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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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conjoncture. Ça revient à vouloir donner l'allure d'un cheval de course à un char à bœufs mérovingien ! Un texte va abaisser l'âge de la majorité pénale de dix-huit à seize ans, car ce sont souvent des jeunes qui sont coupables. Bidault 3 a envoyé une circulaire aux préfets au nom du "Conseil national de la résistance", qui porte sa signature et celle de Salan.

    « Le salut public doit pourtant l'emporter »
    GdG. — Il faut des mesures rapides et drastiques pour réprimer la détention d'armes ! Les sanctions prises jusqu'ici sont insuffisantes. On n'a jamais vu l'appareil ordinaire de la justice satisfaire aux besoins de l'État. Le salut public doit pourtant l'emporter sur l'insatisfaction des magistrats ! Il faut qu'ils s'y plient.
    Sudreau. — Les délits et les crimes proviennent souvent d'enfants de moins de seize ans. Dans un lycée d'Alger, des jeunes filles armées de grenades ont menacé le censeur. On a fermé l'établissement. Ces enfants sont donc livrés à la rue. Les parents laissent jouer au revolver et au couteau leurs enfants de dix à quinze ans.
    GdG. — Dans ces cas-là, il faut expulser les enfants et leur famille ! Il faut les expédier en métropole, et qu'on leur interdise de retourner en Algérie !
    Joxe. — Je ne suis pas favorable à l'expulsion. C'est une mauvaise graine, une graine de fascisme. Il vaut mieux les laisser là-bas.
    GdG. — Pensez-vous ! Nous encaisserons ça très bien !... Ce qui se passe est un scandale national et même international. Et pourquoi leur faire tant de publicité ? C'est ça qui les excite ! Ils se sentent gonflés d'orgueil ! Ils deviennent célèbres devant leurs petits camarades ! Un étudiant aurait voulu faire sauter l'université d'Alger et sa bibliothèque, on l'interviewe complaisammentà la télévision ! La RTF aide l'OAS en faisant sa propagande ! On dirait que tout ce qui intéresse les Français, ce sont trois quartiers d'Alger et trois quartiers d'Oran ! »
    Le Général tourne vers moi un œil lourd de reproches. Pompidou, d'un doigt impérieux, me fait signe de ne pas répondre.
    Roger Frey, qui a vu le geste de Pompidou, enchaîne aussitôt : « Canal 4 a été nommé en octobre 1961 délégué personnel de Salan en France. C'est lui qui organise ici les plastiquages. Il a eu de nombreux contacts politiques. Argoud fait des tournées en France, en Belgique, en Suisse, en Italie, en Allemagne. Salan a monté des réseaux bien cloisonnés, comme au temps de la Résistance. Il avait désigné Jouhaud pour être mon successeur à la place Beauvau. Mais comme celui-ci vient d'être arrêté, il a désigné Bidault à sa place — c'est-à-dire à la mienne...
    « Il faut s'attendre à ce que le retour des Français d'Algérie nous amène de grandes difficultés. Il y aura parmi eux des tueurs, beaucoup de tueurs. »
    Le Général termine sur une note d'humour. Il se tourne vers Roger Frey : « Il y a tout de même des nouvelles propres à nous donner de l'espoir, comme la nomination de Bidault à votre place. »

    « Vous ne tenez pas vos gens ! »
    Après le Conseil, le Général se laisse aller avec moi à la colère contre la RTF, qu'il avait contenue devant le Conseil. Je n'ai rien perdu pour attendre : « Ce que font vos radios et votre télévision est inqualifiable ! Ce sont elles qui donnent le ton à toute l'information ! Comment pourrions-nous attendre de la presse écrite qu'elle ne fasse pas la propagande de l'OAS, quand tous vos micros se tendent vers les plastiqueurs et les tueurs, pour les transformer en vedettes ?
    « C'est vous qui êtes responsable ! Vous ne tenez pas vos gens ! Si le directeur général et les directeurs ne font pas l'affaire, changez-les ! Si les journalistes ne comprennent pas ce qu'est le salut public, videz-les ! Et que ça ne traîne pas ! »
    1 Armée de libération nationale : armée révolutionnaire algérienne, stationnée surtout en Tunisie et au Maroc, jusqu'au cessez-le-feu qui a suivi les accords d'Évian.
    2 Par des prélèvements sur les travailleurs algériens en France.
    3 Ancien président du Conseil national de la Résistance en 1944, Georges Bidault a repris ce titre pour patronner l'OAS (après avoir été Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères sous la IV e ).
    4 André Canal, condamné à mort pour ses activités dans l'OAS, sera gracié le 28 novembre 1962.

Chapitre 7
    « NOS RANGS SE SONT ÉCLAIRCIS »
    Élysée, Salle des fêtes, mardi 15 mai

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