C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
des témoignages de la majorité. Le fait que l’on ait vu un tireur à une fenêtre du cinquième étage du Depository n’excluait nullement la présence d’autres tueurs sur la butte. Cette évidence, la Commission Warren a refusé d’en tenir compte.
Il y a plus grave. Le 4 décembre 1963, rapporte Edward Jay Epstein – donc, moins de deux semaines après l’assassinat – deux agents du FBI ont interrogé Mrs Eric Walther, témoin oculaire. Elle a déclaré que, le jour de l’attentat, alors qu’elle se tenait dans la rue, juste en face du Depository ; elle avait vu, à la fenêtre d’un étage supérieur de l’immeuble, un homme porteur d’un fusil : « Cet homme tenait entre les mains un fusil dont le canon était pointé vers le bas, et il regardait Houston Street en direction du sud. Il portait une chemise blanche et il avait des cheveux blonds ou clairs. »
Rien de plus précis que le compte rendu par le FBI du témoignage de Mrs Walther :
« Le fusil avait un canon court et paraissait large du bout. Elle eut l’impression que c’était une mitraillette. Elle ne remarqua rien sur le fusil qui ressemblât à une lunette de visée, ou à une bandoulière de cuir, ou à une courroie. Elle ne connaissait rien, dit-elle, aux fusils et aux revolvers, mais elle pensa que ce fusil était différent de tous ceux qu’elle avait déjà vus. Cet homme se tenait debout au milieu ou près du milieu de la fenêtre. » Jusqu’ici, le témoignage de Mrs Walther ne fait que confirmer ceux dont nous disposons déjà quant au tireur du Depository . Que néanmoins le lecteur prête attention à ce qui suit : « À la même fenêtre, à gauche de cet homme, à côté de lui, elle distingua une partie d’un autre homme (154) . » Celui-ci se tenait tout droit, et sa tête se trouvait au-dessus de la partie ouverte de la fenêtre. Comme le carreau était très sale, elle ne put voir la tête du second homme. Elle est sûre que la fenêtre ne se trouve pas aussi haut que le sixième étage. Apparemment, ce second homme portait un costume brun, et la seule chose qu’elle put voir fut le côté droit de l’homme se tenant à côté de lui. Quelqu’un dans la foule cria : « Les voilà…»
Les voilà . Quelques secondes plus tard, Mrs Walther entend les coups de feu. Jamais elle ne fut convoquée devant la Commission Warren, ni même entendue par l’un de ses représentants.
Un second témoin est pourtant venu confirmer sa déposition. Arnold Rowland semble particulièrement digne de foi : avant que les policiers n’eussent retrouvé, au cinquième étage du Depository , le fusil à viseur télescopique, il s’est montré capable de décrire l’arme à la police. Il a vu un homme armé de ce fusil à une fenêtre du cinquième étage : « Il avait également vu une deuxième personne au même étage (155) . » La Commission Warren rejeta la dernière partie du témoignage de Rowland. Raison : « absence de confirmation probante ». Dommage : l’éventualité de deux tireurs au Depository aurait pu ouvrir la voie à des perspectives bien intéressantes.
Dans le cortège présidentiel, l’agent motocycliste Marrion L. Baker suit sur sa machine la dernière voiture de presse. Quand il entend les coups de feu, il voit des pigeons s’envoler non loin du Depository . Il pense aussitôt que le tir vient de là et, mettant plein gaz, dirige sa moto vers la porte de l’immeuble. En trombe, il surgit dans le hall :
— Où est l’escalier ? L’ascenseur ?
Un homme s’avance vers lui, Roy Truly, le préposé à la surveillance :
— Je suis le surveillant de l’immeuble. Suivez-moi, chef, je vais vous montrer !
Ils se précipitent vers l’angle nord-ouest du rez-de-chaussée, franchissent plusieurs portes, parviennent devant les deux monte-charge. Aucun n’est en marche. Aucun ne vient quand on presse les boutons d’appel.
— Prenons l’escalier ! s’écrie Baker.
Truly en tête, les deux hommes s’engagent dans l’escalier et gagnent le premier étage. Truly s’apprête à continuer son ascension vers le second, lorsque Baker, à travers la vitre d’une porte, remarque « la silhouette furtive d’un homme qui marche dans le vestibule, en direction de la cantine (156) ».
Le policier sort son revolver, ouvre la porte du vestibule, y pénètre en courant. Il aperçoit un homme, vêtu d’une chemisette de sport brune qui, dans la salle de la
Weitere Kostenlose Bücher