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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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commence à me demander s'il fait tout ce qu'il faut pour être élu.
    1 Voir supra, les propos du Général sur cette communication, partie III, p. 317.
    2 Louis Armand, longtemps président de la SNCF. Il n'était certes pas un homme quelconque, mais de Gaulle le prend en exemple de ces hauts fonctionnaires dont l'excellence n'a jamais subi le feu de la démocratie.

Chapitre 9
    « INUTILE DE PARLER DE TOUT ÇA À MATIGNON »
    19 juin 1965. Chartres. Pour la première fois du septennat, Couve accompagne le Général en province. Jusque-là, il mettait autant de soin à ne pas apparaître à ses côtés sur le territoire national, qu'il déployait de vigilance pour empêcher que d'autres ministres ne l'accompagnent dans ses visites d'État à l'étranger.
    À la fin du dîner à la préfecture, nous allons nous promener tous deux dans les petites rues qui avoisinent la cathédrale. Il reste, sur le visage des gens qu'on croise, comme une atmosphère de fête.

    Couve : « Il ne va pas gâcher son image historique en s'incrustant à l'Élysée »
    Couve : « Voilà un spectacle auquel on n'assistera plus jamais.
    AP. — Pourquoi jamais ?
    Couve. — Il est clair que son successeur, et aucun de ses successeurs, ne pourra réunir des foules pareilles, ni susciter un tel enthousiasme. Aucun n'aura tenu la même place que lui dans l'Histoire.
    AP. — Et s'il se succède à lui même ?
    Couve. — Vous parlez sérieusement ? Ce septennat aura été une trop grande réussite pour qu'un second reste au même niveau. Il le sait bien. »
    J'insiste, fort de ma certitude : « Le Général a besoin de plusieurs années pour achever la constitution de la force de frappe, pour se retirer de l'OTAN, pour accentuer la politique de détente avec l'Est, pour affermir l'indépendance, pour implanter les institutions. »
    Couve secoue la tête : « Il ne va pas gâcher son image historique en voulant s'incruster à l'Élysée. Il répète que la vieillesse est un naufrage. Il a soixante-quinze ans cette année, il en aurait quatre-vingt-deux dans sept ans. C'est exclu. »
    Nous décidons de parier un bon déjeuner : « C'est comme si vous l'aviez déjà perdu », me dit-il. Du moins n'est-ce pas l'ambition qui guide sa certitude. Il sait sans doute que sa seule chance de devenir Premier ministre est que le Général « s'incruste » à l'Élysée. Et s'il est aujourd'hui du voyage, au contact du peuple, n'est-ce pas en signe de cette intention ? Frey m'a dit ce matin, dans l'autorail : « Bizarre, cette invitation à Couve. À la place de Georges, je m'inquiéterais. »

    « Je n'ai en face de moi que ce pauvre Marcilhacy »
    Salon doré, 1 er juillet 1965.
    Au milieu des drames de la négociation bruxelloise, le Conseil de ce matin a adopté un texte sur l'élection présidentielle, qui se déroulera le 5 décembre, avec un éventuel second tour le 19. Le Général me prescrit d'annoncer qu'il tiendra une conférence de presse au début de septembre.
    AP : « À cette date, vous pourrez difficilement éviter de parler de vos intentions pour l'élection.
    GdG. — Non ! Je préviendrai tout de suite les journalistes : "Je ne vous dirai pas ce que je ferai. Pas cette fois-ci." D'ailleurs, le jour où je le dirai, je ne le dirai pas aux journalistes, je le dirai aux Français. Pour les journalistes, j'analyse des questions. Mais les Français, je les saisis directement, les yeux dans les yeux.
    AP. — Et ça, vous ne le ferez que plus tard ?
    GdG. — Fin octobre, parce qu'il y a un calendrier à respecter.
    AP. — Depuis hier, on parle de Maurice Faure comme candidat des "démocrates" pour remplacer Defferre, qui s'est effondré. C'est de Bruxelles que la nouvelle est venue.
    GdG. — Naturellement, Maurice Faure et ses copains ont cogité ça ensemble. L'opposition est à Bruxelles, elle y fait son travail de sape.
    AP. — Justement, ce qui a été décidé tout à l'heure, de laisser notre chaise vide jusqu'à nouvel ordre à Bruxelles à cause de notre différend avec nos partenaires sur l'agriculture, est-ce que ça ne risque pas d'être mal compris ? Ça ne va pas vous gêner pour l'élection ?
    GdG. — Pourquoi voulez-vous que ça me gêne ? Je n'ai en face de moi que ce pauvre Marcilhacy et ce pauvre Tixier-Vignancour.
    AP. — Il y en aura peut-être d'autres ?
    GdG. — Eh bien, qu'ils viennent ! »
    Comme s'il se repentait d'être allé trop loin dans la confidence, il me dit, en m'accompagnant à la porte : « Inutile

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