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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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nièce Lesbie en exil   ?
    Elle acquiesça.
    —  Comment as-tu deviné ce que je voulais dire   ? Maintenant explique-moi, mon cher Claude, comment se fait-il que Lesbie aille si souvent dans tes appartements au palais quand je n’y suis pas   ? De quoi parle-t-elle   ? Et pourquoi ne me tiens-tu pas au courant de ses visites   ? Tu as tort de me cacher certains secrets.
    Je lui fis un sourire rassurant, tout en éprouvant un léger embarras.
    —  Il n’y a rien de secret, rien du tout. Tu te rappelles qu’il y a environ un mois je lui ai rendu le reste des biens que Caligula lui avait pris   ? Ces terres de Calabre que nous étions convenus de ne pas lui rendre tant que nous ne savions pas comment Vinicius et elle allaient se comporter   ? Eh bien, comme je te l’ai dit, quand elle a su qu’elle rentrait en possession de ses biens, elle a fondu en larmes, avouant son ingratitude et jurant qu’elle allait désormais changer sa manière de vivre et vaincre son stupide orgueil.
    —  Très touchant, j’en suis sûre. Mais c’est la première fois que tu évoques une scène aussi dramatique.
    —  Il me semble pourtant bien t’avoir raconté toute cette histoire, un matin au petit déjeuner.
    —  Tu as dû le rêver. Alors, qu’était donc cette histoire   ? Mieux vaut tard que jamais. Quand tu lui as rendu ses biens, j’ai trouvé singulier que tu te croies obligé de récompenser son insolence envers moi. Mais je n’ai rien dit. C’était ton affaire, pas la mienne.
    —  Je n’y comprends rien. J’aurais juré que je t’en avais parlé. Ma mémoire a parfois des défaillances extraordinaires. J’en suis vraiment désolé, ma très chère. Enfin, si je lui ai rendu ses biens, c’est uniquement parce qu’elle m’a affirmé qu’elle était venue te trouver et t’avait présenté ses excuses très sincères   ; tu lui aurais même dit   : «   Je te pardonne de tout mon cœur, Lesbie. Va dire à Claude que je te pardonne.   »
    —  Oh, quel mensonge éhonté   ! Jamais elle n’est venue me voir. Es-tu certain qu’elle l’a dit   ? Ou bien, est-ce ta mémoire qui te fait une fois de plus défaut   ?
    —  Non, je suis sûr de ce que j’avance. Autrement, je ne lui aurais pas rendu ses biens.
    —  Tu connais la formule légale en ce qui concerne les témoignages   ? «   Faux sur un point, faux sur tous.   » Elle s’applique parfaitement à Lesbie. Mais tu ne m’as pas encore dit pourquoi elle t’a rendu visite. Qu’essaie-t-elle d’obtenir de toi   ?
    —  Rien, me semble-t-il. Elle vient de temps en temps me faire une visite amicale   ; elle me redit sa reconnaissance et me demande si elle peut m’être de quelque utilité. Jamais elle ne reste assez longtemps pour m’ennuyer et toujours elle s’informe de toi. Quand je lui réponds que tu travailles, elle me dit ne vouloir en aucune façon te déranger et me prie de l’excuser pour m’avoir distrait de mes occupations. Hier, elle m’a dit qu’elle te croyait encore un peu méfiante à son égard. Je lui ai répondu que je ne le pensais pas. Elle bavarde un moment de choses et d’autres, m’embrasse comme une bonne nièce et s’en va. J’apprécie beaucoup ses visites. Mais j’étais bien convaincu de t’en avoir parlé.
    —  Jamais. Cette femme est un serpent. Je crois connaître son plan. Elle va s’insinuer dans ta confiance, comme une bonne nièce bien sûr, et puis elle se mettra à me calomnier. Elle procédera d’abord par petites insinuations, puis, en prenant de l’assurance, elle deviendra plus directe. Elle inventera probablement une merveilleuse histoire au sujet de ma double vie. Elle te dira que, derrière ton dos, je me vautre dans la débauche –  gladiateurs, acteurs, de jeunes amants et le reste. Et tu la croiras, évidemment, comme un bon oncle. Oh Ciel, quelles chipies, les femmes   ! Je suis persuadée qu’elle a déjà commencé. Ai-je raison   ?
    —  Certes non. Je ne le lui permettrais pas. Je refuserais de croire quiconque te prétendrait infidèle en acte ou en parole. Je ne le croirais même pas si tu me le disais toi-même, de ta propre bouche. Alors, es-tu satisfaite   ?
    —  Pardonne-moi, très cher, ma jalousie. C’est dans ma nature. Je déteste que tu te lies d’amitié avec d’autres femmes, même des parentes. Qu’une femme se trouve seule avec toi et je ne lui fais pas confiance. Tu es si naïf. Et je suis bien résolue à découvrir le

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