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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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de celui qui m’a touché est aussi clair aujourd’hui qu’il le fut alors.
    Mrs Connally répète, elle aussi :
    — Mon souvenir des deux premiers coups de feu concerne quatre événements distincts. D’abord, j’ai entendu un bruit fort et étrange – je ne m’y connais pas à ce point en fusils – derrière nous. Ensuite, j’ai tourné la tête à droite et j’ai vu le président se serrer la gorge. Puis je me suis tournée vers mon mari, et j’ai entendu le second coup qui l’a touché… Je devais le regarder à droite quand le coup a porté parce que je l’ai vu s’affaisser vers la droite. Aussi, voyez-vous, ai-je eu le temps de regarder le président après qu’il eut été atteint par le second coup.
    Connally s’affaiblit rapidement et s’affale vers la portière. Nelly le retient et le ramène vers elle pour l’étendre sur ses genoux. Connally s’aperçoit que son sang coule sur sa femme. Épouvanté, il se met à crier, d’une voix suraiguë :
    — Non, non, non, non, non ! Ils vont nous tuer tous les deux !
    Jacqueline Kennedy l’entend. Mais comme tout cela va vite ! Plus vite même que la pensée. Elle dira à William Manchester qu’à ce moment précis elle s’était demandé : «  Mais pourquoi hurle-t-il ?  »
    Et c’est la dernière balle. Au moment où elle frappe, Jackie, penchée vers son mari, découvre l’insoutenable. Distinctement, elle voit un morceau du crâne de John se détacher. Au début, pas de sang. Un instant après, un torrent écarlate jaillit de la plaie béante, un flot hallucinant de sang et de matière cérébrale. Connally hurle toujours. Nelly également. Le sang les asperge tous : Jackie, le chauffeur Greer, l’agent spécial Kellerman, les Connally. Hors d’elle, Jackie se dresse. Elle crie :
    — Oh ! Non ! Non ! Oh ! mon Dieu ! Ils ont tué mon mari ! Je t’aime Jack  (146)  !
    Dès la première détonation, l’agent spécial Kellerman, à droite du conducteur, a tourné la tête à droite, en direction du bruit. Il a vu les deux mains du président s’élever vers son cou. Aussitôt, il a crié au chauffeur :
    — Il faut filer, nous sommes touchés !
    Il a saisi son micro, hurlé à l’intention de la voiture de tête : « Sommes touchés ! Emmenez-nous immédiatement à l’hôpital ! »
    Le chauffeur William Greer a entendu un bruit qu’il a pris – dira-t-il – « pour un raté de moteur d’une des motocyclettes qui encadraient la voiture présidentielle ». À la deuxième détonation, il a jeté un coup d’œil pardessus son épaule : il a vu s’effondrer le gouverneur Connally. Juste à ce moment, Kellerman a lancé :
    — Filez en vitesse !
    Kellerman témoignera avoir entendu, pendant qu’il passait son message et donnait cet ordre, une «  rafale de coups de feu   (147)  ». Détail à retenir. Ceci « dans les cinq secondes qui suivirent la première détonation ».
     
    À l’avant de la voiture d’escorte, debout sur le marchepied gauche, l’agent spécial Clint Hill, occupé à scruter les quelques spectateurs placés sur le côté sud d’Elm Street, a entendu un bruit qu’il a pris pour l’éclatement d’un pétard. Ce bruit venait de la droite, à l’arrière : « J’eus un instant devant les yeux la voiture présidentielle et j’aperçus le président Kennedy qui levait les mains et basculait en avant sur la gauche. » À l’instant, Hill saute à terre. On parlera avec raison des « réflexes extraordinaires » de Clint Hill. L’agent spécial s’élance pour rejoindre la voiture présidentielle. Il entend un autre coup de feu – cinq secondes environ après le premier – celui qui emporte une partie de la boîte crânienne du président.
    À ce moment précis, le chauffeur Greer s’écrie :
    — Quittons cet enfer !
    Il appuie brutalement sur l’accélérateur. Hill vient de prendre son élan pour sauter sur l’arrière du marchepied gauche de la voiture présidentielle. Il s’agrippe à la poignée. L’accélération soudaine lui fait perdre pied. Il court « sur trois ou quatre pas », sans lâcher la poignée. Terrifié, il s’aperçoit avec terreur que Jackie Kennedy est montée sur le siège. Elle cherche, dira Hill, à « atteindre quelque chose qui se trouve sur le pare-chocs arrière droit, sur l’aile droite de la voiture ». Quoique le rapport Warren ne le précise pas, quoique Jackie se soit toujours refusée à s’expliquer

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