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Claude, empereur malgré lui

Claude, empereur malgré lui

Titel: Claude, empereur malgré lui Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Graves
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d’obtenir ma sauvegarde. Il était injuste, déclarai-je, de sacrifier des vies humaines, fussent-elles de gladiateurs, pour tenter de bien disposer les Dieux infernaux envers un homme vivant.
    Cependant, pour ne pas risquer d’être accusé de lésiner sur les loisirs de la cité, il m’arrivait parfois de proclamer soudain un matin que des jeux se dérouleraient l’après-midi même dans l’enceinte du Champ de Mars. J’expliquai qu’aucune raison particulière ne présidait à cette décision, que simplement la journée était favorable et que rien n’ayant été prévu, les spectacles se dérouleraient au petit bonheur. Je les appelai Sportula ou Jeux de Fortune. Ils ne duraient qu’un après-midi.
    Je viens d’invoquer l’aversion que m’inspiraient les esclaves traîtres à leurs maîtres. Mais je me rendais bien compte qu’ils ne pouvaient éprouver un sentiment de dépendance filiale envers ces maîtres que dans la mesure où ils étaient par eux traités comme des fils. Les esclaves, après tout, sont humains. Pour les protéger, j’établis une législation, dont je peux donner un exemple. Le riche affranchi à qui Hérode avait une fois emprunté de l’argent pour rembourser ma mère et moi-même avait considérablement agrandi son hôpital pour esclaves malades, qui avait été transféré dans l’île d’Esculape, sur le Tibre. Il se proclamait prêt à acheter des esclaves en n’importe quelle condition physique en vue de les guérir, mais s’engageait à donner la priorité à l’ancien propriétaire, s’il désirait les racheter, et à un tarif n’excédant pas trois fois le prix d’origine. Ses méthodes pour les remettre sur pied étaient très rigoureuses, pour ne pas dire inhumaines. Il traitait les esclaves malades exactement comme du bétail. Mais ses affaires étaient florissantes car la plupart des maîtres ne voulaient pas être encombrés d’esclaves malades, qui distrayaient les autres esclaves de leurs tâches courantes et qui, la nuit, s’ils souffraient, empêchaient les autres de dormir par leurs gémissements. Ils préféraient les vendre dès que leur maladie menaçait d’être longue et pénible. Ce faisant, ils suivaient, bien entendu, les préceptes économiques fondamentaux de Caton le Censeur. Mais, décidé à mettre un terme à cette pratique, je promulguai un édit aux termes duquel tout esclave malade vendu à l’hôpital devait, une fois guéri, recevoir sa liberté et ne pas retourner au service de son maître   ; quant au maître, il devait rembourser à l’hôpital le prix d’achat de l’esclave. De cette façon, quand un esclave tombait malade, le maître devait le soigner chez lui ou alors payer son traitement à l’hôpital. Dans ce cas-là, l’esclave devenait libre à sa guérison, comme les esclaves déjà vendus à l’hôpital, et devait, comme eux, verser une offrande de remerciement à l’hôpital, correspondant à la moitié de ce qu’il gagnerait pendant les trois années à venir. Si un maître décidait de tuer l’esclave plutôt que de le soigner ou de l’envoyer à l’hôpital, il se rendait coupable de meurtre. J’allai en personne inspecter l’hôpital sur l’île et donnai à son intendant toutes les instructions nécessaires concernant les améliorations qui s’imposaient dans le domaine du logement, de l’alimentation et de l’hygiène.
    Si j’ai supprimé, comme je l’ai déjà dit, cent cinquante fêtes de Caligula du calendrier, j’ai aussi, je le reconnais, institué trois nouveaux festivals, durant chacun trois jours. Deux étaient donnés en l’honneur de mes parents. Je choisis donc de les faire débuter le jour de leur anniversaire, reportant à des dates libres deux autres festivals mineurs qui tombaient ces jours-là. Des hymnes funèbres devaient être chantées à la mémoire de mes parents et des banquets funéraires offerts à mes propres frais. Les victoires de mon père en Germanie lui avaient déjà valu l’édification d’un arc sur la voie Appienne et le titre héréditaire de Germanicus, l’un de mes noms dont j’étais le plus fier   ; mais j’estimais que son souvenir devait être également perpétué de cette façon. Ma mère s’était vue accorder d’importants honneurs par Caligula, y compris le titre d’«   Augusta   », mais lorsqu’après s’être querellé avec elle, il la contraignit au suicide, il eut la mesquinerie de les lui enlever   ; il écrivit des

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