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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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d’organisateur se confirment si exceptionnelles que l’historien britannique Trevor-Roper n’hésitera pas à employer à son propos le mot « génie ».
    Dans les hautes sphères du national-socialisme, on estime déjà Eichmann à sa valeur ; on le choisit pour rejoindre, sous les ordres de Heinrich Müller, les rangs de la Gestapo. En 1940, Heydrich lui donne la haute main sur un service baptisé IV B 4 . Autrement dit : la « sécurité raciale ». Il va y démontrer toute son efficacité.
    La guerre engendre une orientation nouvelle des doctrines nationales-socialistes. Plus question que les Juifs émigrent. Dès l’entrée, en 1939, des troupes allemandes en Pologne, les massacres commencent. Le regroupement des Juifs dans les ghettos confirme les « dons » d’Eichmann. Lentement, mais sûrement, il progresse dans la hiérarchie. Le plus curieux est qu’il ne dépassera pas le grade d’ Obersturmbannführer – lieutenant-colonel. Doté de ce grade, il va figurer dans toutes les réunions où se retrouvent les hauts dignitaires du régime et au cours desquelles seront prises, à l’encontre des Juifs, des mesures impitoyables. Si, le 20 janvier 1942, à Wannsee – un quartier aristocratique de Berlin – Heydrich anime la conférence, c’est Eichmann qui a préparé les notes dont il s’inspire. L’heure est venue d’une solution radicale du problème juif. L’Allemagne a décidé de régler le sort des onze millions de Juifs d’Europe. Heydrich explique :
    « Les dispositions légales, c’est-à-dire l’émigration, n’ont plus cours et, à leur place, l’évacuation des Juifs vers l’Est a paru indiquée en vue de résoudre le problème. Cette mesure indique pour les Juifs le départ vers l’Est, où on les mettra au travail. Par exemple, des colonnes, par sexes séparés, iront construire des routes. Beaucoup d’entre eux périront de mort naturelle. On réservera aux survivants un “traitement spécial” ; en effet, étant les plus résistants, par le simple jeu de la sélection naturelle, ils risquent de former le noyau d’une nouvelle juiverie. L’Histoire nous met en garde contre semblable erreur  (97) . »
    Ce jour-là, à Wannsee, on désigne le responsable de toutes « les nécessités administratives, techniques et matérielles » de ce programme : c’est le chef de service Adolf Eichmann.
     
    On ne prête qu’aux riches. Plus tard, on a attribué à Eichmann toute l’organisation du système concentrationnaire, on a voulu qu’il ait présidé au fonctionnement de l’ensemble des camps de la mort. La seule vérité se suffisait à elle-même. Si la section placée sous ses ordres était « modeste » selon Raul Hilberg, spécialiste incomparable de la « solution finale », elle intervenait en des situations multiples  (98) . Dans les territoires ex-polonais, sa compétence s’étendait aux arrestations et au transport. Les bureaux régionaux de la Gestapo et les Offices centraux pour l’émigration juive étaient à sa disposition. Dans les pays satellites et occupés – de l’Europe de l’Ouest aux Balkans – jusqu’au sein des ambassades allemandes ou auprès des membres de la haute hiérarchie de la SS et de la police, Eichmann a installé des « experts pour les affaires juives ». Raul Hilberg précise que, « dans ces territoires étrangers, l’appareil d’Eichmann prit en main toute la phase de déracinement des communautés juives en vue de la déportation, notamment la mise en place d’une législation antijuive, les diverses définitions et classifications des victimes juives, et le calendrier ainsi que l’obtention des transports. »
    Les comptes rendus du procès de Nuremberg confirment l’étendue des compétences de Eichmann  (99) . Rudolf Franz Höss, commandant du camp d’Auschwitz, affirme que Eichmann s’y est rendu à plusieurs reprises. L’ Obersturmbannführer n’e st pas fondamentalement un homme de terrain mais sa conscience professionnelle le conduit à vérifier, sur les lieux mêmes, les résultats tangibles de son activité.
    Pour déporter des millions d’hommes, de femmes, d’enfants vers l’Est – terme mystérieux qui signifie la mort –, l’organisation des transports se révèle essentielle. Dans ce domaine, Eichmann excelle. Les trains deviennent ses trains. Ils circulent d’un bout à l’autre du continent. Ils partent et arrivent à l’heure fixée. Dans les wagons soigneusement

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