C’était le XXe siècle T.4. De Staline à Kennedy
il s’éloigne en courant. Il s’en va cacher de nouveau son arme près des voies ferrées. Il regagne tranquillement la petite maison de Neely Street qu’il partage avec sa femme.
L’attentat contre le général Walker est un fait que personne ne peut mettre en doute : le lendemain, les journaux l’ont relaté surabondamment. Le général s’en est tiré par miracle : visé de si près, présentant une cible immobile, n’importe qui aurait dû l’abattre.
La police n’a pu découvrir l’homme qui avait raté Walker. C’est Marina Oswald qui, après la mort de son mari, a raconté toute l’histoire. Il n’a pas manqué de gens pour exprimer d’importantes réserves sur son récit. Dans sa hâte à charger son mari – en quelque sorte une vengeance posthume, une libération de ses déceptions – Marina a été prise, plusieurs fois, en flagrant délit d’erreurs ou d’omissions délibérées. Mais, là, Marina possédait de quoi clouer le bec à ses contradicteurs. Elle a remis à la police un billet que son mari, le soir du 10 avril 1963, avait laissé à son intention au moment où il s’enfonçait dans la nuit pour tuer Walker. Il était ainsi conçu :
« 1. Voici la clef de la boîte postale qui se trouve à la poste principale de la ville, Ervay Street. C’est la même rue que celle du drugstore où tu attendais toujours. Tu trouveras la boîte postale à la poste, à quatre blocs du drugstore, dans la même rue. J’ai payé la location de la boîte le mois dernier : donc, ne t’inquiète pas de cela.
« 2. Envoie les renseignements sur ce qui m’est arrivé à l’Ambassade et joins-y les coupures de journaux (s’il y a quelque chose sur moi dans les journaux). Je crois que l’Ambassade viendra rapidement à ton aide en apprenant tout.
« 3. J’ai payé le loyer de la maison le 2 ; donc ne t’inquiète pas.
« 4. J’ai payé aussi récemment l’eau et le gaz.
« 5. L’argent de ma paie arrivera peut-être. Il sera envoyé à notre boîte postale. Va à la banque et encaisse le chèque.
« 6. Tu peux jeter ou donner mes vêtements et autres affaires. Ne les garde pas. Cependant, je préfère que tu gardes mes papiers personnels (militaires, civils, etc.).
« 7. Certains de mes documents sont dans la petite valise bleue.
« 8. Le carnet d’adresses se trouve sur ma table dans le bureau en cas de besoin.
« 9. Nous avons ici des amis. La Croix-Rouge t’aidera aussi.
« 10. Je t’ai laissé tout l’argent que je pouvais, 60 dollars, le 2 de ce mois. Toi et le bébé, vous pouvez apparemment vivre encore deux mois avec 10 dollars par semaine.
« 11. Si je suis en vie et mis en prison, la prison est située à l’extrémité du pont sur lequel nous passions toujours pour aller en ville (juste à l’entrée de la ville après avoir traversé le pont). »
Comment douter que Lee Oswald se préparait à commettre, ce soir-là, un acte pour lequel il savait risquer la mort ou, à tout le moins, la prison ?
Le général Walker est en vie. Oswald n’a pas trouvé la gloire, ni à ses propres yeux, ni face à l’humanité. La vie médiocre a recommencé. Le 24 avril, Lee gagne La Nouvelle-Orléans où il trouve un emploi de graisseur de machine à trier le café. Le 19 juillet, il le perd. De nouveau, l’URSS lui apparaît comme un pays d’élection. Il cherche à obtenir un passeport pour y retourner. On le lui refuse. Son ambition change d’objet : c’est à Cuba qu’il veut aller. Là aussi, les obstacles sont trop grands. Et si la route de Cuba passait par Mexico ? Pour s’y rendre, le 25 septembre, il choisit l’autocar. Sur place, on l’accueille avec autant de méfiance à l’ambassade cubaine qu’à celle d’URSS. Il doit repartir. Il n’a plus le sou. Et Marina doit bientôt accoucher de nouveau. Le 14 octobre, il trouve un emploi dans une société privée de Dallas, le Texas Book School Depository .
Marina Oswald continuera à demeurer à Irving – à vingt-quatre kilomètres de Dallas – chez son amie Ruth Paine et le mari de celle-ci, un ingénieur de Bell Helicopter . Quant à Lee, pour être plus proche de son travail, il loue une chambre meublée à Dallas, au 1026 North Beckley. Sur le registre, il signe O.H. Lee ; un tic, décidément.
Le jeudi 21 novembre, veille de la visite présidentielle, Oswald demande à l’un de ses camarades de travail, Frazier, qui habite Irving et y rentre chaque soir en voiture,
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