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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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dos d’un taureau. Si l’animal ne se fatiguait pas assez rapidement, ils le faisaient galoper autour de l’arène, assis comme ils l’auraient été sur le dos d’un cheval, tenant une corne d’une main et lui tordant la queue de l’autre. Une fois la bête suffisamment essoufflée, le meneur de jeu luttait avec elle, la tenant par les cornes pour la contraindre à s’affaisser au sol. Parfois, il allait jusqu’à prendre l’oreille du taureau entre ses dents pour s’aider dans son effort. Ce sport constituait un spectacle captivant et souvent le taureau accrochait de ses cornes et tuait un homme qui avait pris trop de risques avec lui. En outre, il ne revenait pas cher, car les Thessaliens, simples paysans, ne réclamaient que des cachets modestes, et le taureau, du fait qu’il survivait, pouvait resservir plusieurs fois. Les bêtes astucieuses qui apprenaient à éviter les pièges et à ne pas se laisser dominer devenaient vite les grands favoris du public. L’un d’eux, appelé le Rouilleux, devint presque aussi célèbre à sa façon que le cheval Incitatus. Il tua dix de ses tourmenteurs au cours de dix festivals. Avec le temps, ces joutes tauromachiques devinrent le spectacle préféré du peuple, les combats à l’épée mis à part.
    Quant aux gladiateurs, je décidai de les recruter dorénavant parmi les esclaves qui sous Caligula et Tibère avaient témoigné contre leurs maîtres lors de procès pour trahison, entraînant ainsi leur condamnation. Les deux crimes que j’abomine le plus sont le parricide et la trahison. Pour le parricide précisément, j’ai réinstauré l’ancien châtiment   : le coupable est fouetté jusqu’à ce que le sang jaillisse et il est alors cousu dans un sac avec un coq, un chien et une vipère, représentant la concupiscence, l’impudeur et l’ingratitude, pour finir jeté à la mer. Je considère la trahison de l’esclave envers son maître comme une sorte de parricide également, aussi les faisais-je toujours combattre jusqu’à la mort ou la mise hors de combat de l’un des adversaires et je n’accordais jamais sa grâce à un homme, mais le faisais combattre de nouveau aux Jeux suivants et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il y laissât sa vie ou fût réduit à l’impotence. Il est arrivé une ou deux fois que l’un d’eux, feignant d’être mortellement blessé alors qu’il n’avait reçu qu’une estafilade, se torde sur le sable comme s’il était incapable de continuer. Si la preuve m’était donnée de sa supercherie, je lui faisais trancher la gorge.
    Je crois que la populace préférait de beaucoup les divertissements que je lui offrais à ceux de Caligula, car leur fréquence était beaucoup plus rare. Caligula nourrissait une telle passion pour les courses de chars et la chasse aux bêtes fauves que presque chaque journée devenait prétexte à une fête. C’était une énorme perte de temps pour le peuple et la foule se lassa bien avant lui de ces spectacles répétés. Je supprimai du calendrier cent cinquante des nouvelles fêtes de Caligula. Je décidai également de réglementer les répétitions. Si une erreur avait été relevée au cours de l’un des intermèdes du festival, fût-ce une erreur minime de dernière heure, la coutume voulait que l’ensemble du spectacle fût repris depuis le début. Sous le règne de Caligula, les répétitions étaient devenues une véritable farce. Les nobles qu’il avait contraints d’organiser des jeux en son honneur à leurs propres frais savaient qu’ils n’avaient aucune chance de s’en tirer avec une seule représentation   ; il ne manquait jamais de découvrir une faille dans le déroulement de la cérémonie lorsqu’elle était terminée et les obligeait à la reprendre deux, trois, quatre, cinq et même jusqu’à dix fois. Pour se concilier ses faveurs, ils avaient donc pris l’habitude de commettre le dernier jour une erreur manifestement délibérée, gagnant ainsi la grâce de ne répéter le spectacle qu’une seule fois.
    L’édit que je promulguai spécifiait que la répétition d’une cérémonie ne devait jamais excéder une journée et que si une nouvelle erreur se produisait, il n’en serait pas tenu compte. Résultat, les erreurs cessèrent comme par enchantement. Il était clair que je ne les encourageais pas. Je résolus également d’interdire toute célébration officielle de mon anniversaire, ainsi que les combats à l’épée organisés en vue

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