Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
vôtres. La manifestation n’a eu lieu que grâce à lui !
    Cette fois les paras ne sont plus seuls à crier. Le cri de « Vive Salan » s’amplifie notablement.
    — Voici la proclamation du général : « Algérois, ayant la mission de vous protéger, je prends provisoirement en main les destinées de l’Algérie française. Je vous demande de faire confiance à l’armée et à ses chefs, de le montrer par votre calme et votre détermination. »
    Pour que tout soit bien clair, Thomazo ajoute :
    — Le général Salan se met à votre tête !
    Les paras n’ont plus besoin de donner de la voix. Une formidable ovation déferle sur la place plongée dans la nuit :
    — V IVE SALAN  !
    Épuisée, contente, le cœur à l’aise, la foule, à 3 heures du matin, rentre chez elle.
     
    Le 14 mai – première journée où le printemps se fait torride – une foule aussi nombreuse se porte sur le Forum. À cette différence près qu’elle trouve des UT blindées placées opportunément aux points stratégiques. Pour Salan, toujours loyaliste, la journée se passe à négocier avec Paris. Toute la journée, au balcon du GG, des orateurs improvisés tiennent en haleine les partisans inébranlables de l’Algérie française. Pflimlin, fort mécontent – au Palais-Bourbon, il a parlé la veille des « généraux factieux d’Algérie » – réduit, d’un trait de plume, à la région d’Alger les pouvoirs civils et militaires du commandant en chef. Il ordonne un quasi-blocus de l’Algérie. Le nouveau ministre de l’Algérie, André Mutter, et le ministre de la Défense, Pierre de Chevigné, déclarent publiquement qu’il faut « mettre de l’ordre à Alger ». Ils interdisent aux préfets et généraux présents en Algérie d’obéir à des instructions qui ne proviendraient pas de Paris. Salan, appelant au téléphone Pflimlin, proteste de sa loyauté et, de ce fait, suscite de cruelles interrogations chez le président du Conseil. En vérité, comment comprendre de loin ce qui s’est déroulé, le 13 mai, à Alger ?
    Au moins cette journée marque-t-elle, pour Salan, une réelle satisfaction : quand, dans sa voiture découverte encadrée d’impeccables motards, il traverse Alger, on l’acclame  (87) . Il préfère cela à des sifflets mais continue à se demander comment tout cela finira. Il tient à rendre visite au GG et Delbecque tâche de le convertir au retour du général de Gaulle :
    — La solution, mon général. La seule.
    Salan se tait. Il n’aime pas de Gaulle.
     
    Le 15 mai, jour de l’Ascension, six mille hommes et femmes sont toujours devant le GG. Le Comité de Salut public s’est gonflé : il compte maintenant quarante membres dont quatre musulmans recrutés d’urgence. À 10 heures du matin, Salan s’adresse à eux dans la salle des conférences où ils tiennent avec peine. Portant beau comme toujours, détendu par ses succès populaires, le Chinois leur parle sans apprêt et leur confie des impressions qui les touchent.
    — Je suis des vôtres… Mon fils, perdu très jeune, est enterré au cimetière de Clos-Salembier. Je ne saurais oublier qu’il repose dans cette terre qui est la vôtre…
    Quand il achève, Delbecque s’approche :
    — Mon général, c’est à la foule du Forum qu’il faut dire ça !
    Il y consent. Delbecque le précède sur le balcon :
    — Ici Léon Delbecque, vice-président du Comité de Salut public. Le général Salan vous parle.
    Quand Salan s’avance, Delbecque recule d’un pas. On acclame le commandant en chef, ce que celui-ci trouve désormais tout à fait naturel. Il reprend le même thème – son fils enterré dans cette terre –, affirme que « notre sincérité ramènera à nous tous les musulmans » et que le but à atteindre, c’est « l’écrasement de la poignée de terroristes rebelles à l’autorité ».
    Derrière lui, Delbecque écoute. Salan achève :
    — La victoire, c’est la seule voie de la grandeur française. Je suis donc avec vous tous. Vive la France ! Vive l’Algérie française !
    D’évidence, c’est fini. Salan amorce un demi-tour, mais Delbecque lui barre la route, se penche et souffle :
    — Vive de Gaulle !
    Réflexe automatique, Salan se retourne vers le micro et lance :
    — Vive de Gaulle !
    Stupéfaite, la foule marque un moment d’hésitation. Le plus étonné est sans doute le général Salan. Déjà les Algérois présents – autre réflexe conditionné –

Weitere Kostenlose Bücher