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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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qu'ils doivent s'unir pour toujours. Ça ne doit pas être cantonné au niveau des hommes politiques. Ça doit colorer dorénavant les sentiments populaires. Les Français et les Allemands doivent devenir des frères. La fraternité des deux peuples, ça doit devenir quelque chose d'élémentaire. Le populo en est encore à voir dans les Allemands l'ennemi héréditaire. En réalité, les Allemands n'ont été vraiment nos ennemis que depuis 1870. Ça ne fait que trois guerres et trois quarts de siècles, pour les Germains et les Gaulois qui ont connu tant de guerres et tant de siècles.

    « Notre plus grand ennemi héréditaire, c'était l'Angleterre »
    « Notre plus grand ennemi héréditaire, ce n'était pas l'Allemagne, c'était l'Angleterre. Depuis la guerre de Cent Ans jusqu'à Fachoda, elle n'a guère cessé de lutter contre nous. Et depuis, ellea bien du mal à ne pas opposer ses intérêts aux nôtres. Voyez la manière dont elle s'est conduite entre les deux guerres. Elle nous a interdit de réagir à la réoccupation de la Rhénanie. Elle nous a empêchés de nous opposer au réarmement de l'Allemagne. Elle nous a lâchés à Dunkerque. Elle a bombardé joyeusement notre flotte à Mers-el-Kébir. Elle nous a trahis en Syrie. Elle fait systématiquement bloc avec l'Amérique. Elle veut nous empêcher de mener à bien le Marché commun. Il est vrai qu'elle a été notre alliée pendant les deux guerres, mais elle n'est pas portée naturellement à nous vouloir du bien.
    « Pour l'Allemagne, au contraire, il est clair que nos intérêts se rencontrent et se rencontreront de plus en plus. Elle a besoin de nous, autant que nous avons besoin d'elle.
    AP. — Quel sera le moment fort de cette visite d'Adenauer, qui dure toute une semaine ?
    GdG. — Ce sera Reims, évidemment, le dernier jour. Reims, la ville martyre de la Première guerre, et qui a reçu la reddition de l'armée allemande à la fin de la Seconde. Mourmelon, où défileront ensemble, pour la première fois dans l'histoire, des troupes françaises et allemandes, dans cette plaine où nos armées se sont tant cognées et où la bataille de la Marne a sauvé la France. La cathédrale, qui a été presque complètement détruite par les Allemands ; cette cathédrale où étaient sacrés nos rois, où Jeanne d'Arc est venue pour couronner (sic) ce pauvre Charles VII. Cette ville où Clovis a été baptisé, où l'on peut dire que la France aussi a été baptisée, voici quinze siècles. »
    Le Général aime les symboles, mais les symboles paradoxaux.

    Paris, 3 juillet 1962.
    En raison de mes connaissances linguistiques supposées, j'ai été chargé de tenir compagnie aujourd'hui au chancelier Adenauer. Je suis allé le prendre au Quai d'Orsay, où il est descendu. Pendant le trajet dans Paris, il me dit : « Je suis bouleversé par le soin extraordinaire que le Général a mis personnellement pour organiser cette visite. Il m'a avoué que c'était lui qui avait veillé à tout. Dans mes appartements, les fleurs sont des roses, parce qu'il sait que j'aime les roses. Pour le dîner de l'Elysée, il a tenu à inviter tous les anciens présidents du Conseil que j'avais connus lors de mes précédents voyages ; il a voulu que soient présentes les personnalités de tous les partis qui ont joué un rôle dans le rapprochement des deux pays. Il a tenu à m'appliquer le protocole des chefs d'État, bien que je n'en sois pas un. Il m'a décerné la grand-croix de la Légion d'honneur.»
    Hélas ! Le peuple de Paris met moins d'empressement que de Gaulle à accueillir le Chancelier. Sur tout le parcours, des barrières ont été placées le long des trottoirs, pour permettre à la foule de s'amasser. Personne ne s'en approche. Sauf, de-ci de-là,de petits groupes poussant des cris : « À bas le militarisme allemand ! » « Dehors, les revanchards allemands ! »
    De Gaulle veut surmonter les préjugés, effacer les clichés révolus. Encore faudrait-il que les Français s'y prêtent.

    « Il était essentiel que l'âme populaire... »
    Reims, dimanche 8 juillet 1962.
    Extraordinaire journée.
    À 8 heures 30 précises, de Gaulle atterrit sur la base aérienne de Reims, en tenue kaki de général de brigade. Dans Reims, notre convoi prend en remorque, sans s'arrêter, le cortège du Chancelier, qui sort de la sous-préfecture où celui-ci a passé la nuit. Pas un chat dans les rues. Consignes, menaces du parti communiste ? Ou réticences d'une population

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