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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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parler des questions que la presse persiste à lui poser sans relâche, il le trouve en train de s’entretenir au téléphone avec son frère Bob. Salinger entend que « le champ des solutions se resserre » et que « le département de la Justice prépare dès à présent la déclaration du président ».
    Le lendemain matin, à 9 h 15, Salinger expose à la presse l’emploi du temps du président pour la journée. On vient l’informer que JFK veut lui parler d’urgence. Salinger coupe court et rejoint sans tarder l’appartement du président. Il le trouve « en pyjama et non rasé », en compagnie de O’Donnel, de Dawe Powers et du contre-amiral Burkley, médecin de la Maison-Blanche. Salinger écrira plus tard : « Le président joua parfaitement son rôle  (128) . »
    — J’ai de la fièvre, je suis malade. Vous feriez bien de redescendre et de dire aux journalistes que je retourne à Washington sur l’avis du docteur Burkley.
    Il arrache alors une feuille de papier d’un bloc et écrit lui-même : « 38°4 de température. Infection des voies respiratoires supérieures. Le médecin dit qu’il doit retourner à Washington. » Il tend la feuille à Salinger :
    — Dites-leur cela.
    Les journalistes vont écouter sans trop hasarder de commentaires. Salinger rejoint Kennedy dans Air Force One , l’avion du président. Se trouvant seul avec lui dans le compartiment avant, il l’interroge :
    — Monsieur le président, vous n’êtes pas malade, n’est-ce pas ?
    — C’est pis que cela.
    « Sa réponse, écrira Salinger, que je ne veux pas reproduire, me fît frissonner. »
     
    Pendant que John F. Kennedy vole vers la capitale américaine, les forces armées des États-Unis à travers le monde sont mises en état d’alerte. McNamara ordonne à quatre escadrilles tactiques de se tenir prêtes pour une attaque aérienne au cas où le président opterait pour cette recommandation.
    À 13 h 40, JFK arrive à la Maison-Blanche. Il souffre beaucoup du dos et annonce qu’il va aller nager. Son frère vient s’asseoir au bord de la piscine. Bob insiste : il faut que JFK comprenne que la décision à prendre demeurera toujours le fait d’un seul homme. Le Conseil national de sécurité va lui présenter des propositions mais, comme l’EXCOM, il ne donnera que des conseils. Rien d’autre.
     
    À 14 h 30, les frères Kennedy entrent dans le salon ovale. Les membres du Conseil national de sécurité s’y trouvent réunis. Sous le portrait de Washington, des personnalités n’ayant jamais assisté aux délibérations s’ajoutent donc aux membres de l’EXCOM. Une fois de plus, chacun s’exprime. Un membre de l’état-major va jusqu’à préconiser l’usage d’armes nucléaires, « puisque nos adversaires ne manqueraient pas d’utiliser les leurs en cas d’attaque ». Robert Kennedy dira qu’il n’a pu s’empêcher de penser que, si l’on en venait à utiliser la bombe atomique, ce militaire ne risquerait aucune critique puisque, bientôt, plus personne ne serait là pour lui en adresser. Chacun ayant exposé son opinion, John F. Kennedy annonce qu’il a pris sa décision : ce sera le blocus.
     
    Dans la journée, on continue à renforcer la base de Guantanamo. Plusieurs navires gagnent les positions qui leur ont été assignées dans la mer des Caraïbes.
    Il faut maintenant avertir les alliés des États-Unis. C’est la tâche qui incombera à l’ambassadeur américain auprès du gouvernement britannique. L’ambassadeur des États-Unis à Bonn s’est rendu en Georgie auprès de sa mère malade. On lui intime l’ordre de rentrer d’urgence en Allemagne afin d’aller porter au chancelier Adenauer un message personnel de Kennedy. Le plus coriace sera – comme il le démontre depuis des années – Charles de Gaulle. Kennedy admire le vieux chef d’État. Il a fait de ses Mémoires de guerre son livre de chevet. Il décide de lui envoyer l’ancien secrétaire d’État, Dean Acheson. Avant midi, le dimanche 21 octobre, le jet de l’US Air Force qui emporte ce dernier fonce vers Paris.
    Le lundi 22, Acheson est reçu par de Gaulle. Quand il lui montre les photos prises par les U-2 , le Général ne songe pas à dissimuler son admiration pour la technique utilisée :
    — C’est formidable !
    Il interroge :
    — À votre avis, qu’est-ce qui a pu inciter les Soviétiques à mettre en place leurs fusées à Cuba ?
    — Je pense, répond Acheson,

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