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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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plonge dans le silence et la misère. Ce n’est qu’à la fin du siècle qu’une tentative d’insurrection sera fomentée par des hommes tels que Wolfe Tone, Fitzgerald et O’Connor. Ils tenteront d’obtenir l’aide de la France révolutionnaire qui expédiera, en 1796, quarante-cinq vaisseaux et une armée commandée par Hoche. La tempête empêchera cette flotte d’arriver à bon port. Il faudra remettre à plus tard la rébellion qui n’éclatera qu’en 1798. De nouveaux renforts français seront acheminés qui arriveront trop tard. À cet échec, Tone, Fitzgerald, O’Connor ne survivront pas.
    Après des années de résignation, pour défendre son île natale un avocat irlandais, O’Connell, décide de choisir la voie légaliste. Il se fait élire comme député à la Chambre des Communes. En tant que catholique, il est inéligible. Il mène une telle campagne contre cet abus qu’il triomphe. En 1829, il vient s’asseoir au milieu des députés anglais. Sans relâche, il lutte pour les libertés irlandaises, contre les abus les plus criants, contre l’inégalité de traitement entre Anglais et Irlandais. O’Connell sera arrêté, mais libéré en 1844 sur l’ordre des Lords.
    Jusqu’ici, les Irlandais ont eu surtout à souffrir des hommes. À partir de 1846, une maladie fond sur les plants de pomme de terre. Or ce tubercule constitue la nourriture presque unique des Irlandais. Pendant trois ans, il n’y aura pas de récolte de pommes de terre. Celles que l’on plante ne germent pas et pourrissent dans les champs. Rarement dans l’Histoire a-t-on constaté une telle famine : plusieurs centaines de morts chaque semaine. Des épidémies s’abattent sur ce peuple désespéré, affaibli par la faim. Pour beaucoup une seule ressource : l’émigration en Amérique. Plus d’un million d’Irlandais quittent leur île. En 1845, l’Irlande comptait 9 millions d’habitants, elle n’en aura plus que 6,5 millions en 1851.
     
    Cependant, en Angleterre, l’heure est au libéralisme. Quand Gladstone devient Premier ministre, il tient à relâcher l’étau qui, depuis si longtemps, enserre les Irlandais. Dans la catholique Irlande, plus de privilèges pour l’Église anglicane. Une loi agraire protégera les paysans. Progrès évidents, mais chacun sent qu’il faudra aller plus loin. Aux Communes, plusieurs députés irlandais, autour de Parnell, réclament hautement le Home Rule , c’est-à-dire l’autonomie interne.
    À deux reprises, en 1886 et 1893, Gladstone, fidèle à son programme libéral, va tenter de faire adopter le Home Rule . Une première fois, le projet est repoussé par les Communes. La seconde fois – beaucoup plus brutalement – par les Lords. Ce bastion conservateur ne veut tolérer aucune atteinte à ce qu’il considère comme un dogme : l’unité du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande. L’indissolubilité des deux îles s’exprime par un substantif parfaitement limpide : unionisme. Or c’est en Irlande que l’unionisme trouve ses plus ardents défenseurs.
    L’Ulster, à majorité protestante, ne souhaite nullement une autonomie irlandaise, avec un parlement que les catholiques domineraient. Les considérations de religion se doublent de préoccupations économiques : l’Ulster est plus riche que le reste de l’Irlande et, comme l’a écrit Maurice Chock en relatant cet épisode de l’histoire de l’Irlande, « a-t-on jamais vu les riches laisser de bon gré les pauvres décider à leur place ? »
    Quand naît le XX e   siècle, le combat pour le Home Rule se poursuit toujours. Les nationalistes irlandais disposent de quatre-vingts sièges aux Communes. Le parti libéral, dont les voix s’amenuisent en Angleterre, doit compter avec eux. Curieusement, mais logiquement, la revendication irlandaise a changé de but : il s’agit avant tout de faire abolir le droit de veto des Lords. Les députés irlandais savent que tant que les Lords pourront bloquer les lois votées par les Communes, l’autonomie de leur île restera mort-née. Cette revendication est inscrite au programme du parti libéral. Donc, les Irlandais votent avec les libéraux et, en 1911, le veto des Lords est aboli. Tout ce que ceux-ci pourront obtenir désormais, c’est de retarder de deux ans l’application d’une loi votée par les Communes. Le leader irlandais John Redmond triomphe : il avait toujours dit que l’abrogation du veto des Lords signifierait la victoire du

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