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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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cas, on ne choisit pas : « Des entrepôts, des bases aériennes seraient touchés, ce qui se solderait par des milliers de morts chez les Cubains. » On envisage aussi un blocus maritime précédé d’un avertissement solennel. En fin de compte, la seule décision prise concerne l’évacuation des civils qui résident sur le territoire de la base navale américaine de Cuba, celle de Guantanamo et – en sorte de compensation – l’envoi de renforts au même endroit. Ce qui n’apparaît pas à l’historien comme le moindre des paradoxes de cette histoire : nous parvenons difficilement à admettre que, pendant toute cette affaire de Cuba, les États-Unis aient continué à disposer d’une base… à Cuba !
     
    Ce matin-là, autour de Kennedy, la colère domine. Comment a-t-on pu se laisser duper à ce point ! Robert Kennedy repense à cette rencontre, dans son bureau, quelques semaines plus tôt, avec l’ambassadeur soviétique Anatoly Dobrynine. Le diplomate était venu lui annoncer que l’URSS avait pris la décision de signer un traité interdisant les expériences nucléaires dans l’atmosphère. Bob Kennedy avait saisi l’occasion pour exprimer les graves préoccupations du gouvernement américain relativement à l’importation du matériel militaire soviétique à Cuba. La réaction de l’ambassadeur avait été très vive – et très nette : il ne fallait pas s’inquiéter « car le président Nikita Khrouchtchev l’avait chargé d’assurer le président Kennedy qu’il n’y aurait pas de missiles sol-sol ni d’armes offensives installés à Cuba  ». De son côté, Ted Sorensen ne peut s’empêcher de songer au déjeuner que lui avait offert, deux semaines plus tôt, le même Dobrynine. Comme Sorensen évoquait l’affaire du matériel soviétique à Cuba, Dobrynine avait répondu en des termes notés soigneusement par le conseiller de Kennedy : « Dobrynine déclara qu’il communiquerait en détail cette conversation à Khrouchtchev et qu’il était lui-même conscient de l’émoi que cette affaire avait soulevé dans le monde politique et dans la presse. Quant à la mention que j’avais faite de l’importance du personnel militaire soviétique, de l’équipement électronique et des préparatifs de mise en place de fusées, il n’y apporta ni confirmation ni démenti. Il répéta plusieurs fois cependant que rien de nouveau ni d’extraordinaire n’avait été fait à Cuba, que les événements à l’origine de cette agitation s’étaient déroulés progressivement et s’étalaient sur une longue période. Il répéta que toutes ces mesures étaient de nature défensive et ne menaçaient en rien la sécurité des États-Unis. »
    Au moment où l’ambassadeur s’exprimait avec une si belle conviction, quarante-deux missiles balistiques de portée moyenne et intermédiaire faisaient route vers Cuba.
     
    Sur la volonté flagrante de mensonge et de tromperie des Soviétiques, Kennedy et son entourage devaient débattre longuement. Pourquoi, en ce qui nous concerne, ne pas s’adresser à Khrouchtchev lui-même ?
    Dans les Souvenirs de Khrouchtchev, le chapitre XX est entièrement consacré à l’affaire de Cuba. Il commence ainsi : « Je vais expliquer ce que fut exactement, en octobre 1962, la crise de Cuba. »
    Selon le numéro un soviétique, le point de départ doit être cherché dans l’affaire de la baie, des Cochons. Certes, Castro avait écrasé les contre-révolutionnaires qui avaient tenté de débarquer et un grand nombre d’entre eux avaient été faits prisonniers mais, pour Khrouchtchev, il était exclu que les États-Unis s’en tinssent là : « Nous étions certains que les Américains ne se résigneraient jamais à l’existence d’un Cuba castriste. Ils redoutaient, autant que nous l’espérions nous-mêmes, que Cuba ne devînt un pôle d’attraction et n’attirât vers le socialisme d’autres pays d’Amérique latine. Devant la menace d’intervention permanente que faisaient peser les Américains sur les Caraïbes, quelle politique devions-nous adopter  (127)  ? »
    Khrouchtchev confie avoir été littéralement obsédé par cette question. Il en avait discuté souvent avec les autres membres du Praesidium. Tous s’affirmaient du même avis : « L’Amérique ne laissera pas Cuba tranquille tant que nous n’aurons pas fait quelque chose nous-mêmes. » Qu’entreprendre, justement ? « Je me souviens, écrit

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