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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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rue Garibaldi. Les deux agents, bien sûr, ont longuement examiné les photos mais leur saisissement est grand quand ils découvrent la réalité. La voiture s’est arrêtée. L’étrange maison inachevée est là, sous leurs yeux. Littéralement ils la dévorent des yeux.
    Or, soudain, ils aperçoivent un homme qui, à grands pas, marche vers cette maison. À l’image des grands fauves à l’affût, Kenet se ramasse sur lui-même. Entre ses dents, il lance :
    — C’est lui !
    Le souffle des autres se précipite. Lui ! L’un des agents, Ezra, descend de voiture. De loin, il suit Klement jusqu’à ce qu’il le voie franchir le seuil de sa porte. C’est alors que, derrière la maison, Ezra repère un remblai de chemin de fer. Il le rejoint, le gravit : un observatoire idéal ! Il n’y reste que quelques instants. Cela suffit.
     
    Le dimanche 1 er mai, Isser Harel lui-même arrive à Buenos Aires. L’un des agents, Ehud, l’attend à l’aéroport et le conduit dans un appartement loué par l’équipe : leur première « planque ». S’y trouvent réunis les principaux membres du groupe. Harel écoute leurs rapports. Ils sont éloquents : le 27 avril, à 19 h 45, à la nuit tombée, des observateurs, postés sur le remblai du chemin de fer, ont vu Klement descendre du bus 203, venant de San Fernando, s’avancer sur la route 202, tenant à la main une torche électrique, tourner dans la rue Garibaldi et entrer chez lui. Le lendemain, 28 avril, également à 19 h 45, ils ont vu Klement descendre du bus 203, suivre le même parcours, sa lampe électrique à la main, et rentrer chez lui. Comment douter qu’Eichmann ne regagne, chaque jour à la même heure, son domicile ?
    Mais si l’on parvient à enlever Klement, où le conduira-t-on ? Plusieurs membres de l’équipe cherchent activement une maison à l’abri des regards indiscrets. Ils ne l’ont pas encore trouvée. Isser Harel les invite à hâter leurs recherches. Le 3 mai, après être allé repérer lui-même la maison où habite Klement-Eichmann – et avoir découvert avec le même étonnement que les autres son aspect misérable – Isser Harel visite une villa, située en dehors de la ville. Elle peut loger un certain nombre de personnes : le prisonnier, les gardiens, le médecin. Ce n’est pas le rêve mais le temps presse. Isser Harel donne l’ordre de conclure. Menashe Talmi signe le contrat. Dès cet instant, la maison est aux mains du commando. Isser Harel lui donne son nom de code : Tira (palais).
    Le même jour, d’autres agents, toujours à la nuit tombée, voient encore une fois – la sixième – Klement rentrer chez lui.
    Mais, le même 3 mai, les autorités argentines ont fait savoir qu’elles ne pourraient recevoir la délégation israélienne que le 19 mai. Ce qui signifie que le vol spécial va être retardé d’une semaine entière .
     
    Que faire ? Repousser la date de l’enlèvement ? C’est courir deux risques : que Klement reparte travailler à Tucuman ou que les agents israéliens finissent par se faire remarquer. En outre, si on l’enlève et si on le garde en captivité une semaine de plus, c’est donner le temps à sa famille et à ses amis de prévenir la police, laquelle se mettra en chasse et pourra découvrir la « planque » israélienne. Isser Harel a remarquablement exposé le dilemme qui se posait à lui : « J’avais à choisir entre deux maux : prolonger une séquestration dans un pays étranger, dans des conditions de sécurité aléatoires avec tout le danger que cela comportait, et rater une chance inouïe d’amener devant un tribunal israélien le monstre responsable de la Solution finale . En d’autres termes il y avait, d’un côté, un risque qui, pour prolongé qu’il fut, n’était que temporaire, et, de l’autre, un crime pour lequel il n’y avait pas de pardon. » L’hésitation d’Isser Harel ne dura pas : « Le lendemain matin, je donnai pour instructions aux hommes de continuer comme si de rien n’était et de se tenir prêts pour la capture au jour fixé le 10 mai 1960. »
     
    Au cours des jours suivants, on présente à Harel une autre maison qui, selon lui, correspondra mieux aux exigences de la captivité d’Eichmann. Il s’empresse de la louer et lui donne le nom de code de Doron (le don). On lui en présente une troisième, offrant des avantages différents. Il la loue également. Cette fois, le nom de code sera Ramin (hauteurs).
    Un

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