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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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harkis et de leurs familles, soit environ au total 5 000 personnes, qui semblent préférer ne pas demeurer en Algérie après l'indépendance 2 .
    GdG. — Pour les harkis, ne comptez-vous pas un peu juste ?
    Messmer. — Ce sont les prévisions actuelles. »
    Boulin conclut : « En mai 1960, il y avait eu 71 500 retours d'Algérie. En mai 1961, il y en a eu 99 500. Ce matin 30 mai, sans connaître les chiffres d'aujourd'hui, on atteint tout juste 100 000. Il n'y a donc pas augmentation. À peu près tous ont acheté un billet aller et retour. Simplement, la plupart sont incertains sur la date de leur retour en Algérie.
    Sudreau. — Sont-ce des vacanciers, comme M. le secrétaire d'État nous le laisse entendre, ou des réfugiés, ou des rapatriés ? D'après ce que disent les directeurs d'établissements scolaires en Algérie, beaucoup de chefs de famille emmènent en métropole les enfants, les femmes et les vieillards par précaution, car la rumeur court d'une Saint-Barthélemy pour le 2 juillet 3 . »

    « Ce n'est pas une catastrophe nationale »
    Le Général me recommande après le Conseil : « Dites bien tout ce qu'a dit Boulin ! Il y a des queues interminables à Alger et à Oran parce que tous les bureaux ont été fermés par la grève, sous la menace du plastic ! Sinon, il y aurait eu réservations préalables et pas de queue ! Si on compare jour après jour les départs des deux dernières années avec la moyenne des jours de ce mois, on constate qu'il n'y a pas de changement notable. Il n'y a pas d'exode, contrairement à ce que disent votre presse, votre radio, votre télévision ! Mais on le répète tellement que ça finira par être vrai !
    « Il n'est pas exclu que, sur un million d'Européens, 300 000s'établissent définitivement en France. Nous devons les accueillir du mieux possible et ils enrichiront le pays. Les moyens de transport existent. Ce n'est pas une catastrophe nationale. C'est une petite épreuve. Nous en avons connu bien d'autres, tellement plus graves, dans notre histoire. »
    En décembre dernier encore, le Général me parlait de 100 000 départs — ou, à la rigueur, 200 000 ; et la loi sur les rapatriés du même mois de décembre en prévoyait effectivement 70 000 pour l'année 1962 (toute l'Afrique du Nord et les anciennes colonies comprises). Voilà déjà qu'il passe à 300000. Pourvu qu'on en reste là...

    « Un spectacle vaudevillesque et sanglant »
    Au Conseil des ministres du 6 juin 1962, Boulin nuance sa dernière communication : « Pour les départs, on éponge à Alger ; pas à Oran. Jusqu'à maintenant, la plupart des gens ont un point de chute en France. Mais il y a une certaine tendance à ce qu'une catégorie de plus en plus humble de pieds-noirs quittent l'Algérie. Pour le cas où l'afflux augmenterait, nous aurions de la peine à y faire face, et il faudrait alors préparer un plan d'urgence.
    Joxe. — Les Européens d'Algérie sont entre la peur et la trêve. L'OAS, qui avait d'abord interdit les départs, puis les avait acceptés en provoquant un formidable embouteillage et en affolant les populations, ne sait plus que faire.
    « Nous arrivons au moment où la politique suivie va commencer à donner des résultats. L'Exécutif provisoire affirme que l'Algérie appartiendra à tous les Algériens. C'est l'embryon d'un coude à coude des communautés.
    « Des agitateurs exigent la constitution d'une Algérie fédérale, où Oran et Alger se fédéreraient avec le reste de l'Algérie, mais pourraient faire sécession à tout moment. »
    (Je frémis en retrouvant la formule préconisée par mon livre ; les pieds-noirs sont prêts à s'y rallier quand il est évidemment trop tard pour qu'elle ait la moindre chance de succès.)
    Joxe poursuit : « Farès a de nombreux contacts avec des gens de l'OAS. Une manœuvre se dessine : "Ajournez l'autodétermination, on aura le temps de réfléchir !" Il n'est évidemment pas question d'en discuter. Dans le processus engagé, notre résolution compte plus que tout.
    « Jacques Chevallier 4 lance un Mouvement pour l'unité et la réconciliation. Farès parlait de mes Arabes, maintenant il parle de mes Européens. En attendant, la situation est délicate. On ne se tue plus, mais on prépare des tueries. À Oran, des tracts annoncent le choc décisif, la prise du pouvoir. »
    Le Général conclut : « La situation évolue de jour en jour. Mais ne nous éloignons pas de l'essentiel ! L'essentiel, c'est

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