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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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de 1957, la maison du 4261, rue Chacabuco, divisée en deux parties, comportait deux compteurs d’électricité, l’un au nom de Dagoto, l’autre au nom de Klement ou Klements.
    Au début de 1959, on en est toujours là. Il devient évident – juge Isser Harel – que l’on n’obtiendra plus rien de Lothar Hermann. On interrompt les relations avec lui.
    Tout à coup, le 11 octobre 1959, une nouvelle fait la « une » des journaux israéliens : Eichmann est au Koweït où il travaille pour une compagnie pétrolière. Fausse piste.
    Décembre 1959. Le procureur Fritz Bauer se rend en Israël. À son retour, il apporte à Isser Harel une brassée d’informations de première importance qui permettent – d’après une source qu’il ne peut désigner – de suivre pratiquement à la trace Eichmann depuis 1945. En 1950, muni de papiers au nom de Ricardo Klement, il aurait rendu visite à sa femme en Autriche. En 1952, on trouve le même nom dans l’annuaire téléphonique de Buenos Aires. Ce Klement a tenu une blanchisserie dans le quartier d’Olivos et a fait faillite. Il a trouvé une situation dans une compagnie d’électricité. En 1958, il travaillait toujours pour cette compagnie.
    Pour Isser Harel, le nom de Klement surgit tel un signe du destin. Lothar Hermann n’a-t-il pas signalé que l’un des deux abonnés à l’électricité de la rue Chacabuco s’appelait Klement (ou Klements) ?
    Les nouveaux renseignements recueillis apparaissent si importants que Harel juge le moment venu d’enquêter de nouveau en Argentine sur la famille Klement. Afin de savoir si Ricardo Klement est bien Adolf Eichmann.
    S’il est prouvé que Klement et Eichmann ne sont qu’un seul et même personnage, Harel sait maintenant qu’il préconisera le jugement d’Eichmann en Israël. « Le procès d’Eichmann serait le couronnement de l’opération et j’avais la conviction que présenter Eichmann devant un jury israélien serait un acte d’une prodigieuse portée morale et historique. » Question : est-il conforme aux lois internationales de présenter à un tribunal un homme qui a été enlevé dans un autre pays ? Deux juristes répondent affirmativement. On cite des précédents.
    Un premier groupe d’agents israéliens va donc enquêter en Allemagne et en Autriche. Leur mission : faire parler les familles Eichmann et Liebl.
     
    On interroge la mère de Vera. À son insu, on examine sa correspondance. Rien. On tente d’obtenir des confidences des frères d’Eichmann, de ses amis proches, de ses voisins. Échec total. Au seul nom d’Adolf Eichmann se lève devant les investigateurs comme un mur d’airain. Tout ce que l’on apprend, c’est que Vera Liebl a vécu après la guerre au village d’Alt-Aussee. Ses fils fréquentaient l’école. Cependant, en 1952, après les vacances de Pâques, les jeunes Eichmann n’étaient pas retournés en classe. On n’avait jamais revu Frau Liebl ni ses fils.
     
    Le 1 er mars 1960, l’agent Yossef Kenet arrive à Buenos Aires. Il sait qu’il peut prendre contact avec quatre personnes, résidant toutes en Amérique latine, et qui se sont portées volontaires pour l’aider. Parmi elles, une jeune femme, Hedda.
    Yossef Kenet et Hedda ont parfaitement conscience qu’il faut jouer serré. La moindre fausse manœuvre peut compromettre l’avenir entier de l’opération. Quel pion va-t-on avancer d’abord ?
    La clé de tout, c’est le patronyme Eichmann. Si l’on parvient à démontrer que Klement et Eichmann sont un seul et même personnage, on aura accompli un pas immense. On décide donc de tendre un piège à l’un des fils Eichmann, ce Nicolas qui flirtait avec la charmante fille de Lothar Hermann. Le jeune homme – souve-nons-nous-en – se présentait sans complexe comme Nicolas Eichmann . C’est là-dessus qu’on va jouer. À la demande de Kenet, Hedda engage un coursier et le charge de porter un briquet à Nicolas Klement , 4261, rue Chacabuco, Olivos. Ceci le 4 mars, jour anniversaire de Nicolas Eichmann . Le coursier – un certain Pedro – trouvera vide l’appartement des Klement. Des peintres y travaillent et déclarent que les Klement sont allés habiter ailleurs. Leur nouvelle adresse ? Les peintres l’ignorent. L’un d’eux, en interrogeant sa mémoire, croit se souvenir qu’il s’agit de San Fernando. Un autre, pétri de bonne volonté, va conduire Pedro jusqu’à un atelier voisin : là, dit-il, travaille l’un des fils

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