C'était De Gaulle - Tome I
Mais il faut bien savoir que nous n'y serons pas rivés.
« Détacher complètement le problème des horaires du problème des salaires serait catastrophique. Il est essentiel deconsidérer que toute diminution de la durée du travail est une augmentation de salaire.
« Il est d'autre part absurde de partir de l'idée de la parité. Il n'est pas possible que tout le monde soit égal à tout le monde ! Il y a nécessairement des variations suivant le lieu, suivant la nature des entreprises, suivant leur prospérité. Ce que je viens de dire s'applique aussi aux agriculteurs.
Pompidou. — Pour les mineurs, le problème est derrière nous : non pas encore pour la fin effective de la grève, mais pour les décisions que nous avions à prendre.
« Des erreurs ont été commises, sans doute. Mais les mineurs ont eu tort de ne pas accepter la reprise du travail. Le rattrapage et la prime ne doivent pas être dissociés. On doit faire ressortir des chiffres simples. Au point où nous en sommes arrivés, c'est une lutte d'information, plus qu'une lutte d'argent.
GdG. — Ne dites pas trop ça !
Pompidou. — La rupture était voulue par les syndicats, alors qu'elle ne se justifiait plus. La position simplifiée qui a été exposée lundi à la télévision a mis les syndicats dans l'embarras vis-à-vis de l'opinion. Elle a retourné l'opinion, en lui montrant que les syndicats exagéraient. Ils ont déclaré alors : "L'aménagement qui est proposé ne nous intéresse pas. Ce qui nous intéresse, c'est un total."
GdG. — L'aménagement n'est pas sans portée ! Il a toujours été entendu et proclamé que l'augmentation serait échelonnée !
Pompidou. — Le total des sommes versées doit rester le même ; l'ensemble des augmentations concédées représente un total de milliards au-delà duquel nous ne pouvons pas aller.
« Si vous ne voulez pas qu'on le répète, ne le dites pas »
GdG. — Mais si vous partez de l'idée qu'à condition de ne pas changer le total, on peut changer les dates, où irez-vous ?
Pompidou. — Nous arrivons au point où il ne peut pas y avoir de discussion avant la reprise du travail. Il n'y a pas de raison pour que les questions que personne ne pose au début de la grève — quatrième semaine et salaire horaire — soient abordées maintenant sous la menace de la grève.
« Le gouvernement est prêt à étudier dans une table ronde, comme il l'a fait pour les mines de fer, le problème de l'avenir de la profession — congés, retraite, reconversion, autres questions possibles — dès que le travail sera repris. Le problème est d'obtenir la reprise du travail, tout en restant ferme.
« Je sens venir le moment où l'opinion pressera les mineurs de reprendre le travail, au lieu de les presser de poursuivre la grève, comme elle avait commencé par le faire.
Grandval. — Notre Bible, ce devrait être le rapport Massé, y compris pour EDF. Le Brun 1 a appelé Louis Vallon (qui m'en a fait part aussitôt) pour dire que la CGT ne demandait qu'une chose, c'était de reprendre la conversation, à condition qu'on lui permette d'avoir une porte de sortie honorable.
GdG. — Le Brun ! Le pauvre ! Il fait partie des otages ! (Il a dit "le pauvre", sur un ton affectueux. Le Brun n'est pas communiste, mais "gaulliste de gauche".)
Grandval. — Il ne faudrait pas faire disparaître la prime de 50 nouveaux francs qui avait été proposée dimanche, malgré son refus par les syndicats et malgré la nouvelle présentation faite par M. Peyrefitte, qui les a incorporés dans de nouveaux pourcentages. "Donner et retenir ne vaut".
Pompidou. — Le principe que vient d'évoquer M. Grandval est contestable. Les syndicats empochent tous les avantages qu'on leur accorde et en réclament toujours plus. Ils revendiquent 8 %. On les leur donne. Ils les mettent dans leur poche, mais il reste encore un certain pourcentage à y ajouter. Aucune raison de s'arrêter !
Giscard. — Notre seul adversaire, c'est la complication. Il est inutile de chercher à raffiner. Tout nouvel ajustement a pour effet d'embrouiller la situation. Je n'approuve pas la nouvelle présentation des choses qui a été effectuée par M. Peyrefitte.
Pompidou (sèchement). — On ne pouvait pas représenter aux syndicats lundi les chiffres qu'ils avaient refusés dimanche. Il fallait bien rebattre le jeu.
Bokanowski. — J'indique qu'à Blanzy, mais il ne faut pas qu'on le répète...
GdG (sévèrement). — Alors, si vous ne
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