Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
Vom Netzwerk:
excessifs de travail que je m’étais imposés. Deux solutions s’offraient à moi   : ou je réduisais ces horaires, ou je me mettais en état de pouvoir supporter de tels efforts   ; sinon, mes jours seraient singulièrement écourtés. Je pris la mouche et lui répondis qu’aucun médecin grec n’avait été capable de me guérir dans mon adolescence, bien que j’en eusse consulté un grand nombre   ; je lui assurai, par ailleurs, qu’il était non seulement trop tard pour pallier mes infirmités, mais que je n’avais nullement l’intention de recourir aux services des médecins grecs.
    Hérode eut un sourire narquois   : «   C’est bien la première fois de ma vie, à ma connaissance, que tu tombes d’accord avec Caton l’Ancien. Je me rappelle son Commentaire sur la médecine qu’il écrivit pour son fils, lui interdisant de consulter jamais un médecin grec. À la place, il lui recommandait le recours aux prières, au bon sens et aux feuilles de chou, suffisants pour soulager la plupart des maux ordinaires. Eh bien, si les prières sont efficaces, on en dit aujourd’hui à Rome assez en faveur de ta santé pour que tu deviennes un véritable athlète. Quant au bon sens, il est le patrimoine de tout Romain. Peut - être, César, as-tu oublié les feuilles de choux   ?   »
    Je m’agitai avec humeur sur ma couche. «   Quel docteur me recommandes-tu   ? J’accepte d’en voir un, mais un seul, pour te faire plaisir. Que penses-tu de Largus   ? C’est le médecin du palais maintenant. Messaline en dit le plus grand bien.   »
    —  Si Largus avait su comment te guérir il n’aurait pas hésité à te proposer ses services. Inutile de le faire venir. Si tu consens à n’en consulter qu’un, adresse-toi à Xénophon de Cos.
    —  Quoi, le vieux chirurgien militaire de mon père   ?
    —  Non, son fils. Il était avec ton frère Germanicus durant sa dernière campagne, tu t’en souviens peut-être   ; ensuite, il s’est installé à Antioche. Il y a remarquablement réussi et il est arrivé à Rome depuis peu. Il a adopté la devise du grand Asclépiade   : Guérir de façon rapide, sûre et plaisante. Ni purges violentes, ni émétiques. Un régime, de l’exercice, des massages et quelques remèdes simples d’origine végétale. Il m’a délivré d’une forte fièvre par la distillation des feuilles d’une petite fleur jaune nommée aconit, puis il m’a remis sur pied en me conseillant un régime   : ne pas trop boire, éviter certaines épices. De plus, c’est un merveilleux chirurgien, si besoin est. Il connaît exactement la place dans le corps de chaque nerf, chaque os, chaque muscle ou tendon. Il m’a dit qu’il avait appris l’anatomie grâce à ton frère.
    —  Germanicus n’avait rien d’un anatomiste.
    —  Non, mais il tuait des Germains. Xénophon s’est initié à l’anatomie sur le champ de bataille   ; Germanicus lui fournissait les sujets. Aucun chirurgien ne peut apprendre l’anatomie en Italie ou en Grèce. Ou bien il lui faut aller à Alexandrie où l’on accepte de disséquer les cadavres, ou bien il doit se déplacer dans le sillage d’une armée victorieuse.
    —  Je suppose qu’il viendra si je l’envoie chercher   ?
    —  Quel docteur refuserait de venir   ? Oublies-tu qui tu es   ? Mais bien entendu, s’il te guérit, tu devras le payer généreusement. Il aime l’argent. Quel Grec ne l’aime pas   ?
    —  Si toutefois il me guérit.
    J’envoyai chercher Xénophon. Dès l’abord je me pris de sympathie pour lui, car l’intérêt qu’il me portait à titre professionnel lui fit oublier ma qualité d’empereur et le droit de vie ou de mort que j’avais sur lui. C’était un homme d’une cinquantaine d’années. Après les saluts et politesses d’usage, il s’exprima d’un ton sec et bref, sans jamais s’écarter du sujet.
    —  Ton pouls. Merci. Ta langue. Merci. Excuse-moi (il me retourna les paupières). Les yeux légèrement enflammés. Tu es curable. Je te donnerai une lotion pour les baigner. Légère rétraction des paupières. Lève-toi, je te prie. Oui, paralysie infantile. Ne peut être guérie, naturellement. Trop tard. J’aurais pu le faire, mais avant que ta croissance s’arrête.
    —  Tu n’étais toi-même qu’un enfant à l’époque, Xénophon, dis - je en souriant.
    Il sembla ne pas m’entendre.
    —  Es-tu né prématurément   ? Oui   ? Je m’en doutais. La malaria aussi  

Weitere Kostenlose Bücher