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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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pas. Le samedi matin 27 octobre, un nouveau message de Khrouchtchev parvient à Washington, cette fois rédigé dans ce style froid et neutre dont on use dans les chancelleries. Khrouchtchev fait, savoir qu’il enlèvera ses fusées de Cuba si les Américains ôtent les leurs de Turquie.
    Une vague de colère secoue Kennedy : ces fusées américaines de Turquie, d’ailleurs périmées, il y a longtemps qu’il a donné l’ordre de les enlever ! À ses yeux, un tel geste devait favoriser la paix. Après quoi, il n’y a plus pensé. Renseignements pris, on lui confirme que les fusées sont toujours en Turquie ! Et il ne peut plus les enlever . Dans la conjoncture, une telle dérobade serait considérée par le monde entier comme une défaite qui porterait au prestige des États-Unis un coup peut-être définitif.
    Dans la foulée, les généraux qui, au Pentagone, n’ont jamais voulu croire au succès du blocus, affichent un triomphe rien moins que modeste. Ce qu’ils préconisent, c’est un bombardement de Cuba pour le surlendemain, lundi 29 octobre. L’invasion de l’île devra suivre. Dean Acheson entreprend derechef le siège de Kennedy : le bombardement est désormais la seule solution efficace.
    Kennedy ne veut pas se résigner à l’inéluctable. N’est-il pas arrivé cependant au bout de la route ? Déjà, les appareils du Strategic Air Command tournent dans le ciel, leurs soutes pleines de bombes atomiques. La guerre pour demain ?
     
    Contre l’horreur nucléaire un seul barrage va s’élever : celui de l’intelligence. Robert Kennedy propose de répondre non pas au second message de Khrouchtchev – celui qui réclame le retrait des fusées de Turquie – mais au premier qui reste, lui, parfaitement acceptable. Les États-Unis s’engageront à faire cesser le blocus et à ne jamais envahir Cuba. En revanche, l’URSS retirera ses fusées de l’île.
    Avec un soulagement mêlé de joie inquiète, JFK se saisit de l’idée. Sa réponse à Khrouchtchev – rédigée dans ce sens – vole sur les ondes.
    Tout est désormais une question d’heure. Entre le moment où un message part du cabinet de Kennedy et celui où il parvient à Khrouchtchev, on doit compter quatre heures : tout peut advenir dans un tel laps de temps. Robert Kennedy décide, de sa propre initiative, de mettre un atout supplémentaire dans le jeu des États-Unis. Il rencontre l’ambassadeur soviétique Dobrynine et lui communique le texte de la lettre que le président vient d’envoyer à Khrouchtchev. Immédiate, la réaction du diplomate : le message de JFK ne répond pas à la question soulevée par la demande de retrait des missiles de Turquie. Bob affirme aussitôt qu’il ne doit pas exister là-dessus de quiproquo : « Aucun accord ne pourra être conclu sous la pression de la menace. » Il ajoute aussitôt – voilà qui se révèle peut-être la clé de tout – qu’en définitive la décision doit être prise par l’OTAN : « Le président désire depuis longtemps retirer ses missiles de Turquie et d’Italie. Il y a quelque temps, il a même ordonné leur retrait et, d’après nos estimations, peu de temps après la fin de la crise, les missiles seront enlevés. »
    Quand les deux hommes se séparent, Bob se sent confiant : les « éclaircissements » nécessaires arriveront peut-être plus vite à Moscou.
    À la Maison-Blanche, Dean Acheson se fait oiseau de mauvais augure :
    — Une chance sur cent de réussite !
     
    La nuit qui vient sera la plus longue. Ce dimanche dont l’aube se lève verra des foules de toute origine, de tout âge, en prière dans les églises et les temples. Ne reste-t-il plus que cela, la prière ?
    9 heures. Sur les antennes de Radio-Moscou, un speaker lit un message. À Washington, où on le reçoit bribe par bribe, on refuse d’abord d’y croire. Voilà qui est trop beau pour être vrai. Il faut bientôt se rendre à l’évidence : Nikita Khrouchtchev annonce que le gouvernement soviétique a donné l’ordre de démonter les fusées et de les renvoyer en Union soviétique « afin d’éliminer aussi rapidement que possible le conflit qui met en péril la cause de la paix…»
    À cette heure précise, cette paix triomphe.
     
    Ici et là, dans le monde, les boutefeux ont crié victoire et salué sans ménagement la défaite de Khrouchtchev. La chute spectaculaire du Premier soviétique découlera en grande partie de ces criailleries savamment

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