Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
là-bas. Ils se demandent si le président doit aller à Dallas et moi je me le demande aussi.
    Interrogation devenue purement historique. Dans l’avion présidentiel Air Force One , John F. Kennedy vole vers Dallas.
     
    Comme prévu, on se pose d’abord à San Antonio. Le vice-président Johnson et le gouverneur Connally se joignent au président et à Jackie pour la traversée de la ville. Dans l’après-midi, à la base des Forces aériennes Brooks, Kennedy inaugure l’École de médecine aérospatiale. Après quoi, il s’envole pour Houston et, escorté de la même suite de politiciens, traverse la ville en voiture pour aller prendre la parole au stade de l’Université Rice. Gros succès. Devant la Ligue des citoyens d’Amérique latine, il explique sa politique de bon voisinage et définit « l’Alliance pour le Progrès ». Un geste charmant : le président présente Jackie à la foule et la prie de prononcer quelques mots en espagnol, « afin d’exprimer ma pensée encore plus clairement ». Ce qu’elle fait, déchaînant l’enthousiasme. Dîner en l’honneur du député Albert Thomas. Envol pour Fort Worth où, à l’hôtel Texas, on doit passer la nuit.
    Les Kennedy s’installent au huitième étage, dans l’appartement 850. Ce n’est pas le plus luxueux. Celui-là – le 1348 – a été attribué aux Johnson. Le Secret Service a refusé que le président y soit logé, car on peut y accéder par plusieurs portes. Fort économe, Lady Bird – ainsi le vice-président, avec quelque désinvolture, appelle-t-il son épouse – a trouvé désagréable d’avoir à payer cent dollars pour la nuit alors que les Kennedy, eux, ne devront régler qu’une note de soixante-quinze dollars !
    Jacqueline, qui tombe de sommeil, gagne sa chambre la première après un tendre Good night, wake me up . Le président tient à regarder à la télévision le reportage de son voyage. Pour « meubler » les dix minutes qui le séparent de l’émission, il feuillette la revue Life . Le numéro contient un reportage historique illustré sur les funérailles du roi Edouard VII. Derrière le cercueil, marchent tous les rois de la terre, à commencer par Guillaume II, empereur d’Allemagne, en uniforme de grenadier de sa Garde. Le représentant des États-Unis ; « Teddy » Roosevelt, clôt le cortège. Qu’étaient-ce que les États-Unis, dans le monde, en 1910 ?
    Après la fin de l’émission de télévision, John Kennedy relit le discours qu’il doit prononcer le lendemain à Dallas et qui se termine ainsi :
    « Plus qu’un libre choix, c’est le destin qui a fait de nous, de notre pays, de notre génération, les sentinelles du monde libre. Notre vœu sera donc de pouvoir nous montrer dignes de notre puissance et de nos responsabilités, de pouvoir exercer notre force avec sagesse et modération, et de pouvoir répondre pour ce temps et pour les temps à venir à l’ancienne aspiration : “Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté.” Tel doit rester notre but, et la légitimité de notre cause ne doit jamais cesser de soutenir notre force. En effet, comme il a été écrit voici bien longtemps : si l’Éternel ne protège pas la Cité, c’est en vain que la sentinelle veille  (137) . »
    John F. Kennedy pose les feuilles sur la table, se déshabille, se couche et s’endort. Pour la dernière nuit qu’il lui sera donné de passer en ce monde.
     
    Le matin du vendredi 22, il est très précisément 7 h 30 lorsque George, le valet du président, entre dans le salon de l’appartement 850 de l’hôtel Texas et éveille Kennedy en frappant à la porte de sa chambre.
    Pendant que Kennedy fait sa toilette, George prépare ses vêtements : « un costume bleu-gris, dont la veste a deux boutons, une cravate bleu-marine et une chemise blanche finement rayée de gris. » La chemise, le président l’avait remarquée un jour sur Hervé Alphand, l’ambassadeur de France :
    — Très jolie. Londres ?
    — Mais non ! Paris !
    Le lendemain, la Maison-Blanche passait une commande à Cardin, rue du Faubourg-Saint-Honoré  (138) .
    Un garçon d’étage apporte le petit déjeuner commandé : pour le président, un jus d’orange, des toasts, du café, des œufs à la coque ; pour Jackie – qui dort encore – un jus d’orange, des toasts et du café, servis sur un plateau chauffant  (139) . Le serveur trouve le président rasé et habillé, s’étant déjà entretenu avec

Weitere Kostenlose Bücher