C'était De Gaulle - Tome I
bains de foule ne lui suffisent pas : la pratique référendaire doit, de temps à autre, les authentifier.
Il doit penser, bien qu'il ne me le dise pas, que, si les trois premières consultations référendaires avaient donné de brillants résultats, celle d'octobre 1962 a été un demi-échec, sur lequel il n'entend pas rester. Il veut choisir une circonstance qui l'assure de remporter à nouveau un succès « franc et massif ».
1 Le référendum, par dialogue direct entre le Président et le peuple, pour une révision de la Constitution.
2 Il faut détruire Carthage.
3 Ne pas remuer ce qui est tranquille.
4 Secrétaires d'État chargés, respectivement, des Relations avec le Parlement et du Budget.
5 Projet instituant des impôts sur les plus-values immobilières.
6 Il reprendra publiquement cette formule dans le discours qu'il prononcera à Orange, le 25 septembre 1963.
7 Le 16 mai 1877, le maréchal de Mac-Mahon, Président de la République, renvoie le cabinet Jules Simon, qui avait le soutien de la Chambre, puis dissout la Chambre. La crise qui s'ensuit consacre l'abaissement de la Présidence.
Chapitre 8
« RÉDUIRE LES FÉODALITÉS »
Ma première audience , le 5 mars 1959, avait été placée sous le signe de la suspension de la retraite du combattant, « une invention des associations d'anciens combattants, qui forment une féodalité » ; et sous celui de « l'intégration », « une élucubration abracadabrante des colons d'Algérie et de quelques colonels acquis à leur cause, qui forment ensemble une autre féodalité ».
Bien des entretiens qui ont suivi se sont placés sous ce signe commun : « Mon rôle est de réduire les féodalités qui menacent l'État. »
« Le gouvernement donne des verges pour se faire fouetter »
Conseil des ministres, 6 février 1963.
Joxe vient de relater les travaux du Conseil supérieur de la fonction publique : « Il faut donner un coup d'arrêt à ce système de modifications indiciaires qui crée un véritable tourbillon. Chacun regarde dans l'assiette du voisin. Cela provoque des déflagrations en chaîne. En deux ans, on vient d'assister à un millier de révisions hâtives et mal préparées. On pèse des œufs de mouches dans des balances en toile d'araignée. Il faut marquer des coups d'arrêt.»
Que voilà un langage gaullien ! Mais soudain, le disciple laisse échapper une expression qui fait sursauter le maître : il explique que la CGT s'est retirée du Conseil supérieur, mais que le travail a pu continuer, malgré l'Éducation nationale. Il a repris inconsciemment la terminologie courante dans la fonction publique.
Le Général, vivement : « Vous voulez dire : "malgré les syndicats de l'Éducation nationale" ? Les syndicats ne sont tout de même pas l'Éducation nationale ! Je vous invite à ne pas les confondre ! » Il ne l'a pas raté.
Pisani intervient pour indiquer que toute réforme exige, au début, des dépenses, gagées par des économies sur les années suivantes.
GdG : « Le danger, c'est qu'on s'en tienne à la dépense ! Car les féodalités font pression pour les dépenses, et personne ne fait pression pour les économies ! »
Giscard redresse la tête et se rembrunit : que fait-il d'autre ? Il va parler. Non, il se maîtrise. Joxe essaie de rattraper l'initiative qui lui a un peu échappé :
« Je voudrais enfin attirer l'attention des membres du gouvernement sur la nécessité de ne pas faire de promesses ! Que personne ne dise : "Je vous soutiendrai dans vos revendications ! " Quand les syndicats discutent, ils ont toujours dans leurs dossiers un discours, voire des lettres de ministres !
GdG. — Je remercie M. Joxe de son très intéressant exposé, avec les conclusions duquel je suis bien entendu tout à fait d'accord ! Il faut que les ministres renoncent une bonne fois pour toutes à faire leurs petits effets, qui sont autant d'encouragements à la revendication. Le moment est venu de sortir du maëlstrom sans fin des révisions systématiques et automatiques des indices. Sauf injustices à corriger, on doit tendre à la stabilité des indices. »
Pompidou abonde dans ce sens : « Chaque fois qu'un conflit du travail se durcit, on s'aperçoit que c'est parce que le ministre de tutelle avait pris — ou laissé prendre par ses collaborateurs — des engagements verbaux ou même écrits. Pour EDF, il y a une fameuse lettre d'un ancien ministre de l'Industrie, Ribeyre ; elle est toujours là, sur la table des
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