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Chasse au loup

Chasse au loup

Titel: Chasse au loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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ceux-ci sont déchargés, tu es perdu, répliqua Saber. Et puis, ces armes sont peu fiables, peu précises et rarement mortelles. De toute façon, il paraît que ce Lukas Relmyer tire aussi très bien au pistolet.
    Relmyer aperçut Margont, s’interrompit et le salua de sa lame. Saber bomba le torse.
    — Je savais qu’il avait entendu parler de moi.
    Relmyer s’approcha de Margont, le sabre encore à la main. Le lâchait-il jamais, d’ailleurs ? Malgré son entraînement intensif, il demeurait alerte, étranger à tout signe de fatigue.
    — Cher ami ! Puis-je vous entretenir à l’écart ?
    Saber, raidi, contenait des flots de dépit et de jalousie. Les deux hommes s’éloignèrent tandis que les admirateurs se résignaient à rejoindre leurs bataillons.
    — Avant toute chose, je dois vous prévenir d’un danger, déclara Margont. Si c’est bien l’homme que nous recherchons qui a mis le feu aux ruines de cette ferme, alors il est particulièrement prudent. S’il apprend que vous êtes de retour, il se peut qu’il tente de vous tuer. Veillez donc à prendre une escorte quand vous vous éloignez de nos campements.
    Relmyer rengaina sa lame, heurtant bruyamment la garde contre le fourreau.
    — Je suis ma propre escorte.
    — J’espère que vous m’avez entendu. Pouvons-nous nous rendre maintenant à votre ancien orphelinat ?
    — Hélas je n’y suis pas le bienvenu. On m’en veut beaucoup d’avoir semé le trouble, avant mon départ, en 1804. Il faut dire que, par dépit, j’étais devenu agressif. Il m’est même arrivé de bousculer durement le responsable de l’enquête. J’en voulais à tout le monde.
    Ses propos le plongèrent dans le désarroi et sa main vint se poser sur son sabre, sa béquille.
    — Nous menons une enquête, cela nous donne des droits, décréta Margont.
    De lassitude, les paupières de Relmyer s’affaissèrent.
    — Bien sûr. Mais ce n’est pas aussi simple. Mme Blanken, cette vieille pie insensible et bornée, dirige toujours l’orphelinat de Lesdorf. Or, je vous l’ai dit, elle est liée à l’aristocratie viennoise. Si vous allez fureter dans son nid sans son accord, elle ne se contentera pas de vous donner des coups de bec. Ses piaillements nous attireront des ennuis autrement plus graves.
    Relmyer poursuivit d’un ton que la colère rendait cinglant comme ses coups de lame.
    — L’Empereur veut que Vienne se tienne tranquille, donc les fauteurs de troubles sont lourdement condamnés. Si une douzaine de comtesses et d’épouses de notables autrichiens se plaignent de nous en prétendant que nous semons la panique dans un orphelinat, on nous jettera aux arrêts de rigueur. Croyez-moi, la Blanken a le bras long et la gifle efficace.
    Margont battit en retraite. Il fallait prendre le temps de se renseigner sur tout ennemi potentiel avant de l’affronter.
    — De toute façon, sans la coopération de cette dame, nos recherches seraient peu productives, précisa Relmyer. C’est pourquoi je vous propose de procéder autrement. J’ai envoyé l’un de mes hussards porter une lettre à Luise pour lui demander d’essayer d’arranger une rencontre entre Mme Blanken et nous. Elle m’a répondu que ses parents allaient donner un bal. Napoléon fait pression sur les Viennois afin qu’ils organisent des réceptions. L’Empereur veut divertir ses officiers et montrer qu’il est si confiant en sa victoire à venir qu’il autorise régulièrement ses soldats à perdre leur temps en badinages mondains. Il a même invité des acteurs parisiens pour qu’ils jouent dans le théâtre du château de Schönbrunn, où il s’est installé. Les Mitterburg ont accepté parce que, comme bien des Autrichiens, ils tentent de composer avec les deux camps. Si l’archiduc Charles l’emporte, ils expliqueront que les Français les ont obligés à donner cette soirée, ce qui est vrai. Et si c’est Napoléon qui gagne cette guerre, le commerce des Mitterburg continuera à fructifier...
    Margont hocha la tête.
    — Il faut avouer que les relations franco-autrichiennes sont si compliquées que tout le monde y perd son latin ! Sous la Révolution et le Consulat, l’Autriche et la France étaient ennemies. Puis on se réconcilie après Austerlitz. Alors les soldats français s’entendent dire qu’il ne faut plus critiquer les Autrichiens, car ceux-ci sont nos amis. Aujourd’hui, l’Autriche recommence à nous faire la guerre. Mais nul doute que, si

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