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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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à Cuba.
    Kennedy pose ses journaux. Il regarde Bundy. En un instant, son visage s’est creusé. Un silence profond pèse sur la pièce. Puis, lentement, le président déclare qu’il veut connaître la nature exacte des preuves. Le conseiller spécial du président, Arthur M. Schlesinger Jr., témoignera que, dès que JFK fut convaincu que celles-ci étaient concluantes, il déclara que « les États-Unis devaient mettre fin à cette menace : d’une façon ou d’une autre, il fallait que les missiles quittent Cuba ». Bundy s’est rappelé que Kennedy avait agi « sans perdre une minute », lui demandant de convoquer – avec le maximum de discrétion possible – une réunion extraordinaire pour 11 h 45. Il a dicté les noms de ceux qui devaient y assister ; le vice-président Johnson, le secrétaire d’État Rusk, le secrétaire à la Défense McNamara, le ministre de la Justice Robert Kennedy, les généraux Maxwell Taylor et Carter, Roswell Gilpatric, George Bail, Edwin Martin, Ted Sorensen, Douglas Dillon, l’ambassadeur Bohlen et Kenneth O’Donnell, secrétaire du président : « Manifestement, il avait l’intention de jouer serré. »
    Avant tout, ne pas donner l’éveil. Des audiences sont prévues pour JFK. Il va les assurer toutes. À 9 heures, il téléphone à son frère Bob au ministère de la Justice et l’invite à se rendre d’urgence à la Maison-Blanche. « Il se contenta de me dire que l’affaire était très grave, se souviendra Robert Kennedy. Quelques instants plus tard, dans son bureau, il m’apprit qu’un avion U-2 venait d’effectuer une mission photographique et que les services secrets étaient convaincus que la Russie était en train d’installer des missiles et des armes atomiques à Cuba  (125) . »
    De tous ces jours où se décida le destin du monde, Robert Kennedy laissera un écrit poignant qui ne sera publié qu’après son assassinat. À la première page de son manuscrit, il a noté : « C’était le début de la crise de Cuba, cet affrontement des deux géants atomiques, États-Unis et URSS, qui devait mettre le monde au bord de l’abîme : la destruction nucléaire et la fin de l’humanité. Depuis cette minute, dans le bureau du président Kennedy jusqu’au dimanche matin 28 octobre, ma vie fut cela – et pour les Américains, pour les Russes, pour le monde entier, ce fut aussi cela, leur vie. »
    11 h 45 : à la Maison-Blanche, les hommes convoqués par le président se réunissent dans la salle du Conseil des ministres. Ce groupe créé de façon impromptue va, quelques jours plus tard, être désigné sous le nom de Comité exécutif du Conseil de sécurité nationale, autrement dit EXCOM. « Pendant toute une semaine, écrira Elie Abel, le groupe n’a pas eu d’existence légale, bien que ces délibérations – ultra-secrètes il est vrai – eussent lieu deux ou même trois fois par jour. »
    Ces hommes du président, il faut les considérer autour de la longue table rectangulaire, dans le salon ovale orné de drapeaux américains, d’un portrait de Washington et, au-dessus de la cheminée, de maquettes de frégates. Campés dans leurs fauteuils de cuir, les participants découvrent en quelques minutes le péril extrême où se trouvent les États-Unis – et le monde. Les photographies circulent autour de la table. Ted Sorensen, collaborateur de Kennedy depuis 1953 : « Le président était grave mais ferme. Il demanda d’abord de nouvelles photographies. Des preuves supplémentaires étaient nécessaires – et elles devraient être convaincantes. Il fallait savoir ce qui se passait à Cuba. Il fallait aussi s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une gigantesque mystification. Il fut décidé que des avions de reconnaissance survoleraient journellement toute l’île. Kennedy demanda ensuite à tous ceux qui étaient présents de remettre à plus tard les tâches en cours et d’étudier rapidement la situation présente afin d’évaluer le danger et d’établir un plan d’action  (126) . »
    Un plan d’action. Tout est là. Autour de la table, plusieurs propositions s’expriment déjà, certaines avec véhémence. Les uns préconisent de se débarrasser des rampes avant que les fusées atteignent le stade opérationnel : on peut, soit les bombarder, soit faire pression sur les Russes pour qu’ils les retirent. Un autre remarque qu’un bombardement ne pourra se limiter aux rampes. Dans ces sortes de

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