C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
commission d’enquête. Lyndon Johnson, devenu président, a compris aussitôt qu’il fallait leur donner satisfaction : « L’une des tâches les plus urgentes auxquelles j’eus à faire face dès mon entrée en fonction fut de garantir au pays que nous faisions l’impossible pour découvrir la vérité quant au meurtre du président Kennedy. John Kennedy avait été assassiné et une nation affligée, troublée, indignée, voulait connaître exactement les faits » : c’est là ce qu’il écrit dans ses Mémoires .
Le 29 novembre, le président annonce donc la création d’une commission qui aura pour tâche d’établir les faits et de définir les responsabilités. Après avoir hésité, le président de la Cour suprême, Earl Warren, en accepte la présidence. Deux sénateurs et deux représentants vont y siéger ainsi que l’ancien directeur de la CIA et l’ancien secrétaire-adjoint à la Guerre du président Roosevelt. Elle va fournir un travail immense, faisant appel au FBI, à la CIA, à l’administration locale et à une quantité d’experts de toute discipline. Dans le rapport final, la Commission Warren rendra compte de ses méthodes : « À cause des innombrables rumeurs et théories, la commission a conclu qu’on ne pouvait pas satisfaire l’intérêt du public pour la vérité en acceptant simplement les rapports et les analyses des agences fédérales ou d’État. Les hypothèses et les conclusions de ces rapports ont été soumis à la critique. Toutes les assertions ou rumeurs relatives à une éventuelle conspiration ou à la complicité d’autres qu’Oswald, qui sont venues à l’attention de la commission, ont fait l’objet d’une enquête. » Publié le 27 septembre 1964, ce rapport comptera 888 pages et 26 volumes de déclarations, de témoignages et d’enquêtes.
En ce qui concerne l’origine des coups de feu qui ont amené la mort du président Kennedy, l’étude des déclarations des témoins nous laisse déconcertés. Vingt-cinq personnes déposent spontanément à ce sujet, les 22 et 23 novembre. Vingt-deux affirment que les coups de feu venaient de la butte située à droite du pont de chemin de fer – ce pont sous lequel s’engageait la Triple Underpass – et limitée, du côté de la rue, par une palissade en bois, des buissons, des arbres, et par une pergola composée de colonnes en rotonde. Derrière la palissade, on a établi un parking. Au cours de l’enquête, sur cent vingt-quatre témoins interrogés, quatre-vingt-douze ont affirmé « directement ou implicitement » – par exemple en regardant ou en courant dans une certaine direction – que l’origine des détonations se situait sur la butte .
Au moment de l’attentat, des cheminots stationnaient sur le pont même du chemin de fer, au-dessus de la Triple Underpass . Ils ont été interrogés par un représentant de la Commission Warren. Six sur sept de ceux qui ont exprimé une opinion quant à l’origine des coups de feu ont spécifié « qu’ils étaient partis d’un monticule herbeux – autrement dit la « butte » déjà désignée – situé entre le pont et le dépôt de livres ». On objectera les erreurs fréquentes, en ces sortes d’affaires, occasionnées par l’écho. Mais, remarque Edward Jay Epstein, jeune universitaire américain qui a consacré une thèse à l’étude du Rapport de la Commission Warren , « cinq de ces témoins déclarèrent avoir vu aussi de la fumée s’élever des abords du monticule (149) ». Un témoin attesta notamment : « J’ai parfaitement vu la bouffée de fumée et entendu l’écho, partis de sous ces arbres, sur le monticule. »
Huit témoins se trouvaient de l’autre côté de la rue qui longeait le monticule herbeux . Ils ont déclaré – tous les huit – « qu’à leur avis, les coups de feu venaient de là ».
Dans la matinée du 22 novembre, des représentants de la police ont chargé un employé de l’Union Terminal Company, Holland, de noter les noms des cheminots souhaitant voir passer le cortège présidentiel du haut du pont de chemin de fer. À 11 h 45, Holland s’est rendu sur le pont et mis en devoir de vérifier l’identité des ouvriers présents. Quand le cortège s’est avancé vers le pont, Holland s’y tenait toujours. Il a entendu les coups de feu et regardé aussitôt vers sa gauche , donc en direction du monticule herbeux, de la palissade, des buissons et des arbres. « Et
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