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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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leçon de philosophie politique : la commission Massé ne procède pas du suffrage universel, elle n'a pas de légitimité pour décider à la place du gouvernement.

    « Il faudra prémunir l'État contre des crises pareilles »
    « Non ! reprend le Général en se tournant dans ma direction. Ce qu'il faut dire, c'est que le gouvernement attend tranquillement le résultat des études Massé. Le point important, c'est cet avantage énorme que le gouvernement consent par principe : dans une période de plein emploi et de concurrence effrénée pour obtenir une main-d'œuvre qualifiée, il accepte que le secteur public soit payé au maximum ; il admet le rattrapage.
    Pompidou. — Soit ! Le gouvernement demande seulement que les travaux de la commission Massé soient achevés le plus vite possible. Il s'en saisira aussitôt et en tirera aussitôt la conclusion.
    « 1. Nous avons accepté le rattrapage. Il aura lieu. Il est d'autant plus nécessaire que le pourcentage révélé par les études pourrait être plus élevé que prévu. À l'heure actuelle, les mineurs ont perdu 5 % de leur salaire annuel, qui ne leur sera pas payé, et ils le savent. Samedi, ils n'auront plus de paie. La pénurie va commencer à se faire sentir aussi de leur côté.
    « 2. Il faut maintenir la stabilité des prix et des salaires en 1963. Le rattrapage mis à part, nous devons nous en tenir à la politique des salaires telle qu'elle avait été prévue, c'est-à-dire une augmentation de 3 %, plus le rendez-vous de septembre.
    Giscard. — Il y a un indice intéressant, c'est l'attitude des cadres.
    GdG (peu convaincu). — Les déclarations de tous les Malterre 1 sont aussi invertébrées, aussi moches que possible.
    « Il ne faut pas laisser s'accréditer l'idée qu'il y aura nécessairement des conclusions de la commission Massé. Peut-être il y aura des conclusions nuancées, avec des points d'interrogation. De toute façon, ce sera au gouvernement de faire un choix. Et, dans ce choix, il faudra faire intervenir des facteurs non évaluables.
    Giscard. — Il faut dégonfler les mythes. Le rattrapage ne peut être fait que par étapes ! On ne peut pas rattraper en une seule fois !
    GdG. — Il faudra à l'avenir prémunir l'État contre des crises pareilles. Il faut préparer des mesures à l'avance, pour n'être pas pris au dépourvu et n'avoir pas à céder au chantage. »

    « Il faut utiliser les réserves »
    Après-midi du lundi 25 mars 1963. Venu passer trois jours en famille à Morzine, je skiais paisiblement, quand un moniteur me rattrape sur les hauteurs : « On vous demande d'urgence. » Pourquoi diable me dérange-t-on, puisque je reprends le train de nuit ce soir même ? C'est le directeur de mon cabinet, Claude Contamine : « Il faut que vous rentriez tout de suite, vous intervenez au Journal télévisé de 20 heures. Les radios l'ont annoncé. Les propositions faites hier dimanche par le gouvernement ont été repoussées par les syndicats. Vous passez voir le Premier ministre dès votre arrivée. La voiture du sous-préfet de Thonon vous emmène dans un quart d'heure. Vous prenez l'avion à Genève. » Me voilà trimballé comme un paquet-poste.
    Pompidou, qui m'attendait à Matignon, me fait part d'une nouvelle présentation des choses qu'il a imaginée. L'effort financier de l'État pour les mineurs n'est nullement accru, mais sa présentation est plus conforme aux revendications des mineurs et plus compréhensible pour le grand public : « En francs, c'est exactement le même montant que dans la proposition qu'ils vien-. nent de refuser, mais ça devrait les prendre davantage dans le sens du poil ; et surtout, ça devrait nous ménager l'opinion. »
    Il me précise que c'est le Général qui a pensé à me faire parler : « Il faut utiliser les réserves », a-t-il dit. Le ministre de l'Industrie et le Premier ministre ayant été en première ligne et leurs appels n'ayant pas été entendus, il valait mieux que cette ouverture de la dernière chance fût faite par quelqu'un qui n'avait pas été encore exposé dans la bagarre. Le militaire a eu l'idée de la manœuvre : lancer dans la bataille des forces fraîches. Il laisse son Premier ministre libre, sur le terrain, d'organiser l'attaque à sa guise.
    J'ai juste le temps de traverser la rue de Varenne, pour retrouver dans mon bureau Léon Zitrone, entouré de projecteurs et de caméras géantes. Trop tard pour enregistrer, il faut passer en direct. « C'est très

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