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C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue

Titel: C’était le XXe siècle T.3. La guerre absolue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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cette manière ? L’idée est séduisante, mais qui peut garantir qu’elle réussira ? À-t-on le droit d’exposer la vie du Duce ? Quelle serait la réaction de Hitler si le pire advenait ? On s’arrête en définitive à une manœuvre simultanée : 1. Un Fiseler Storch se posera près du Campo Imperatore , mais il ne sera utilisé qu’en cas de nécessité absolue. 2. Un autre appareil de ce type atterrira dans la vallée au bas du téléphérique. C’est celui-là que rejoindra Mussolini. Sur tous les points, on est tombé d’accord. L’opération aura lieu le 12 septembre. Pendant que Skorzeny et les planeurs atterriront près de l’hôtel, Mors attaquera en bas la station du téléphérique.
    Idée ultime : un Italien sympathisant, le général Soleti, sera déposé près de l’hôtel en même temps que Skorzeny. Son arrivée ne manquera pas de déconcerter les Italiens. On rappelle que la mission de Skorzeny est subordonnée à l’autorité de Mors et que les hommes du commando sont placés sous les ordres du lieutenant von Berlepsch. Le commandement de la formation de planeurs est attribué au lieutenant Heindereich. Skorzeny et Soleti prendront place dans l’appareil n° 3.
    Dans son journal, Mors notera : « Je vis clairement, en tant que chef absolument autonome et seul responsable de l’action, que je ne devais pas revenir sans le Duce et qu’en cas d’échec de l’entreprise, je n’aurais plus qu’à en tirer les conséquences comme un commandant de navire de guerre…»
    La nuit suivante, le général italien Cueli, responsable de la défense du Campo Imperatore , reçoit ce message de Badoglio : « S’il le faut, couper le câble du téléphérique. Si M. tente de s’enfuir, le tuer. »
     
    Dimanche 12 septembre, 2 heures du matin. La colonne motorisée que commande Mors roule vers le Gran Sasso. À 13 heures, les douze planeurs et les avions qui les remorquent décollent de l’aérodrome de Pratica di Mare. Temps splendide.
    En route, quatre des planeurs s’égarent. Il n’en reste donc que huit, soit soixante-douze hommes au lieu de quatre-vingt-dix. Le problème, c’est que le lieutenant von Berlepsch, qui commande la mission, se trouve dans l’un des quatre planeurs perdus. Le pilote du n° 3 demande ;
    — Qui prend le commandement ?
    — Je prendrai moi-même le commandement jusqu’à l’objectif, répond Skorzeny  (107) .
    14 heures. Les planeurs survolent le Campo Imperatore . Skorzeny, qui a découpé des trous dans la toile de son planeur pour mieux voir la vallée, découvre avec soulagement que la colonne de Mors a déjà pris position près de la station du téléphérique.
    Un ordre de Skorzeny :
    — Mettez vos casques et larguez les amarres !
    Les avions remorqueurs s’éloignent. Escortés seulement par le bruit du vent, les planeurs piquent vers le plateau. Le pilote du n° 3 cherche la prairie « parfaitement plate », repérée sur les photographies. Epouvanté, il s’aperçoit que cette prairie est aussi inclinée qu’un tremplin de ski. Je l’ai vue, cette pente. Un homme à pied ne peut la remonter que s’il est un sportif accompli. Atterrir là ? Folie. Le seul terrain à peu près plane se trouvé sous les murs de l’hôtel. C’est là que l’on se posera, en risquant – bien sûr – que la garde italienne ouvre aussitôt le feu.
    Le n° 3 atterrit sans trop de dommages : on casse un peu de bois, on arrache les toiles. L’important, c’est que les hommes sont tous sains et saufs. Il en sera ainsi pour sept des huit planeurs qui vont, dans un ordre impeccable, atterrir ensuite. Seul le n° 8 se fracassera en touchant le sol.
    Le premier, Skorzeny a sauté à terre, suivi du général Soleti et de huit hommes. Devant eux, un carabinier effaré. Skorzeny hurle :
    —  Mani in alto ! (Mains en l’air !)
    Avec un automatisme remarquable, le carabinier obéit.
    À une fenêtre du second étage, se campe un homme chauve, les bras croisés. Mussolini a vu les planeurs se poser, les hommes bondir hors des appareils déchirés. Parmi les uniformes allemands, il a repéré un officier italien. Il crie à l’adresse des carabiniers :
    — Ne tirez pas ! Ne tirez pas ! Il y a un général italien. Tout va bien.
    Brusquement, la porte de son petit salon s’ouvre pour laisser place au lieutenant Faiola, hors d’haleine.
    — Excellence, Excellence ! Les Allemands !
    Comme Mussolini, pour mieux voir, se penche

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