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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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vous sortent des chiffres invraisemblables ! Comment s'expliquer que personne ne quitte jamais la SNCF ? On peut évaluer l'évolution du salaire horaire, c'est tout. Les progrès des rémunérations du secteur public et du secteur privé sont considérables et mesurables. Tout le monde a progressé ! À 2 ou 3 % de différence près, les salaires ont augmenté, depuis mon retour aux affaires, de l'ordre de 35 %, alors que les prix augmentaient de 14 à 15 % ! Donc, en gros, en quatre ans, le niveau de vie réel s'est accru de 20 %. Voilà la vérité ! Voilà le progrès ! C'est indiscutable ! Quoi qu'en disent les objecteurs de tout poil.»

    Trois décisions sont prises ensuite :
    1  Créer un secrétariat général de l'Énergie, chargé d'élaborer une politique à long terme de l'énergie, dans le cadre national et européen.
    2  Charger un groupe restreint de personnalités, autour de Massé, d'établir, après consultations, un rapport comparatif précis sur la progression des différents salaires du secteur nationalisé par rapport aux salaires du secteur privé.
    3  Charger le ministre des Finances de faire le point de la situation financière des entreprises du secteur public.

    « De Gaulle n'est le recours que si nous sommes dans la tragédie »
    Après le Conseil, je dis au Général : « Triboulet vous a conjuré d'intervenir. Pompidou l'a contré durement. Vous avez refusé de vous laisser entraîner. Pourtant si, par impossible, vous aviez fait voter les ministres autour de la table, je suis sûr que la proposition de Triboulet l'aurait emporté largement. »
    Il me développe alors longuement les raisons de son refus :
    « En l'espèce, compte tenu de la Constitution et pour des raisons de tactique, je ne me suis pas occupé de cette affaire de manière constante et détaillée. Ça n'aurait pas été dans le sens des institutions. Ce ne serait pas conforme au bon sens, à la nature des choses, à l'organisation des pouvoirs publics. Mon intervention n'aurait eu qu'un résultat : dilapider le capital de confiance dont je peux bénéficier. Évidemment, ce n'était peut-être pas très heureux de me faire signer le décret de réquisition à Colombey...
    « Je ne veux pas intervenir de manière directe. Actuellement, le jeu n'en vaut pas la chandelle. S'il y avait un assaut contre l'Etat, ce serait une autre paire de manches. Mais nous verrons bien.
    « Mon arbitrage ne s'imposait pas. Nous ne sommes pas dans une situation tragique. De Gaulle n'est le recours que si nous sommes dans la tragédie.
    « Les Français se répartissent en catégories : mineurs, services publics, fonctionnaires, patrons, intellectuels, paysans, militaires, professions libérales. Chacune de ces catégories, à son tour, est mécontente. Elle exprime son mécontentement, elle se heurte à l'intérêt général, c'est-à-dire à l'État. Elle cherche à faire coïncider sa revendication avec les possibilités d'action qu'offre la conjoncture. Elle se répand de façon âpre, virulente, passionnée, même à mon égard. Que n'ai-je pas lu dans la presse sur mon compte ?
    « Mais quand ils se rappellent qu'ils sont Français, et non spécialement mineurs, paysans, fonctionnaires ou avocats, ils ne se détournent pas de moi pour si peu. S'ils rouspètent, ils savent bien qu'il vaut quand même mieux que ce soit moi qui dirige le pays...
    « Enfin, pour le moment, il est préférable de gagner du temps. Il faut laisser les passions s'apaiser. L'ennui, dans cette affaire, c'est que, pour la première fois, les images d'Épinal sont contre nous. »
    1 Commissaire général au Plan.
    2 Voir page 487.

Chapitre 5
    « CE N'ÉTAIT PAS TRÈS HEUREUX DE ME FAIRE SIGNER À COLOMBEY »
    Pompidou, ce jeudi matin 14 mars 1963, est rayonnant. De sérénité. De force. D'autorité. Il connaît à fond les chiffres, les données matérielles, les facteurs psychologiques. Rome n'est plus dans Rome, elle est toute où il est.
    « Il faut tout faire, me dit-il, pour réussir avec les mineurs de fer. Les mineurs de charbon sont à huit jours de la date où ils cesseront d'être payés. La durée du travail de la commission Massé peut être de quinze jours à trois semaines. J'ai admis le principe du retard et j'ai donc mis sur pied une équipe chargée de le chiffrer. Je donne ainsi une satisfaction de principe aux mineurs.
    « L'esprit de revendication est plus fort en période de plein emploi et d'expansion, quand on dit que les caisses sont

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