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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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que Khrouchtchev a tenté un coup de poker. L’explication n’est peut-être pas flatteuse pour mon gouvernement, mais sans doute les Russes ont-ils été amenés à croire qu’ils pourraient s’en tirer.
    De Gaulle opine énergiquement du chef. Quand Acheson développe en détail les dispositions qui vont être prises pour établir un blocus autour de Cuba, l’homme du 18 juin déclare énergiquement :
    — C’est exactement ce que j’aurais fait.
    Telle est du moins la phrase que plusieurs historiens ont citée. La véritable réponse du Général, je la tiens de M. William Royall Tyler, à l’époque secrétaire d’État adjoint pour les Affaires européennes. Celui-ci a bien voulu m’écrire que Dean Acheson, à son retour, avait déclaré au président Kennedy et au secrétaire d’État que de Gaulle avait mis fin à l’entrevue en déclarant : Dites au président que si l’on en vient à la guerre, la France sera aux côtés de l’Amérique.
    M. William Royall Tyler ajoute à mon intention : « J’ai entendu par la suite le président répéter à d’autres l’impression que lui avait faite la prise de position du général de Gaulle  (129) . »
     
    Miracle : ni la presse, ni la radio, ni la télévision n’ont encore dit un mot des missiles soviétiques à Cuba.
    John F. Kennedy a décidé que lui-même – et lui seul – révélera la vérité aux Américains et au monde. Il parlera le lundi soir. Comme nul à Washington ne prend les journalistes pour des imbéciles et comme on tient essentiellement à l’effet de surprise que provoquera le discours présidentiel, Kennedy appelle lui-même les directeurs de plusieurs journaux. Il leur demande de ne rien faire paraître le lundi matin, si ce n’est l’annonce que le président va prononcer un important discours et que le pays se trouve au bord d’une crise grave.
    L’effort diplomatique se déroule – immense et d’une remarquable efficacité. L’Organisation des États américains va être consultée. On sait déjà qu’elle approuvera, quasiment à l’unanimité, le projet de blocus.
    Le lundi à 18 heures, Rusk remet à l’ambassadeur soviétique Dobrynine, convoqué au département d’État, le texte de la déclaration que Kennedy va lire une heure plus tard. Le Soviétique blêmit.
    À 19 heures, John F. Kennedy, dans le studio présidentiel de la Maison-Blanche, s’installe devant les caméras de la télévision. Les projecteurs s’allument. Le président parle :
    « Bonsoir, mes compatriotes.
    « Fidèle à sa promesse, le gouvernement a continué de surveiller de très près les préparatifs militaires soviétiques à Cuba. Au cours de la semaine dernière, nous avons eu des preuves incontestables de la construction de plusieurs bases de fusées dans cette île opprimée. Ces sites de lancement ne peuvent avoir qu’un but : la constitution d’un potentiel nucléaire dirigé contre l’hémisphère occidental.
    « Plusieurs de ces bases sont dotées de missiles balistiques de portée moyenne, capables de transporter une charge atomique à quelque 2 000 kilomètres. Ce qui signifie que chacune de ces fusées peut atteindre Washington, le canal de Panama, cap Canaveral, Mexico, ou encore toute autre ville du sud-est des États-Unis, d’Amérique centrale ou des Caraïbes…»
    JFK évoque les bases en cours d’achèvement, prêtes à recevoir des missiles de portée intermédiaire qui, eux, pourraient atteindre « la plupart des principales villes du continent, de Hudson’s Bay (Canada) au nord, juqu’à Lima (Pérou), au sud…».
    Les traits tendus, la mâchoire contractée, il ralentit peu à peu son débit pour souligner que la transformation accélérée de Cuba en une importante base stratégique constitue « une menace indiscutable pour la paix et la sécurité de tout le continent américain ». Il s’agit d’un « changement délibérément provocateur et injustifié du s tatu quo , et notre pays ne peut l’accepter, si nous voulons que nos amis, pas plus que nos ennemis, ne mettent jamais en doute notre détermination et la valeur de nos engagements ».
    Il annonce les premières mesures auxquelles il s’est résolu. Et d’abord le blocus : « Tous les bateaux à destination de Cuba, quel que soit leur pavillon ou leur provenance, seront interceptés s’ils transportent des armes offensives. Toutefois, nous ne priverons pas l’île de ses approvisionnements normaux comme les

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