C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
Il m’a semblé qu’il se tenait debout, appuyé au rebord de la partie gauche de la fenêtre ; il avait épaulé son fusil à droite, le soutenait de sa main gauche et, pointant délibérément, il tira son dernier coup de feu. Cela avait pu durer deux secondes, environ. Il a retiré le fusil de la fenêtre comme s’il le ramenait à son côté ; puis, après avoir encore attendu peut-être une seconde, comme pour s’assurer qu’il avait atteint son but, il disparut (152) .
Brennan précise qu’il a vu 70 à 85 % de l’arme au moment du coup de feu, ainsi que la partie supérieure du corps de l’homme, à partir de la ceinture. Le fusil était dirigé sud-ouest, « vers le côté où Elm Street s’engage sous l’Underpass ». Brennan a vu l’homme tirer une fois. Il lui semble n’avoir entendu que deux coups de feu :
— J’étais persuadé que le premier coup de feu était un raté de moteur et je dois avoir entendu un second coup, sans en avoir conscience ; mais je ne m’en souviens pas ; je ne pourrais en jurer.
D’ailleurs, Brennan va se hâter de rapporter à la police ce qu’il a vu. Il apprend en même temps qu’il n’est pas le seul à avoir vu le tireur du Depository . Un écolier, Amos Lee Euins, élève de quatrième, âgé de quinze ans, se trouvait lui aussi en face du Depository au moment où tournait la Lincoln bleue du président. Voici ce qu’il a déclaré :
— Je me tenais là et, au moment où le cortège a tourné au coin de la rue, je regardais en plein l’immeuble. J’ai vu cette sorte de tuyau qui sortait de la fenêtre ; je n’y ai pas prêté trop attention. Et puis, quand le premier coup de feu a été tiré, je me suis mis à regarder autour, pensant que c’était un raté de moteur. Tous les gens se sont mis à regarder autour d’eux. Alors, j’ai levé la tête vers la fenêtre, et il a tiré à nouveau (153) .
Après les premiers coups de feu, Euins a couru se cacher derrière un banc. Il n’a pas quitté du regard l’homme à la même fenêtre du cinquième étage. Euins dira que « l’homme avait une main au canon et l’autre sur la gâchette ». Pour l’adolescent, il y a eu quatre coups de feu. Aussitôt après l’assassinat, Euins s’est précipité vers le sergent D.V. Harkness, du département de police de Dallas, pour lui confier ce qu’il avait vu. Il a répété son récit à James Underwood, de la station de télévision KRLD-TV de Dallas.
Robert H. Jackson est photographe au Dallas Times Herald . Il a pris place dans une voiture de presse qui suivait le cortège présidentiel, à huit ou neuf voitures de la tête du défilé. Dans Houston Street, « environ à mi-chemin entre Main Street et Elm Street », Jackson a entendu le premier coup de feu. Dans la voiture quelqu’un a dit : « Cela ressemble à un bruit de pétard. » Alors, Jackson a entendu deux nouveaux coups de feu :
— Nous nous sommes rendu compte, ou nous avons pensé, que ces détonations provenaient d’une arme à feu mais, de l’endroit où nous nous trouvions, nous ne pouvions voir la voiture du président. Nous continuions à rouler lentement et, après le troisième coup, il nous a semblé que les deux derniers s’étaient succédé plus rapidement qu’ils n’avaient succédé au premier. Après le dernier coup, je crois que nous nous sommes mis simplement à regarder de tous les côtés et, pour ma part, j’ai levé la tête droit devant moi, c’est-à-dire dans la direction du School Book Depository . J’ai remarqué deux Noirs à une fenêtre, qui essayaient de voir ce qui se passait juste au-dessus d’eux. J’ai suivi la direction de leurs regards et j’ai vu, à la fenêtre au-dessus d’eux, le fusil, ou quelque chose qui ressemblait à un fusil, la moitié de l’arme à peu près. Et juste comme je regardais, le fusil fut retiré assez lentement à l’intérieur de l’immeuble. Je n’ai vu personne à la fenêtre, pas même une silhouette.
Dans la même voiture de presse ont pris place James Underwood, de la station KRLD-TV ; Thomas Dillard, photographe en chef au Dallas Morning News ; Malcolm O. Couch et James Darnell, cameramen des actualités télévisées. Dillard, Couch et Underwood ont confirmé que Jackson « s’était spontanément écrié qu’il avait vu un fusil à la fenêtre ». Aussitôt, Dillard – avec une grande présence d’esprit – a pris deux photographies de l’immeuble. On distingue
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