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Charly 9

Charly 9

Titel: Charly 9 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Teulé
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dégénérescence d’une
race de rois flétrie et exténuée :
    — Et pour les huguenots du
palais, seigneurs, artistes ou serviteurs, qu’avez-vous prévu ?
    — Nous allons bientôt fermer
les portes du Louvre, répond Catherine de Médicis, et on les tuera tous.
    Charles hoche la tête :
    — Tu as invité deux cents
nobles protestants au palais et demain tu veux rassembler leurs cadavres dans
la cour carrée ?
    — Oui et on fera boire les
Suisses pour qu’ils aient la main lourde.
    Dos à la tapisserie au cervidé, le
capitaine de la première compagnie des gentilshommes de la Maison du roi décrit
tandis que le monarque tripote les mailles du filet de chasse aux alouettes
près de lui :
    — Nous allons, aussi dans le
château, dénicher les oiseaux huguenots. Je commanderai personnellement aux
archers d’aller les poursuivre dans les galeries, les escaliers, et de les
traquer jusque dans leurs chambres pour les tuer sur place.
    — Ce serait un abattoir,
prévoit Charles IX.
    Sa mère et son frère récitent l’un
après l’autre :
    — Il nous faut ces crimes…
    — … que tu réprimes.
    — Diable de rime, commente le
roi, tapotant ses ongles sur un recueil de Ronsard. Même dans nos murs le sang
coulerait en ruisseaux. Il y en aurait partout de larges éclaboussures.
    Il baisse la tête d’un air
sombre :
    — Tout à l’heure, je vais me
retirer dans ma chambre et recevoir pour mon petit coucher les hommages
également de seigneurs protestants. Que vais-je leur dire ? « Bonne
nuit » ?
    — Oui. Il ne faudra rien leur
faire soupçonner.
    — Et toi, mamma, quand tu
sortiras de ce cabinet et en croiseras dans les galeries, que leur diras-tu ?
    — Bonne nuit, messieurs de la
Réforme. Je vais prier pour vous…
    Pendant que debout près de
l’imposante collerette de la reine mère, le cadet, passant maintenant d’une
jambe sur l’autre, s’impatiente vraiment : « Bon, tu te décides ou
quoi ?… », Charles déplore : « Que de morts encore en
supplément. »
    — Mais oui ! se débarrasse
d’un geste son frère. Avec tous les domestiques et familiers du marié et de
Condé, les nombreux débordements à prévoir, mettons si tu veux qu’on arrive à
trente mille et alors ?
     
     
    — Trente mille morts ?
    — Vingt mille, trente mille…
quelle est la différence ?
    — La différence, Henri ?
On voit bien que ce n’est pas toi qui vas mourir.
    — Eh bien si ! explose le
cadet. Si tu ne te décides pas maintenant, ce sont nous : ta femme Élisabeth
d’Autriche, maman, Marguerite, notre autre frère Alençon, toi, et moi qui
allons mourir dans quelques heures !
    — Comment ça ?
    — En fait, Altesse, on a oublié
de vous dire un détail qui n’en est pas un, intervient Tavannes. En ce moment,
rue de Béthisy, les huguenots rassemblés autour de Coligny font le même complot
que nous.
    — Pour quoi faire ?
    — Égorger la famille royale.
    — Hein ?
    Nevers raconte :
    — Bayancourt, espion de la
Cour, et Gramont nous ont avertis de l’imminence d’une attaque du Louvre. Les
protestants veulent s’emparer du palais et saigner la famille royale. Nous
disposons de très peu de temps pour les devancer. Ce sera eux ou nous et on
doit se décider tout de suite !
    — Charles, tu les as autorisés
à rassembler armes, munitions et rondaches, rappelle Anjou. Ils vont nous
tuer !
    Le doux monarque totalement hagard
bredouille :
    — Il faut quand même encore
réfléchir… au moins jusqu’à demain…
    — Hélas, aîné, demain peut-être
il ne sera plus temps !
    — Crevez, crevez les peaux de
huguenots, Sire ! insiste Birague. La saignée est bonne au mois d’août. Ce
n’est pas votre chirurgien Paré qui vous dira le contraire…
    — Ambroise Paré, mais c’est un
protestant ! s’affole Charles. Je veux qu’il soit épargné !
Envoyez-le quérir et qu’on l’enferme dans ma chambre lui commandant de n’en
bouger. Il ne serait pas raisonnable que quelqu’un qui peut sauver tant de gens
soit ainsi massacré.
    — C’est vrai qu’il est en telle
réputation de savoir que même les plus chauds catholiques ont recours à lui,
concède Gondi. Il n’y aura eu finalement que la marquise de Boissière qui se
soit laissée mourir plutôt que de devoir la vie à un huguenot…
    — Et je veux qu’on sauve aussi
Marie Touchet ! hurle le roi. Ma maîtresse protestante est si excellente
en beauté et en

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