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Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Christophe Colomb : le voyageur de l'infini

Titel: Christophe Colomb : le voyageur de l'infini Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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poursuivre ton
beau-frère comme tu en avais manifesté l’intention. Mais tu es libre d’arranger
ce différend à ta manière, à condition qu’il n’y ait nul scandale public.
    Je suis ton serviteur,
     
    Antao Correa,
ouvidor de la chancellerie royale.
     
    *
     
    Le 25 novembre de l’an de
grâce 1484
    À Filippo Centurione, négociant à
Gènes
     
    Je vous fais tenir ce message par l’intermédiaire d’un
Juif de Séville, Abraham Tolédano, avec lequel tu serais en rapport.
    J’ai su par lui dans quelles conditions l’on avait abusé
de ma crédulité dans l’affaire des 2 000 arrobes de sucre. Il est fort
fâché contre l’un des siens, José Vizinho, qui l’a induit en erreur et qui, de
surcroît, l’a incité à prêter de très fortes sommes d’argent à l’un de leurs
frères, mon ancien patron, Eleazar Latam, qui a fait faillite et perdu tout son
avoir.
    J’ai décidé de quitter ce pays où le dévouement est
récompensé par l’ingratitude. J’en sais désormais assez sur leurs entreprises
maritimes pour comprendre qu’elles sont vouées à l’échec.
    J’ai toutefois appris certaines choses, notamment que
nous pourrions tirer profit de leur couardise et de leur prudence excessive en
suivant certaines routes de la mer Océane.
    S’il vous plaît d’en savoir plus et de m’aider dans cette
entreprise, je le saurai en me rendant à Séville auprès de votre agent.
    Je demeure Génois de cœur, et votre fidèle serviteur,
     
    Cristoforo.
     
    *
     
    Le 5 janvier de l’an de
grâce 1485
    De Filippo Centurione à Paolo di
Negri,
    négociant à Séville
     
    Mon cousin,
    Tu te souviens sans doute de ce commis dont tu avais
cherché à obtenir l’arrestation. Tes raisons étaient alors excellentes, elles
ne le sont plus. Il est possible qu’il te rende visite ici sous peu. Fais-lui
bon accueil et veille à ce que cela se sache.
    Au besoin, manifeste-lui de manière éclatante ton appui
en laissant entendre que nous nous intéressons à ses projets. Il semble qu’il
ait l’intention de partir à la recherche de nouvelles routes commerciales. Ce
serait une catastrophe qu’il les trouve car cela mettrait à bas tous les
efforts que nous avons entrepris pour chasser les Vénitiens de leurs comptoirs
du Levant et pour obtenir du Soudan de Babylone le monopole du trafic des
épices. Il nous reste maintenant à en écarter les Provençaux, les Castillans et
les Aragonais pour avoir satisfaction.
    Un Juif de Florence, auquel j’achète souvent les pierres
précieuses qu’il rapporte de Damas, m’a confié les entretiens qu’il avait eus
avec lui et l’intérêt qu’il porte à Cypango. Ce commis pourrait nous être d’un
précieux secours s’il parvenait à attirer sur lui l’attention des Castillans.
Arrange-toi pour que cela soit le cas.
     
    Filippo.
     
    *
     
    Le 2 janvier de l’an de
grâce 1485
    De Diogo Ortiz de Vilhegas,
évêque de Ceuta,
    au frère Antonio de Marchena,
    custode de la province
franciscaine de Séville,
    son frère dans le Christ
Notre-Seigneur
     
    Je t’avais parlé dans une précédente lettre d’un marin
génois auquel je m’intéressais.
    Sache qu’il se rendra bientôt auprès de toi et que je te
le recommande tout particulièrement.
    Dieu sait pourtant s’il m’a valu de nombreux ennuis.
C’est tout récemment que j’ai appris qu’il m’avait joué un tour pendable en
faisant incendier un navire à bord duquel je comptais m’embarquer à Boa Vista
pour gagner Ceuta. Cela m’aurait évité d’avoir à accompagner jusqu’à la côte de
Guinée ce rusé José Vizinho dont je me méfie de plus en plus.
    J’ai enfin appris la vérité à ce sujet. Le navire a été
incendié par un marin génois, Giuseppe Mariani, ami de ce sacripant que je
t’envoie. L’homme s’est confié à moi lors d’un passage à Ceuta car, à défaut de
regretter son geste, il avait quelque scrupule à l’idée d’avoir commis pareille
faute envers un prélat.
    Je l’aurais volontiers assommé s’il ne m’avait confié
qu’il avait accompli son geste pour demeurer fidèle à un serment qu’il avait
fait dans son enfance de toujours porter assistance à ceux qu’il appelle les
« chevaliers de Jérusalem ». C’est ainsi qu’il nomme les membres d’un
petit groupe d’amis qui a fait vœu d’œuvrer pour la délivrance du Tombeau de
Notre-Seigneur. Je l’ai longuement interrogé et, en dépit de mes préventions
initiales, je sais

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