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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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été pris dans les faisceaux d’un radar. Comme tout cela pèse lourd, on se contente d’un seul pilote enveloppé dans une combinaison pressurisée et ne respirant qu’à l’aide d’un masque. Afin d’alléger l’appareil, on a même supprimé le train d’atterrissage. Au décollage, l’ U-2 utilise un train détachable largué lors de l’envol. Pour atterrir, il se pose sur une sorte de patin fixé sous le ventre du fuselage.
    Pourquoi, le dimanche 14 octobre 1962, deux U-2 survolent-ils l’île de Cuba ?
     
    Trop longtemps, Cuba a vécu sous le pouvoir exorbitant et cruel de dictateurs soutenus par les grands propriétaires et qui, eux-mêmes, ne songeaient qu’à accumuler d’immenses fortunes personnelles. Ce lut le cas de Batista, le dernier en date. Aux ouvriers agricoles utilisés pour la culture de la canne à sucre, on versait des salaires qui figuraient parmi les plus bas du monde. L’insupportable ne peut pas durer toujours. Des révoltes ont éclaté, plusieurs fois brisées et écrasées dans le sang. Le fils d’un riche planteur s’est paradoxalement mêlé à ces complots. Docteur en droit de l’Université de La Havane, il a combattu d’abord le tyran dominicain Trujillo puis, en 1953, le gouvernement de Batista. Il s’appelle Fidel Castro. En décembre 1956, en compagnie de volontaires déterminés à chasser Batista, il a débarqué sur une plage de Cuba. L’insurrection a fait tache d’huile. Le 1 er janvier 1959, Batista s’est enfui en République dominicaine. Le 15 février, Fidel Castro est devenu Premier ministre. Longtemps, on a ignoré ses véritables options politiques. Lors de la tentative avortée d’exilés cubains, appuyés par les États-Unis, d’abattre le régime castriste en débarquant à la baie des Cochons, Fidel Castro, fort de sa victoire, s’est officiellement proclamé marxiste-léniniste. De mois en mois, les liens se sont resserrés avec Moscou. Au grand dam des États-Unis, Cuba est devenu un allié privilégié de l’Union soviétique.
    Pour comprendre les sentiments des Américains, il suffit de considérer une carte. La longue île s’étale, comme une provocation, à cent cinquante kilomètres des côtes de Floride et de Miami. Une dictature communiste sous leur nez, à leur porte, tel se présentait, aux yeux des Américains, le régime de Fidel Castro. En 1960, les républicains étant au pouvoir, le leader démocrate John F. Kennedy, sénateur du Massachusetts, a dénoncé avec force un tel état de fait : « La transformation de Cuba en une base communiste, à quelques minutes de nos côtes – que ce trajet soit parcouru par un avion, une fusée ou un sous-marin –, constitue un événement extrêmement dangereux. Il est incroyable que le gouvernement actuel – un gouvernement républicain – tolère cette situation. »
    Depuis lors, Kennedy est devenu président des États-Unis. Soucieux de logique, il a encouragé, puis couvert la lamentable expédition de la baie des Cochons. Très évidemment traumatisé par un échec qui signifiait celui de son administration entière, il s’est depuis gardé de rien entreprendre contre Castro. Même, rencontrant à Vienne Nikita Khrouchtchev, nouveau maître de l’Union soviétique, il a reconnu devant celui-ci que l’affaire de la baie des Cochons n’était rien d’autre qu’une « erreur ». Khrouchtchev – de plus en plus bougon et truculent – a approuvé aussitôt, rétorquant que les Soviétiques, eux aussi, savaient reconnaître leurs erreurs. D’évidence, il s’agissait de celles de Staline que lui-même avait abondamment dénoncées et pas des siennes. De Vienne, Khrouchtchev a emporté de Kennedy une opinion mitigée, oscillant entre l’indulgence et le dédain, le considérant plutôt comme un bon jeune homme qui avait tout à apprendre en politique internationale.
    Sur ce jeune homme – dont le monde entier a découvert la silhouette élancée, la discrète élégance, l’épaisse touffe de cheveux châtains et le sourire irlandais – les républicains tirent maintenant à boulets rouges. À propos de Cuba, l’attaquant est devenu l’attaqué. Il est vrai que l’on doit voter bientôt aux États-Unis : exactement le premier mardi de novembre 1962.
    Le républicain Capehart, sénateur de l’Indiana, réclame l’invasion immédiate de Cuba. Kennedy profite d’un discours électoral pour lui répondre :
    — Quant à ces messieurs qui jouent au général

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