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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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entre guillemets).
    Pompidou. — Avant tout, que le gouvernement soit assuré de lui-même, qu'il se sente bonne conscience. Il y a un travail d'information à faire (il se tourne vers moi, comme si j'étais le grand responsable de la crise). Des chiffres absurdes circulent.
    « 1. Le public ignore les avantages dont bénéficient les mineurs : logement, chauffage, éclairage gratuits, retraite à cinquante ans, avantages sociaux divers, salaires égaux au triple ou au quadruple du salaire minimum, à quoi s'ajoutent les primes, soit 37 % de plus en moyenne. Je ne dis pas que ce soit excessif, mais qu'on ne s'imagine pas que ce sont des salaires de misère.
    « 2. Le gouvernement a accordé pour l'année 8,02 % d'augmentation. C'est un rythme important ; s'il s'étendait à d'autres professions, nous récolterions une inflation caractéri-sée.
    « 3. Dans mes conversations avec les mineurs, j'ai admis que, pour 1963, nous ferions 2 % de rattrapage pour la profession charbonnière.
    « 4. J'envisage une reprise du dialogue en septembre pour voir si les circonstances économiques nécessitent une nouvelle évaluation. Ce n'est pas une fin de non-recevoir !
    « On comprend parfaitement que la profession ait le souci de son avenir. Mais nous n'envisageons pas pour le moment de reconversion des mineurs.
    GdG. — La roue tourne en permanence. On disait il y a quinze ans : " Le charbon, c'est l'avenir ! " Il y a cinq ans : " Le charbon, c'est fini ! " Maintenant: "Le charbon! Le charbon ! " Les mineurs ne risquent pas de se trouver demain sans travail.

    « Ce ne sont pas les mineurs qu'on réquisitionne, c'est le charbon »
    Pompidou. — Les mineurs savent que la question de l'avenir de la profession est posée. Le gouvernement s'en préoccupe. Les cadres craignent de se laisser dépasser par les mineurs ; et donc, ils en rajoutent.
    « Il n'est pas question de nier le droit de grève : nous l'avons manifesté par la date des réquisitions ; sauf pour les cokeries, où il est impossible de couper, nous avons laissé trois ou quatre jours avant d'appliquer la réquisition, alors que certains syndicats limitaient l'ordre de grève à quarante-huit heures.
    GdG. — C'est seulement parce que la France ne peut pas être privée de charbon que nous avons fait la réquisition. Une grève illimitée n'est pas supportable pour l'économie, sinon on irait vers le rationnement et vers la fermeture d'usines. Ce qu'on réquisitionne, ce ne sont pas les mineurs, c'est le charbon.
    Pompidou. — Beaucoup disent : 1. les mineurs, c'est sacré ; 2. ils sont mal payés ; 3. le gouvernement a refusé d'en tenir compte ; 4. la réquisition est faite pour les brimer ; le ministre ne les a pas fait asseoir. Etc. La CGT, les évêques, L'Humanité , Le Figaro, les députés de la majorité eux-mêmes, font chorus avec les mineurs.
    « La hausse des salaires en 1961-1962 a dépassé ce qui était supportable. Si nous cédons, nous aurons une vague inflationniste que nous n'arrêterons pas et qui nous conduira dans quelques mois à des mesures d'une extrême rigueur.
    « Le problème n'est pas de savoir si on les augmentera de 5 % ou de 6 %. C'est un problème d'autorité. Il ne faut pas rapporter l'ordre de réquisition. Le service d'ordre doit être discret. Il ne faut aucun heurt, aucune menace individuelle, aucun gendarme. Une attitude mesurée. Nous n'avons pas décidé la réquisition des mineurs pour nier leur droit de grève, mais pour qu'ils ne puissent pas se dérober à l'intérêt général.
    « S'il y a des signes de détente, pourquoi ne pas relancer les conversations, une fois le travail repris ? Je suis prêt à parler avec eux de l'avenir de la profession. Mais ne nous faisons pas d'illusions, il n'est pas possible d'aller très loin sur ce chapitre.»

    Le Général couve son Premier ministre du regard. Pompidou a fait montre dans cette crise de fermeté, de maîtrise, de modération, de précision. De Gaulle est visiblement satisfait de ce comportement. Une fois de plus, Pompidou fait ses preuves. Le Général est préoccupé, mais juge les hommes devant l'épreuve. Pompidou a pris sur lui tous les pouvoirs — et tous les risques.
    Giscard : « Il faut penser à la sortie de cette affaire ; c'esttoujours dommageable pour l'économie et pour les intéressés. Les États-Unis ont connu des crises semblables pour l'acier, pour les journaux. Il en résulte des difficultés dont on est long à se remettre.

    « Il faut essayer

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