C'était le XXe siècle T.1
nation. » Une société secrète serbe .
Elle a été fondée en 1908, lors de l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche. Son but : enrôler les volontaires, les entraîner, organiser une force armée destinée à lutter contre l’Autriche.
À cette société adhèrent des Serbes, mais aussi de nombreux Bosniaques. Ils organisent même un « tunnel » – il faut prendre l’expression au figuré – entre la Serbie et la Bosnie, avec un réseau d’agents, de passeurs, d’estafettes.
En 1911, les officiers qui ont assassiné le roi Alexandre et la reine Draga trouvent trop tiède la Narodna Obdrana . Ils forment une nouvelle société secrète, « Union ou Mort » qu’on appellera bientôt la Main noire. Son modèle : la Charbonnerie italienne, y compris son romantisme et même son jargon. La Main noire est ultrasecrète et d’évidence terroriste. Il n’est que de lire ses statuts :
« Article premier . – Cette organisation est créée dans le but de réaliser l’idéal national : l’union de tous les Serbes. Chaque Serbe, sans distinction de sexe, de religion, de lieu de naissance, et tous ceux qui sont sincèrement dévoués à cette cause, peuvent en devenir membres.
« Article deuxième . – Cette organisation préfère une action terroriste à la propagande intellectuelle et, pour cette raison, elle doit rester absolument secrète pour les non-adhérents. »
Ceux qui entrent dans la nouvelle société doivent prêter ce serment solennel :
— En devenant membre de l’Association Union ou Mort, je jure par le soleil qui m’éclaire ; par la terre qui me nourrit ; par Dieu ; par le sang de mes pères ; sur l’honneur et sur la vie, que dès à présent et jusqu’à ma mort, je servirai fidèlement l’Association et que je serai toujours prêt à lui faire tous les sacrifices. Je jure par Dieu, sur l’honneur et sur la vie, que j’exécuterai sans broncher tout ce qui me sera ordonné. Je jure par Dieu, sur l’honneur et sur la vie, que jusqu’à la tombe je garderai tous les secrets de l’Association.
Peu à peu, la Main noire va absorber les hommes de confiance de la Narodna Obdrana . On réorganise le fameux « tunnel ». Surtout on décide de passer à l’action. À cet égard, le sceau de la Main noire apparaît éloquent : il représente une tête de mort au-dessus d’os croisés, flanquée d’un poignard, d’une bombe et d’une fiole de poison.
Le plus zélé animateur de la Main noire, c’est le colonel Dimitriévitch, appelé aussi le colonel Apis. Il ne se cache nullement d’avoir été le principal artisan de l’assassinat du roi Alexandre. Il a sans hésiter abattu le couple royal à coups de revolver, précipité les cadavres par la fenêtre, égorgé les deux frères de la reine ainsi que les principaux courtisans. Pour ces hauts faits, il a été proclamé par le Parlement sauveur de la patrie . Au reste, un organisateur de grande valeur. Dans la guerre balkanique, il a obtenu des résultats remarquables. Il ne s’embarrasse d’aucun scrupule. Il brûle d’une fièvre nationaliste sans limite. Ce qu’il veut, c’est la Grande Yougoslavie. Non seulement il est secrètement chef de la Main noire, mais il occupe aussi d’importantes fonctions officielles : chef du bureau d’informations au grand état-major serbe, il est maître de tout l’espionnage de son pays.
Princip a-t-il lui-même prêté le serment de la Main noire ? C’est loin d’être sûr. Il semble avoir adhéré à une autre société secrète : La Mort ou la Vie. Un de ses amis a même évoqué le serment que Princip avait prêté au fond d’une cave. C’est de cet engagement qu’allait découler l’assassinat de François-Ferdinand.
En fait, depuis les manifestations de lycéens auxquelles il a participé en 1912, Princip nourrit l’idée de mettre à mort un Habsbourg. Nous y sommes.
Quel effet Princip peut-il attendre d’un tel acte ? Tout pour lui découlait d’un dogme : l’occupation de son pays par les Autrichiens était injuste et d’ailleurs illégitime. Le devoir d’un Bosniaque était de chasser l’envahisseur et donc de le combattre. Le rapport des forces interdisant une guerre classique, armée contre armée, il ne subsistait qu’une possibilité : frapper à la tête. L’ exécution d’un Habsbourg prenait de ce fait une valeur exemplaire telle que l’on pouvait bien lui sacrifier sa propre vie.
Il faut
Weitere Kostenlose Bücher