? Qu'ils dictent à l'Etat ce qu'ils veulent, et que l' État soit à eux, soit eux. C'est ce qu'ils cherchent exclusivement.
    « Ils veulent le pouvoir. Non seulement ils le veulent, mais ils y étaient arrivés dans une large mesure. C'est pourquoi notre raison d'être — en tout cas, une des raisons essentielles pour lesquelles nous sommes là —, c'est de rendre à l'État l'autorité qu'il doit avoir, et qui repose sur la souveraineté populaire, sur la démocratie, et non sur la combine de quelques-uns, qui font de l'intimidation ou de la récrimination, et prétendent s'imposer à l'État. Nous devons donner à la France un État capable de dominer les féodalités, alors que la IV e République m'a légué un État étouffé par les féodalités.

    « Dites-vous que la faute, c'est celle des autres »
    AP. — Mais ne faut-il pas pourtant que la société soit pluraliste ? Qu'il y ait des centres de décision multiples ? Que tous les pouvoirs ne soient pas concentrés dans les mêmes mains ? N'arrive-t-il pas que l'État soit en faute ?
    GdG. — Peyrefitte, dites-vous que la faute, c'est celle des autres ! Si nous ne nous convainquions pas de cette vérité, nous serions sans cesse en train de nous frapper la poitrine. Nous n'oserions rien entreprendre ! Si nous n'avons pas confiance en nous-mêmes, comment voulez-vous que les Français aient confiance en nous? Il faut qu'ils puissent se dire : "Nous sommes bien gouvernés. Les résultats sont étonnants. Heureusement que l'opposition n'est pas au pouvoir ! " Il faut toujours avoir des adversaires pour pouvoir les combattre. Le combat, c'est la vie. On a besoin d'adversaires pour exister. »
    Michel Debré m'a dit avoir entendu à peu près exactement le même propos singulier. Dans la psychologie du Général, les féodalités ne jouent-elles pas le rôle de l'adversaire qu'on s'invente au besoin, pour mieux s'exercer à lutter contre lui ?

    A-t-il besoin d'un ennemi imaginaire, comme le Schmürz de Boris Vian, ce bibendum en caoutchouc flasque, dans les flancs duquel les personnages de Bâtisseurs d'empire lancent allégrement, en passant, des coups de poing ou des coups de pied, parce que ce geste leur redonne des forces ?
    Mais les adversaires existent bel et bien. Ils ont fini par gagner en 1969. Depuis lors, n'ont-ils pas progressivement repris le pouvoir ? C'est ce que devait se demander le Général, du fond de son amère retraite.
    1 Budget annexe des prestations sociales agricoles.
    2 Loi qui a reconnu

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