C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
repartit par le même chemin que la première auto ». Le conducteur de la Chevrolet « s’attarda un peu plus dans la zone. Il l’explorait – il en faisait le tour, il essaya d’atteindre un endroit tout près du poste d’aiguillage et fut forcé de reculer assez loin. Puis il retourna, lentement, vers la façade du Dépôt ». Bowers a ajouté ceci : « La dernière fois que je l’ai vue, elle était arrêtée juste sur… juste au-dessus du lieu de l’assassinat. »
Une autre partie du témoignage de Bowers devant la Commission Warren n’est pas moins troublante. Immédiatement avant les coups de feu, Bowers a vu « deux hommes debout près de la clôture ». L’un d’eux était « d’âge moyen et assez lourdement charpenté ». L’autre « pouvait avoir dans les vingt-cinq ans, il portait ou bien une chemise écossaise, ou bien une veste écossaise, ou encore un manteau écossais ». Bowers précise que les deux hommes étaient « à trois ou quatre mètres l’un de l’autre », regardant dans la direction d’où arrivait le cortège présidentiel. Ce n’étaient ni des cheminots ni des policiers : « C’étaient les seuls inconnus dans le secteur. Tous les autres étaient des ouvriers que je connaissais. » Chose étonnante, la Commission Warren n’a nullement cherché à recueillir de la bouche de Bowers d’autres précisions, lesquelles apparaissent pourtant capitales. Par la suite, Mark Lane a procédé à un contre-interrogatoire de Bowers qui a raconté ceci :
— À l’instant de la fusillade, il y eut, près des deux personnes que j’ai décrites, une brusque lueur, ou plutôt, pour ce que je puis en dire, quelque chose que je n’arrivais pas à préciser. En tout cas, dans cette zone du talus, il est arrivé une chose qui a attiré mon regard. Quant à savoir ce que c’était, je ne pouvais le dire à l’époque, il m’était impossible d’être plus précis, sauf qu’il s’est produit quelque chose d’anormal – une lueur, une fumée, un je ne sais quoi qui me donnait l’impression d’avoir vu quelque chose d’anormal, là-bas.
Trente minutes seulement après l’assassinat, un autre témoin est venu remettre une déclaration au bureau du shérif de Dallas. Il s’agit d’un certain Price. Il était placé de l’autre côté de la place, sur le toit d’un immeuble. Lors des coups de feu, son attention a été attirée sur la zone derrière la clôture, au sommet de la butte herbeuse ; « Après la salve, je vis un homme courir vers les voitures garées à côté des voies de chemin de fer. L’homme avait environ vingt-cinq ans, il portait un pantalon kaki… il tenait quelque chose à la main. » Price ne fut pas entendu par la Commission Warren.
Il est temps de s’occuper de la minorité des témoins qui assignent – eux – une autre origine aux coups de feu. Il importe d’autant plus de se pencher sur leurs déclarations que celles-ci seulement ont été retenues par la Commission Warren.
Un monteur en tuyauterie de quarante-cinq ans, Howard L. Brennan, tenant à bien voir le cortège présidentiel, s’est assis sur une balustrade de béton, à l’angle sud-ouest d’Elm Street et de Houston Street et juste en face du Texas School Book Depository , très précisément à 33 mètres de l’entrée de l’immeuble. La présence de Brennan à cet endroit ne peut être discutée : il figure dans le film de Zapruder, assis sur la balustrade, en tenue de travail kaki et coiffé d’un casque de travail gris. En attendant le cortège – cette attente dure sept minutes – Brennan observe la foule dans la rue et les gens qui se trouvent aux fenêtres de l’immeuble du Depository . Il remarque un homme qui se tient à une fenêtre située au cinquième étage de l’immeuble et le voit quitter celle-ci « deux ou trois fois ».
Un instant plus tard, toute l’attention de Brennan se concentre naturellement sur la voiture du président qui vient de tourner à l’angle de Houston Street et de Elm Street. À peine la voiture est-elle passée que Brennan entend une détonation, « pareille au bruit d’un raté de moteur de motocyclette » :
— Alors, juste après la détonation, quelque chose m’a fait penser qu’on avait dû jeter un pétard de l’immeuble du Depository . J’ai levé les yeux et j’ai vu que l’homme que j’avais remarqué précédemment était en train de viser avant de tirer son dernier coup de feu…
Weitere Kostenlose Bücher