C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue
le visage, une balafre dont il est fier. Pilote automobile, il a remporté en course trois médailles d’or. Quand éclate la guerre, il est aspirant dans les Waffen-SS. Campagnes de France, de Yougoslavie, de Russie. Il se bat sans cesse et sans merci. Promu capitaine, on le charge de former une unité spéciale de sabotage et d’espionnage (106) . Coup sur coup, il mène à bien plusieurs missions difficiles.
Le 26 juillet 1943, il est en permission à Berlin quand on l’appelle au téléphone : il doit sans tarder rejoindre, en Prusse-Orientale, le quartier général de Hitler. Un avion l’attend.
Le soir même, avec d’autres officiers, il est présenté au Führer qui, brusquement, questionne :
— Qui d’entre vous connaît l’Italie ?
Personne ne bouge, excepté Skorzeny qui fait un pas en avant. Hitler enchaîne :
— Que pensez-vous de l’Italie ?
Skorzeny hésite. Puis :
— Je suis autrichien, mon Führer…
Voilà de quoi plaire à l’Autrichien Hitler. D’un mot, il renvoie tous les officiers présents et reste seul avec Skorzeny :
— Vous serez affecté à l’Armée de l’air et placé sous les ordres du général Student… En dehors de vous-même, cinq personnes seulement sont dans le secret.
Quand Student lui expose la mission qui l’attend, Skorzeny a un bref sursaut. Ce n’est pas rien. De toute façon, il sait déjà qu’il ira jusqu’au bout. Student et lui élaborent les premiers plans d’action : dès le lendemain matin, Skorzeny prendra l’avion pour Rome cependant que cinquante Waffen-SS quitteront Berlin pour le sud de la France. Ils rejoindront, en Italie, la 1 re division de parachutistes.
Aussitôt après avoir quitté Student, le colosse a dicté la liste du matériel dont il pense avoir besoin : grenades à main, plastic – le meilleur, c’est-à-dire l’anglais –, des détonateurs, du ravitaillement, des équipements coloniaux pour cinquante hommes, dix mitrailleuses et cinquante mitraillettes.
Le lendemain soir, Skorzeny dîne à Rome chez le maréchal Kesselring. Personne ne sait où se trouve Mussolini.
Dès cette minute, Skorzeny est en chasse. Il multiplie les entrevues, les interrogatoires, paye des indicateurs, provoque les indiscrets. Rien. Skorzeny découvre qu’il existe des secrets d’État dignes de ce nom. Plusieurs jours passent avant qu’une faille apparaisse dans cette muraille de Chine du silence. Des amis italiens lui révèlent qu’une femme de chambre de leur connaissance file le parfait amour avec un carabinier en garnison à Ponza. Elle a appris par lui la présence dans l’île d’un « prisonnier de très grande importance ». Skorzeny lance ses filets. Information confirmée : Mussolini s’est bien trouvé à Ponza.
Il n’y est plus.
Le 1 er août, le major Otto Harold Mors arrive à Rome. Il commande le bataillon d’élèves parachutistes allemands. Son premier soin est de mettre en lieu sûr plusieurs camions. Dès que l’on aura retrouvé Mussolini – pour Mors l’éventualité ne fait pas de doute – ils serviront à transporter les hommes du commando qui délivrera le Duce.
Au même moment, un certain Holden, diplomate allemand en poste à Rome et mêlé étroitement à l’entreprise des fausses livres sterling fabriquées à l’initiative de Heydrich, apprend d’un informateur payé fort cher – en fausses livres bien sûr – que Mussolini a été transféré à la Maddalena.
Le 8 août, Skorzeny décolle à bord d’un Heinkel 111 . À la Maddalena, il survole la villa Weber, reconnaît Mussolini et met aussitôt le cap sur la Corse pour rejoindre un détachement de SS avec lequel il prévoit d’attaquer la prison de Mussolini.
Alors que l’appareil file au-dessus de la mer, deux chasseurs anglais le repèrent, le poursuivent, le rejoignent, ouvrent le feu sur lui. Touché, le Heinkel pique vers les vagues. Le contact avec l’eau se révèle particulièrement brutal. Par chance, tout l’équipage du Heinkel est sauf, Skorzeny y compris. Tout le monde s’entasse dans le canot pneumatique de l’appareil.
Un drame : Skorzeny a laissé échapper sa serviette et son appareil photo. Il plonge, récupère l’une et l’autre, se hisse de nouveau dans le canot. Quelques jours plus tard seulement, il saura qu’il a trois côtes cassées.
Autour d’Adolf Hitler, un entourage impressionnant : le maréchal Goering, le maréchal Keitel, le grand amiral
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