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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Gaulle.
    Au début de l’après-midi, le plan de Delbecque semble devoir être appliqué correctement. Le général Allard a donné au colonel Trinquier l’ordre de mettre en état d’alerte ses trois compagnies et de les acheminer, entre 16 h 30 et 17 heures, sur Alger.
    Entre activistes et gaullistes, la méfiance reste de règle. Chacun surveille l’autre du coin de l’œil. Dans Alger, les boutiques sont closes, les tramways en grève, tous les passants arborent des cocardes tricolores. Dès 15 heures, des dizaines de milliers d’hommes et de femmes à pied se dirigent vers le square Lafférière où se dresse le monument aux morts : un véritable fleuve humain d’où émergent les drapeaux et les banderoles. À 16 heures, les jardins sont envahis par une foule immense. À 17 heures, on estime qu’il y a là 100 000 personnes environ. En apparence, cette foule est calme. De temps à autre, un haut-parleur mugit une question de ce genre :
    — L’Algérie, est-ce que vous l’abandonnerez ?
    Unanime, la foule répond :
    — Jusqu’au bout, nous la défendrons !
    À 17 h 55, règne la confusion la plus totale. Le slogan qui domine maintenant :
    — L’armée au pou-voir ! L’armée au pou-voir !
    À 18 heures, à l’arrivée du général Salan, La Marseillaise retentit. Tout se passe, il faut le reconnaître, dans la discipline et l’ordre.
    À 18 h 15, Salan se retire. Alors un cri, surgi d’on ne sait où :
    — Les CRS nous ont provoqués sans aucune violence de notre part ! Tous au Gouvernement général !
    S’agit-il d’une manifestation spontanée ? Naturellement non. Juste après le départ de Salan, Martel a brandi son grand drapeau. Un simple échange de regards entre Martel et Lagaillarde. Les deux hommes se sont compris. Ils s’élancent.
    La grille du GG est fermée. Il suffit d’un camion qui fonce en marche arrière pour la faire éclater.
    Une minute après, Lagaillarde est au balcon. Quoique réserviste, il a revêtu un uniforme de parachutiste, ce qui le rend plus reconnaissable. On l’acclame. Il appelle la foule à pénétrer dans le bâtiment. Personne ne se fait prier. Un instant plus tard, les machines à écrire et les dossiers volent par les fenêtres.
    D’évidence, Delbecque a été pris de vitesse par les activistes. Impossible de se dégager de cette mer qui l’enserre. Impossible de rejoindre le GG. L’opération se fait, là, sous ses yeux, sans qu’il puisse intervenir. Il piaffe, il enrage, tâche de se libérer de la masse humaine. En vain.
    Au premier rang des assaillants, Robert Martel a pu passer, lui. Il a gravi l’escalier. Il débouche dans la salle où Lagaillarde et ses amis viennent de pénétrer eux-mêmes. Avidement, ils se tournent vers lui :
    — Où sont les chefs ?
    N’oublions pas que Martel, depuis des semaines, leur annonce que, le jour venu, les chefs seront là. Le chouan se voit contraint de leur répondre :
    — Celui que nous attendions n’est pas arrivé.
    Pourquoi le général Cherrière n’est-il pas à Alger ?
    L’affaire n’a jamais été éclaircie totalement. Cherrière se fut-il trouvé au GG ce jour-là, à cette heure-là, l’histoire aurait pu s’écrire tout autrement. Peut-être de Gaulle ne serait-il jamais sorti de sa retraite.
    Cependant, si les activistes se trouvent sans chef, les gaullistes n’en ont pas non plus !
     
    Neuwirth se trouve à la rédaction du Bled , le journal de l’armée, quand il apprend que la foule a envahi le GG. Dans l’instant, il bondit. Il faut, il faut absolument qu’il rejoigne le GG mais comment fendre la foule, de minute en minute plus compacte ? Une collaboratrice du Bled se mue en agent du destin. Elle explique à Neuwirth qu’il existe un souterrain par lequel on peut s’introduire dans le GG. On se croirait dans un roman de Dumas !
    Revêtu de son uniforme de lieutenant – n’oublions pas qu’il effectue une période – Neuwirth requiert les services d’une équipe de circulation routière qui le suit. Il a pris soin de se munir d’un système de sonorisation : on va voir que c’est important. Les voilà devant la porte qui donne accès au souterrain. Neuwirth entre, ferme à clé derrière lui – on ne sait jamais –, ce qui lui permet de faire irruption dans le bureau très peu de temps après Lagaillarde. Le président des étudiants lorgne vers l’appareil de sonorisation, demande à Neuwirth d’installer le micro et le

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