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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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signaient de leur prénom.
     
    L’accablante pérennité du Mur n’a jamais dépendu des Allemands eux-mêmes : comme pour tous les pays de l’Est sous contrôle soviétique, la solution est toujours demeurée à Moscou. Avec cette différence énorme par rapport à la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Bulgarie, autres dépendances de l’Union soviétique : le Mur, symbole de la Guerre froide, courait au cœur de l’Allemagne. Il avait, d’année en année, pesé davantage, « fardeau psychologique » accablant ceux qui le côtoyaient. Un médecin de Berlin-Est en était même venu à publier un livre sur les maux – à commencer par les suicides – nés de sa présence obsessionnelle. Il l’avait intitulé : Le Mal du Mur .
    Curieusement, les changements profonds de mentalité survenus, dès le printemps 1988, en Pologne et en Hongrie alors que se confirmait, en URSS, la politique de perestroïka (restructuration) lancée par Mikhaïl Gorbatchev, ne semblent guère avoir suscité de contagion en RDA, pas plus auprès de son gouvernement que de ses habitants. À l’automne de la même année, de grandes grèves, avec occupation des lieux de travail, se succèdent partout en Pologne. Lors du vingtième anniversaire de l’invasion de la Tchécoslovaquie, dix mille Tchèques défilent dans Prague au nom de « Dubcek ! » et « Liberté ! ». Quarante mille Hongrois manifestent à Budapest pour protester contre le joug communiste. Un mot jaillit de toutes les lèvres : émancipation . Parmi les pays de l’Est, la RDA attendra longtemps avant de se détourner de l’URSS. C’est paradoxalement lors de la célébration du quarantième anniversaire de sa fondation que la « chaudière », selon le mot de Thimothy Garton Ash, explose  (118) . Le 7 octobre 1989, Gorbatchev en personne a fait le voyage. Les foules se pressent pour apercevoir sa tache sur le front. La télévision diffuse ses déclarations. Surprise : on l’entend dire que « la vie elle-même se charge de punir les retardataires. » Rencontrant Erich Honecker, successeur d’Ulbricht depuis 1971 et qui, sans relâche, a œuvré au renforcement de l’alignement Sur l’URSS, Gorbatchev souligne que « les troupes soviétiques ne sont pas là à des fins de répression intérieure ».
    Le lundi 9 octobre, Gorbatchev quitte Berlin. À Leipzig, les manifestations d’opposition déclenchées depuis plusieurs jours ont été, jusque-là, violemment réprimées par la police. Après le 9, on laisse faire. Le nombre des manifestants ne cesse plus de s’accroître allant, dans la seule ville de Leipzig, jusqu’à atteindre « pacifiquement » 70 000, puis le double, puis 300 000 et, affirme-t-on, 500 000 ! D’un bout à l’autre de la RDA, on exige maintenant des élections libres. Le monolithe s’effondre, le gouvernement démissionne. Après quoi, le jeudi 9 novembre 1989, la direction du Parti ouvre le Mur.
     
    Les images courent le monde de cette muraille d’Allemagne où s’élargissent les premières brèches. Les plus audacieux de l’Est s’y engouffrent. Ceux de l’Ouest, accourus de tous les secteurs, de tous les quartiers, les applaudissent frénétiquement, se jettent sur eux, les embrassent. Les sanglots se mêlent aux cris de joie. Très vite, les bulldozers interviennent, des pans entiers du Mur haï s’effondrent. La nuit tombée n’arrête rien. D’énormes foules passent à l’Ouest. D’autres foules, non moins considérables, les saluent de leur enthousiasme.
    Ce qui frappe une photographe française, c’est, au cours de cette nuit et celles qui suivront, le contraste entre l’obscurité quasi totale qui pèse sur Berlin-Est et la violence de la lumière diffusée par les projecteurs frappant de plein fouet les visiteurs inespérés. À l’Ouest, la ville explose de mille feux, comme si elle voulait démontrer que le jour – même artificiel – peut se substituer à la nuit.
    Les jours suivants, la rencontre des deux villes se mue en folie. Pendant le week-end, deux millions de citoyens de la RDA envahissent Berlin-Ouest, arrêtent la circulation sur la Kurfurstendamm. Un flot ininterrompu d’hommes et de femmes se ruent dans la ville qu’ils désespéraient de revoir ou de découvrir jamais. Les cabas se remplissent de marchandises qui n’existaient pour eux qu’à l’état de rêve. L’Ouest et l’Est fraternisent dans les débits de boisson. Jamais à Berlin, on

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