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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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plus tard, à Gênes. Tu ne
m’as pas reconnu et j’ai cru préférable de ne rien te dire alors par crainte de
te gêner. Souviens-toi, tu avais recours à mes services quand tu étais commis
chez les Centurione. C’est auprès de moi que tu venais faire provision d’herbes
et de baumes avant tes voyages à Chio. Tu étais un bon client et tu avais
l’élégance de ne pas trop marchander le prix de mes drogues, contrairement à
tes collègues. Un beau jour, tu as disparu. Je me suis dit que tu avais fait
naufrage. Je suis heureux de constater qu’il n’en est rien. Pour ma part, j’ai
quitté Gênes après une mauvaise rixe dans une taverne près de l’arsenal, celle
où tu avais coutume de passer tes soirées. Je me suis pris de querelle avec un
matelot et je l’ai laissé pour mort. Par crainte d’être arrêté, je me suis
embarqué sur le premier bateau qui a bien voulu de moi et je suis arrivé à
Valence où l’un de nos compatriotes m’a hébergé. J’ai épousé sa fille et je
suis venu, quelques mois plus tard, à Cordoue où mon beau-père avait des
intérêts. C’est là que je vis depuis des années et je ne me plains pas de mon
sort, loin de là. Les habitants de cette cité sont une véritable aubaine pour
moi. Ils sont souffreteux et douillets à souhait, je n’ai donc aucun mal à leur
vendre mes remèdes. Rassure-toi, je prendrai grand soin de toi. Je vais te
préparer un onguent dont j’ai le secret et qui te remettra vite sur pied.
Quelle idée saugrenue tu as eue de faire tout le trajet à dos de mule !
Que n’as-tu pris un navire à Séville pour remonter le fleuve comme le font tous
les voyageurs !
    — Peut-être est-ce parce que j’en avais assez d’être à
bord d’un bateau. À vrai dire, j’ai éprouvé le besoin de découvrir ce pays et ses
habitants afin de me préparer à ma nouvelle vie. Je n’ai pas été déçu même si
j’éprouve encore quelque difficulté à me faire à leur langue. Je la comprends
car j’ai eu de nombreux marins castillans sous mes ordres mais, ici, leurs
congénères s’évertuent à me parler à toute vitesse, si fait que j’ai un peu de
mal à saisir tout ce qu’ils disent.
    — Cela viendra vite. Tu le verras, ils sont fiers et
ombrageux mais ont le cœur sur la main. Juifs, Maures et Chrétiens vivent en
bonne entente et tu auras parfois grand mal à distinguer les uns des autres.
J’aime l’insouciance dont ils font preuve dans leur existence. Ils aiment
prendre leur temps et te faire perdre le tien. C’est d’ailleurs ce qui énerve
fort Miguel Molyarte qui t’envoie chez moi. Est-ce l’une de tes
connaissances ?
    — C’est mon beau-frère.
    — Ce qui veut dire que j’aurai sous peu le bonheur de
rencontrer ton épouse.
    — Malheureusement, je suis veuf.
    — Je suis désolé de l’apprendre et je puis t’assurer
que je n’ai point voulu te blesser en formulant ce vœu. Je ne pouvais deviner
que…
    — Je le sais et ne t’en tiens pas grief. Il m’est
agréable de trouver ici un compatriote.
    — Tu en verras bien d’autres dans ce quartier.
Raconte-moi plutôt ce que tu as fait.
    Cristovao se lança dans un récit qu’il avait largement eu le
temps de préparer depuis son arrivée à Palos. Il n’entendait pas tout dire au
premier venant, encore moins dévoiler ses projets, d’autant qu’il ne se
souvenait pas de Leonardo de Esberraya même si ce qu’il lui avait dit à propos
de leurs surnoms l’intriguait. Il se contenta donc de raconter son séjour à
Porto Santo puis à Lisbonne et ses différents voyages, expliquant que des
démêlés avec la famille de sa femme, à propos de son héritage, l’avaient amené
à quitter le Portugal.
    Leonardo de Esbarraya opina de la tête :
    — Ces Portugais sont de redoutables chicaneurs, j’ai pu
le constater quand j’ai eu affaire à certains d’entre eux. Ce sont des mauvais
payeurs et des clients peu commodes, toujours prêts à soupçonner qu’on cherche
à les gruger et à les tromper. Tu le verras, ils ne sont guère aimés ici et tes
déboires t’attireront la sympathie naturelle de tes interlocuteurs. Ils
détestent leurs voisins qui, à ce que je crois, le leur rendent bien. Je crois
que tu aurais tout intérêt à rencontrer certains de mes amis qui se réunissent
dans ma boutique le soir pour discuter de différents sujets qui nous tiennent à
cœur. Ils pourraient t’être d’une grande aide. Si tu n’as rien d’autre à

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