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C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy

Titel: C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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tous les deux au milieu des fauteuils. Trois autres agents se ruent sur l’homme, s’en saisissent, l’immobilisent. On lui passe les menottes. McDonald en a témoigné : au moment où l’on sortait de la salle, l’homme s’est mis « à lancer quelques jurons et à tempêter contre la brutalité de la police ». À 13 h 51, la voiture n° 2 annonce par radio qu’elle roule vers le quartier général de la police avec, à son bord, un suspect du nom de Lee Harvey Oswald.
    C’est ainsi que le capitaine Fritz, arrivant au bureau de la police à 14 h 15, a trouvé, assis sur un banc, l’homme soupçonné d’avoir assassiné l’agent Tippit alors qu’il était prêt – lui Fritz – à le faire rechercher sous l’inculpation d’avoir tiré sur le président des États-Unis d’Amérique !
     
    Une pièce de 4 mètres sur 3. Le capitaine Fritz assis derrière son bureau. En face, un homme mince, brun, crispé : Lee Harvey Oswald. Tout autour, des agents, des détectives de la ville de Dallas, des enquêteurs du FBI et des Services secrets. Tout ce monde littéralement s’écrase. Il en sera ainsi durant toute la durée d’un interrogatoire qui va se poursuivre dans des conditions exécrables. Devant la Commission Warren, le chef de la police Curry a reconnu : « C’était exactement contre tous les principes d’une bonne pratique de l’interrogatoire. »
    L’attitude d’Oswald ? Il affirme ne pas comprendre. Il demande avec insistance pourquoi il est là.
    — Possédez-vous une carabine ? interroge Fritz.
    Oswald nie avec énergie.
    Il nie encore quand on l’accuse d’avoir tiré sur l’agent Tippit. Son seul crime, déclare-t-il, est d’être sorti avec un revolver et d’avoir opposé de la résistance quand on a voulu l’arrêter.
    — Mais pourquoi portiez-vous un revolver ?
    — Eh bien, vous savez ce que c’est ! J’en portais un, voilà tout !
    Où l’a-t-il acheté ? À Fort Worth, dit-il. Dans son portefeuille, on découvre une carte du Selective Service , organisme gouvernemental chargé du recrutement militaire. Elle est fausse. Établie au nom d’Alek J. Hidell, elle porte la photographie d’Oswald. D’où vient cette carte ? Quelle est sa signification ? Oswald refuse de s’expliquer.
    On l’invite à raconter ce qu’il a fait depuis le moment où le président a été assassiné. Oswald répond qu’il a déjeuné au Depository , à la cantine du rez-de-chaussée, qu’il est monté ensuite au premier étage pour chercher une bouteille de Coca-Cola, avec laquelle il est redescendu. Il reconnaît avoir rencontré un agent de police au premier étage. Après le déjeuner, dit-il, il a bavardé avec le chef d’équipe Bill Chelley, pendant cinq ou dix minutes. Chelley lui a dit qu’on ne travaillerait pas ce jour-là. Alors, il est rentré chez lui.
    Autant de points sur lesquels Fritz a bien l’intention de faire la lumière. Déjà, il a envoyé des agents au domicile d’Oswald et d’autres à celui de sa femme, Marina, une Russe. Déjà, dans le sous-sol du bureau de la police, des témoins ont été conduits. On va leur montrer Oswald, mêlé à d’autres personnes. On verra bien s’ils le reconnaissent ou non.
    Cependant, à travers ses dénégations, ses demi-aveux, ses débuts d’explications, ses réticences, c’est un bien étrange personnage qui – peu à peu – se révèle.
     
    Lee Harvey Oswald est le type même de l’homme qui, jamais, n’a été à l’aise dans sa peau. De son passé tout est médiocre. Il est né à La Nouvelle-Orléans le 18 octobre 1939, deux mois après la mort de son père. Son enfance est parfaitement dénuée de chaleur humaine. Ballotté dans des écoles du Nord où l’on se moque de son accent du Sud et dans des écoles du Sud où l’on se moque de son accent du Nord, il s’est replié sur lui-même. Son comportement a inquiété même ses professeurs ; sur leurs conseils, sa mère, une femme geignarde qui passe son temps à se demander ce qu’elle a fait au ciel pour donner naissance à un tel fils, le fait entrer dans un institut spécialisé, bourré de caractériels et de délinquants mineurs. On conseille une cure psychiatrique à la mère qui n’en fait qu’à sa tête et reprend son fils. Chez elle, le jeune Lee, en grandissant, étouffe de plus en plus. Dès qu’il le peut, il s’engage dans les Marines. Il en attend tout. Il n’y découvrira que la certitude de n’être pas

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