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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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c'est une solution réalisable sur le terrain. « Mais pas un mot sur tout ça. »

    Nouvelle escalade. Fin septembre, Racine 11 m'appelle de la part de Michel Debré pour me remettre, sur la cassette des fonds spéciaux, une somme en espèces, afin que je fasse tirer à plusieurs milliers d'exemplaires une plaquette de mes articles du Monde . Il ne suffit pas d'attendre qu'un livre plus détaillé soit prêt. Il faut sur-le-champ diffuser largement cette brochure, en l'envoyant avec ma carte de visite aux relais d'opinion : tous les députés et sénateurs, de l'opposition comme de la majorité, principaux journalistes, directeurs de journaux, éditorialistes, conseillers économiques et sociaux, préfets et sous-préfets (il paraît que Debré tient beaucoup à ces derniers).
    Je fais fabriquer la brochure par l'imprimerie du Monde . Le rédacteur en chef, André Chênebenoit, a pris l'affaire à cœur, au point de faire figurer sur la couverture, à la place de l'éditeur, Le Monde en lettres gothiques : « Ce n'est pas seulement une série d'articles de vous, me dit-il. Elle n'est pas parue comme "point de vue". C'est la doctrine du Monde . »
    Le lendemain, le rédacteur en chef-adjoint, Robert Gauthier, m'appelle, très tendu : « Ce n'est pas du tout la doctrine du Monde ! Je viens de convaincre Beuve-Méry de publier sous la signature du club Jean Moulin trois articles qui combattent votre thèse. Deux jeunes maîtres des requêtes au Conseil d'État, Salusse et Creyssel, les ont écrits sur la suggestion de Joxe. Nous prenons à notre charge les frais de débrochage de l'actuelle couverture et de rebrochage d'une couverture blanche, sans mention du Monde. »

    Tout en savourant ces péripéties, je me suis remis au travail. Entre-temps, l'idée du partage de l'Algérie s'est répandue. Un véritable courant d'opinion se forme. L'Écho d'Alger et L ' Écho d'Oran ont reproduit intégralement mes articles du Monde et de La Vie française . Beaucoup de pieds-noirs, jusque-là farouchement hostiles à une pareille idée, s'y raccrochent maintenant comme à une bouée de sauvetage.
    Les témoignages d'adhésion se multiplient. Guichard, n'ayant pu me joindre, m'écrit une lettre enthousiaste ; délégué de l'Organisation commune des régions sahariennes, il voit dans le partage la solution du problème saharien. Foccart et les principaux dignitaires gaullistes me téléphonent : « Vous avez trouvé l'issue ! Vous nous tirez d'un bien mauvais pas ! » Il n'est pas jusqu'aurecteur de la mosquée de Paris, Al Sid Cheikh Boubakeur Hamza — inconnu de moi —, qui ne m'envoie un signe amical : un colis de dattes avec une carte chaleureuse (mais sans aucune allusion écrite à mes articles).
    Le 28 octobre, Bruno de Leusse vient me voir à mon domicile : « On va reprendre la négociation avec les gens du FLN. Mais ça ne marchera que s'ils ont peur d'une alternative. Poussez vos études ! Il faut absolument que vous publiiez votre livre avant la fin de l'année. D'ici là, dès qu'un chapitre est prêt, donnez-en les bonnes feuilles à un journal ! »
    J'égrène successivement des papiers dans La Vie française , L'Écho d'Alger , L'Écho d'Oran , France-Soir , Paris-Presse et, de nouveau, Le Monde.
    Quatre esprits fort déliés m'aident dans mes travaux.
    Bruno de Leusse et Vincent Labouret, avec lesquels j'avais eu l'occasion de me lier d'amitié au Quai d'Orsay, me stimulent en sous-main dans mes réflexions. Ils sont convaincus que, si la France ne dispose pas d'une solution de rechange, propre à rabattre les prétentions du FLN, la négociation dont leur ministre a la charge n'aboutira pas ; désireux de mettre davantage de cartes dans sa main, ils m'alimentent en informations et en arguments.
    Éric Labonne, ancien résident général au Maroc, grand connaisseur du Maghreb, et Alfred Fabre-Luce, intelligence étincelante 12 , m'ont écrit pour me dire leur approbation. Ils ont accepté avec empressement de se livrer avec moi, au domicile du premier, à de longues séances de réflexion contradictoire. La partition offre à leurs yeux non un stratagème, mais la seule solution d'avenir, et le moyen légitime pour défendre l'Occident dans cette terre qui lui a appartenu jusqu'à l'invasion arabe et qu'il a reconquise depuis cinq générations.

    Sur ces entrefaites, le contact est repris avec le FLN. En novembre, alors que j'ai déjà corrigé les épreuves de mon livre, Geoffroy de Courcel, secrétaire

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